Ces dernières années, les électeurs américains ont déclaré à plusieurs reprises aux sondeurs et aux experts qu’ils étaient furieux de l’inflation. Ils viennent pourtant d’élire un président qui provoquera probablement une flambée des prix s’il met en œuvre deux de ses principales promesses électorales : l’instauration de droits de douane généralisés et l’expulsion massive des immigrés sans statut légal permanent. J’ai déjà écrit sur cet impact possible de la politique de Donald Trump. Tout cela n’a pas changé. Mais il y a un point sur lequel je n’ai pas insisté autant que j’aurais probablement dû le faire : les effets spécifiques des risques sur les prix de l’alimentation et de l’immobilier, deux sujets qui ont été des points chauds de la campagne.
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Parce que l’économie est désormais au plein emploi, Trump, avec ses promesses d’expulsion massive d’immigrés, dégraderait la capacité de production, augmenterait les déficits et – oui – ramènerait l’inflation en force. C’est précisément ce qui se produira s’il s’en prend à une grande partie de la main d’œuvre agricole. Les immigrés représentent environ les trois quarts, et près de la moitié d’entre eux n’ont pas de statut légal permanent.
Une main d’œuvre essentielle
Les immigrants vivant illégalement dans le pays jouent également un rôle important dans la transformation des aliments. On estime par exemple qu’ils représentent 30 à 50 % des travailleurs de l’industrie de la viande. Si ces personnes sont contraintes de partir, l’industrie agroalimentaire aura probablement du mal à les remplacer. Même dans le meilleur des cas, le secteur devra proposer des salaires bien plus élevés. Et bien entendu, ces salaires se répercuteront sur les prix.
Cependant, en aval des expulsions, les effets économiques ne concernent pas seulement les prix des denrées alimentaires, mais aussi le coût du logement. Nous devons construire davantage. Problème : les immigrés sans autorisation légale représentent plus d’un cinquième de la main d’œuvre du secteur de la construction. Leur expulsion entraverait donc sérieusement les efforts visant à accroître l’offre de logements.
Pourrait-on facilement compenser la perte de ces travailleurs en les remplaçant par d’autres, nés dans le pays ? Non. Le taux d’emploi des adultes d’âge très actif nés aux États-Unis est plus élevé qu’il ne l’a jamais été pendant le premier mandat de Donald Trump. Il n’y a tout simplement pas un grand nombre d’Américains nés dans le pays, inactifs mais employables, à mettre au travail.
Imposer des contrôles de prix
En bref, si Trump impose des droits de douane élevés et poursuit ses plans de chasse aux immigrants, une partie essentielle de la main-d’œuvre sera décimée et les Américains commenceront à ressentir les conséquences de l’inflation. Mais ne vous attendez pas à ce que Trump admette qu’il a mal calculé. N’oublions pas que sa campagne a été émaillée de fausses affirmations – sur l’immigration, l’emploi, l’inflation, la criminalité et bien d’autres sujets.
L’une de ses tactiques habituelles pour rejeter les données qui montrent que ses affirmations sont fausses est d’insister sur le fait que les données ne sont pas vraies. Ainsi, le scénario le plus probable si l’inflation augmente est qu’il nie la réalité ou accuse les mauvais acteurs et tente d’ordonner une nouvelle baisse des prix. Mais si vous pensez que le président peut baisser le prix d’une douzaine d’œufs d’un simple geste de la main, j’ai une mauvaise nouvelle pour vous : le Premier ministre hongrois Viktor Orban, que Trump admire, a tenté de juguler l’inflation en imposant un contrôle des prix… Ce qui s’est avéré être un échec lamentable.
Une menace pour la démocratie
Et ne perdons pas de vue la composante humaine. La perspective que des millions de personnes venues en Amérique pour construire une vie meilleure soient arrêtées et renvoyées aux frontières est effroyable. Et la cruauté des expulsions proposées par Trump fait partie du problème.
Mais dans la mesure où il a laissé entendre que l’expulsion des immigrants sans statut légal permanent améliorerait les perspectives économiques des travailleurs et des classes moyennes américaines, c’est là un autre cas où sa rhétorique et ses calculs échouent. ne suis pas d’accord.
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En fait, l’inflation est loin d’être ma plus grande préoccupation du moment. C’est presque insignifiant comparé à la menace que Trump fait peser sur notre démocratie. L’avenir de la nation dépendra en grande partie de la réaction de ses électeurs s’ils découvrent qu’ils croyaient à tort à la capacité de Trump à gérer l’économie.
© Le New York Times 2024