Les États-Unis ont finalement accédé dimanche à la demande de longue date du président ukrainien Volodymyr Zelensky de pouvoir frapper la Russie avec des missiles à longue portée. Que signifie cette annonce pour la guerre en Ukraine, alors que les deux parties tentent de réaliser un maximum de gains avant l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche et un éventuel cessez-le-feu ?
De quoi parle-t-on et quelles pourraient en être les conséquences ?
L’autorisation américaine a été annoncée dimanche par plusieurs médias faisant appel à des sources anonymes. Ni l’administration Biden ni la présidence ukrainienne n’ont voulu confirmer la nouvelle ou fournir plus de détails afin de créer un effet de surprise.
Il s’agit de missiles américains ATACMS qui n’étaient jusqu’à présent utilisés que pour frapper l’armée russe dans les zones contrôlées par Moscou, mais pas en profondeur dans les lignes arrière russes. L’autorisation américaine permettra désormais de frapper les forces militaires russes en profondeur, jusqu’à 300 km, à la portée des missiles américains.
En frappant en profondeur, vous avez deux effets : sur les aéroports, vous empêchez les avions russes, qui lancent des missiles pour détruire les infrastructures énergétiques ukrainiennes, de décoller […]; d’un autre côté, vous pouvez frapper les sites de stockage de carburant ou de munitions russes pour réduire indirectement la capacité russe à combattre sur le front.
a expliqué le général français à la retraite Dominique Trinquand, dans une interview à l’émission D’abord les infos sur ICI RDI.
Général français à la retraite Dominique Trinquand
Photo : Radio-Canada
Les missiles ATACMS fournis par les Etats-Unis devraient dans un premier temps être utilisés dans la région frontalière russe de Koursk, où des soldats nord-coréens ont été déployés en soutien aux troupes russes, selon le New York Times.
L’autorisation américaine aura pour corollaire d’autoriser l’utilisation des missiles Scalp français et britanniques. Ombre de tempête. La France et le Royaume-Uni attendaient l’autorisation américaine, car leurs armes contenaient des composants produits aux États-Unis et ils n’avaient donc pas l’autorisation de les utiliser comme ils le souhaitaient.
dit l’ancien général Trinquand.
Lundi, l’ancien Premier ministre britannique Boris Johnson a appelé Paris et Londres à autoriser l’Ukraine à utiliser ces missiles pour cibler le territoire russe. Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a de son côté réaffirmé que l’utilisation de missiles français par les forces ukrainiennes sur le sol russe restait une option
. L’italie continue de refuser de permettre à Kyiv d’utiliser ses armes en dehors de son territoire.
Les missiles français et britanniques sont des missiles air-sol, moins faciles à utiliser car tirés depuis des avions et dépendent donc de la disponibilité des avions de combat ukrainiens.
Comment la Russie va-t-elle réagir ?
L’administration sortante à Washington entend prendre des mesures pour jeter de l’huile sur le feu et provoquer une nouvelle montée des tensions
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a réagi lundi.
Cette autorisation entraînerait une situation fondamentalement nouvelle concernant l’implication des États-Unis dans ce conflit
il a prévenu.
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Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov
Photo : (Sergueï Bobylyov/Agence photo hôte TASS/Reuters)
En septembre, Vladimir Poutine a prévenu qu’une telle mesure prise par l’Occident ne signifierait rien de moins qu’une implication directe des pays deJE PRENDRAI dans la guerre en Ukraine
.
Dans une entrevue à ICI RDI, l’ancien général Trinquand a réfuté la validité de cette affirmation. Ce n’est pas leJE PRENDRAI Il s’agit des Américains, des Français et des Britanniques qui, appliquant individuellement l’article 51 de la Charte des Nations Unies, aident un pays attaqué à se défendre.
dit-il.
À quoi s’attendre ensuite ?
Même si certains craignent une extension du conflit, voire le déclenchement d’une troisième guerre mondiale si l’Ukraine frappe profondément en territoire russe avec la bénédiction de l’Occident, le général Trinquand est moins alarmiste et surtout plus pragmatique.
Il estime que les deux camps voudront réaliser autant de progrès que possible avant l’entrée du président élu Donald Trump à la Maison Blanche le 20 janvier. Poutine perd entre 1000 et 1500 soldats par jour sur le front et doit recruter du personnel nord-coréen et même sri-lankais comme je l’ai vu sur des images il n’y a pas si longtemps.
a rappelé l’ancien général Trinquand, qui estime que l’armée russe s’essouffle
.
Poutine a intérêt à réaliser le plus de progrès possible avant le 20 janvier, en espérant un cessez-le-feu favorable à la Russie.
Pendant la campagne électorale, M. Trump a affirmé que s’il était réélu, il résoudrait le conflit entre la Russie et l’Ukraine.dans 24 heures
sans jamais expliquer comment. Le président russe Vladimir Poutine, dont les troupes avancent sur de multiples segments du front, a prévenu, de son côté, que toute discussion sur la fin des combats ne pourrait se fonder que sur la nouvelles réalités territoriales
.
Pour l’ancien Premier ministre britannique Boris Johnson, ce serait un humiliation
pour l’Occident si le président élu américain commençait son mandat en acceptant la paix pour l’Ukraine selon les conditions du président russe Vladimir Poutine.
Selon lui, l’obtention d’un accord de paix doit nécessairement s’accompagner de garanties de sécurité pour Kiev.
En interview à ICI RDIl’ex-militaire Dominique Trinquand a confié qu’il ne croyait pas que l’on assisterait dès le début à des négociations de paix, mais probablement plus comme un cessez-le-feu
.
En attendant ce scénario hypothétique, les combats continuent. Après avoir mené samedi soir la plus grande attaque depuis trois mois – 120 missiles et 90 drones lancés contre des infrastructures ukrainiennes – la Russie maintient la pression.
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Une attaque de missile russe a tué au moins 10 personnes et blessé 43 personnes, dont 4 enfants, à Odessa le 18 novembre 2024.
Photo : afp via getty images / OLEKSANDR GIMANOV
Une attaque de missile russe en plein jour lundi a fait au moins 10 morts et 43 blessés, dont 4 enfants, à Odessa, ville portuaire située au bord de la mer Noire, loin de la ligne de front, selon les autorités. Le projectile a été abattu par la défense anti-aérienne, mais ses fragments sont tombés sur une zone résidentielle.
Sept policiers, un soignant et deux habitants de cette ville figuraient parmi les personnes tuées, a indiqué le gouverneur régional, Oleg Kiper.
Avec les informations de l’Agence France-Presse et de Reuters