Parlez-nous du sang…
Qu’un soldat sentait ce sang couler de son corps mais ne le voyait pas, personne ne le voyait, le sang invisible dont il se vidait… Ce soldat s’appelait Eliron Mizrahi, qui avait combattu 186 jours à Gaza, au volant d’un bulldozer de l’armée israélienne. il a été tué en juin dernier et le Monde celui qui me raconte son histoire me dit que son ami Guy Zaken, qui était le copilote de leur bulldozer, a ensuite témoigné devant une commission parlementaire, et a déclaré qu’à Gaza, les soldats israéliens devaient écraser des Palestiniens vifs ou morts par centaines…
Le Monde ne précise pas que Guy Zaken dans son témoignage n’a pas dit “écraser les Palestiniens”, mais “terroristes”, le mot n’est pas indifférent à cet homme… Il a dit aussi, Guy Zaken, je l’ai lu sur le site de CNN , ne pouvant plus manger de viande qui lui rappelait trop ce qu’il avait vu à Gaza, utilisant le même mot, “viande”, pour décrire les corps et le sang des victimes de la guerre, “les nôtres” et les leurs”, il a ajouté…
Et je pourrais m’excuser de nous l’avoir imposé en début de semaine, alors que j’aurais pu m’amuser avec des footballeurs heureux, à la Une de l’Equipe Rabiot et à Digne de l’équipe de France qui a battu l’Italie, ou non moins belle, à la Une du Courrier Picard, les héros de Liancourt-Clermont, vainqueurs de Brétigny en Coupe de France, qui iront jouer Rouen-Quevilly au prochain tour…
Mais le football ne change rien aux guerres… E sur le site Haaretz qui est un journal gardien de la conscience israélienne et qui ne rapporte pas la victoire d’Israël contre la Belgique, je vois un adolescent fier et fier en uniforme de football appelé Naji, qui jouait comme défenseur dans son club de village en Cisjordanie, qui rêvait d’aller sur un terrain de foot en Jordanie comme son frère aîné avant lui, mais qui un jour a quitté le match pour aller jeter des pierres et les soldats israéliens l’ont tué à sa place s’est arrêté, puis a cassé le bras de son père Nidal qui voulait avancer vers le corps de son fils…
Je me demande ce que l’article de Haaretz change dans l’opinion israélienne : qu’est-ce que nous, journalistes, changeons ? Je me demande aussi ce qu’ont pensé les jeunes soldats qui ont tiré sur Naji et frappé Nidal…
Le site Le Monde répond en partie à cette question, en faisant état du suicide d’un conducteur de bulldozer et en rencontrant deux soldats israéliens, de retour de Gaza, victimes de stress post-traumatique, qui réapprennent à vivre, à libérer leur peur et leur violence, sur un ranch près de Tel Aviv, créé par un Israélien d’origine argentine, au contact des chevaux. Ils parlent d’une guerre où le danger est partout, où l’ennemi n’a pas d’uniforme et où les enfants, les enfants de Gaza, on ne sait pas s’ils ont pitié d’eux ou s’ils ont peur d’eux, et ils disent : « Nous sommes des monstres pour vous, n’est-ce pas ? « . Et le journal, et les psychologues, nous expliquent comment on peut être à la fois victime et bourreau.
Parlons aussi d’un moustique…
Un moustique mutant, remarquez, un moustique humanoïde, un enfant de la dengue (la dengue comme maladie, pas la folie), qui survit et joue à un jeu vidéo dans un bidonville deux siècles et demi après nous, en 2272, dans ce qui était l’Argentine et qui est devenu un archipel de minuscules îlots après que les eaux libérées par la fonte des glaces ont englouti Buenos Aires et la Patagonie… C’est Mediapart qui me rappelle cette aventure de science-fiction absurde et drôle empreinte d’esprit gaucho-punk, dit le journal espagnol El Païs, le gaucho n’étant pas une catégorie politique mais le chevalier mythique de la culture argentine… Le roman s’intitule « L’Enfance du Monde », traduit par Christian Bourgois, son auteur Michel Nieva, argentin résidant aux États-Unis, traducteur d’Héraclite du grec et de Faulkner du Gamelleet parfois aussi des créateurs de jeux vidéo…
Mais ce qui rend cette histoire curieuse et intrigante pour moi, c’est que Nieva accompagne son roman d’un essai, qui le suit, roman et essai dans le même volume, y voit une cohérence… L’essai s’intitule « Science-Fiction Capitaliste », dénonce Nieva. l’appropriation de son art littéraire par des milliardaires qui en tirent des arguments en faveur des technologies qu’ils ont inventées, Nieva cible Elon Musk, qui aurait trouvé en Asimov l’idée de nous faire migrer dans l’espace, et qui sur cette terre contribue à dévaster les sols pour ses véhicules électriques. Nieva veut témoigner des territoires qui disparaissent et veut suggérer d’autres utopies…
On retrouve M. Musk, cible de deux forums Libération, où deux excellents dirigeants du CNRS, le mathématicien David Chavalarias et la chercheuse en biologie Florence Debarre, nous invitent à organiser notre départ, dit Florence Debarre, un outil de travail précieux, mais ce qu’Elon Musk a asservi à ses causes et au triomphe de Donald Trump…
La traditionnelle lettre, les réouvertures, les sciences de la vie, la médecine, les doubles licences de l’université… Quant à l’argent, eh bien, pour maintenir son rang et sécuriser notamment un joli bâtiment pour les mathématiques, 200 millions de ses donateurs, du réseau de ses ex étudiants…
Et parlons enfin d’une fougère…
Une fougère d’une espèce rare trouvée au Bois Bryat à Revin, et dont on me dit qu’elle est présente dans les Ardennes, retarde les travaux d’une déchetterie espérée : il faudra déplacer la fougère pour pouvoir construire l’avenir…
Frédéric Douchet, maire de Grandvilliers dans l’Oise, pourrait-il s’inspirer de cette patience ? dont me parle le Courrier Picard qui veut déplacer le grand marché de sa ville du lundi au samedi, pour que les ouvriers puissent s’y rendre, au marché… Pas bête mais…
Mais le lundi est le jour où vient de Rouen le Marché Royal, qui vend des fruits et légumes et qui le samedi est à Elbeuf, donc il ne viendrait plus… Le lundi est le jour des personnes âgées des retraités auquel les commerçants amène la maison du basket, le marché du lundi c’est Grandvilliers même. La ville a été créée en 1212 par l’abbaye de Saint-Lucien et le marché du lundi a débuté en 1213, peut-on ainsi abolir 812 ans d’histoire ?
j’ai lu chez l’Homme de Picardie que Frédéric Douchet, donc le maire, est issu d’une dynastie politique, son oncle Arthur a été maire de Thieuloy-Saint-Antoine pendant quarante-sept ans, lui Frédéric est né à Thieuloy-Saint-Antoine mais a étudié de la maternelle au collège à Grandvilliers, puis il sillonne la Normandie et la région parisienne pour étudier et travailler, fait de la fonction publique, fonde des sociétés de conseil et revient se faire élire dans sa ville natale. l’enfance, me demande s’il y a une tentation d’entrer dans l’histoire…