Bachir Laouadi est un habitué du tribunal correctionnel. Malgré son jeune âge (24 ans), il a déjà été condamné à trois reprises pour violences, dont une sur sa compagne, et vol, mais il n’a jamais été mis en cause dans une affaire pénale. Accusé de tentative de meurtre par onze coups de couteau sur un homme, alors âgé de 35 ans, dans la nuit du 6 au 7 mai 2022 en centre-ville de Digne-les-Bains, sur fond de dispute entre les épouses des deux protagonistes. , ce jeune homme aux cheveux longs attachés a comparu hier devant la cour d’assises des Alpes-de-Haute-Provence. « Des coups de couteau qu’il reconnaît avoir portés »par peur», sans avoir l’intention de tuer sa victime, qui, dans un état de santé grave, a réussi à s’en sortir grâce à une intervention chirurgicale rapide à l’hôpital de la ville des basses-Alpes.
“Une enfance sereine” puis des problèmes d’addiction
Dans cette première des trois journées de procès, les débats ont été centrés autour de la personnalité de ce jeune Algérien présent dans la loge, qui a traversé la Méditerranée à l’âge de trois ans après avoir été adopté par une famille digne. “Il a eu une enfance paisible. Durant son parcours scolaire, il fut un élève discret et moyen, qui s’en sort jusqu’au baccalauréat qu’il n’obtient pas.», observe son conseiller en détention à la prison des Baumettes à Marseille, où l’accusé est actuellement détenu.
Son comportement aurait quelque peu changé à l’adolescence. “C’est lorsque son père lui annonce son adoption qu’il se rebelle.», indique la présidente Estelle de Revel, relayant le témoignage de la mère de la victime lors d’une de ses auditions. C’est à cette époque que Bachir Laouadi commence à consommer du cannabis et commet ses premiers crimes. “Dès qu’il commence à fumer, cela devient un problème», estime un expert psychiatre, appelé à détailler son rapport devant la Cour par visioconférence. Le médecin ne signale pas »pas de pathologie mentale“, mais notez les tendances”narcissique, impulsif et violent« .
Il estime cependant que quelqu’un qui rêvait de devenir scénariste de jeux vidéo lorsqu’il était enfant n’est pas particulièrement dangereux, et estime «MOYENNE« le risque de récidive, au niveau quatre sur neuf. Egalement appelé à témoigner à distance devant la Cour, un expert psychologue constate que l’accusé est «habitué aux combats” et “défier les règles», jusqu’à la détention où quatre incidents ont été signalés par les services pénitentiaires depuis le 12 mai 2022. »Je suis calme et réfléchi, assure d’un ton posé l’accusé, qui encourt une peine de trente ans de réclusion criminelle. Oui, je suis impulsif, mais seulement lorsque quelqu’un m’attaque ou attaque ma famille. Je n’initie jamais aucune action mauvaise.“
Face à lui, la victime des coups de couteau n’ose croiser le regard de celui qui aurait pu lui ôter la vie. “J’ai des cicatrices sur tout le ventre, j’ai des cicatrices dans le dos, près de mes poumons», rappelle-t-il à la barre, évoquant également dépression et anxiété. Le détail des faits sera discuté aujourd’hui dans la salle d’audience, avant le verdict attendu demain soir. L’intention de tuer ou non doit être décidée par les jurés et les magistrats.