l’essentiel
Ce lundi 18 novembre, des dizaines d’agriculteurs, sous la bannière JA/FDSEA, se sont rendus à la préfecture du Gers, à Auch, à bord de leurs tracteurs. Certains d’entre eux déversaient également le contenu de leurs bennes sur les ronds-points.
L’acte II est lancé dans le Gers. Des dizaines de tracteurs se sont rassemblés sur le rond-point des Justes, à Auch, dès ce lundi 18 novembre en milieu d’après-midi. Paille, pneus, feuilles : cinq agriculteurs ont déversé le contenu de leur benne au milieu du rond-point, en signe de protestation. Au loin, une fumée grise atteint les nuages.
“Nous prendrons les moyens nécessaires, dommage pour les conséquences que cela va avoir, mais il faut changer de cap, c’est urgent”, assure Guillaume Fauqué, président des Jeunes Agriculteurs (JA) du Gers. Accompagnés de la FNSEA, ils appellent les opérateurs à se mobiliser et à dénoncer l’accord de libre-échange sud-américain, Mercosur, que la Commission européenne souhaiterait signer avant la fin de l’année.
Une fois les bennes entièrement vidées, chaque opérateur regagne son tracteur, direction le rond-point de la Patte d’Oie. Les routes sont partiellement bloquées, la circulation impactée. Mais pendant plusieurs minutes, les machines sont arrêtées.
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“Quand on voit qu’ils sont prêts à importer des produits agricoles issus de productions où ils utilisent des molécules interdites dans notre pays depuis plus de 30 ans, et qu’on va être en concurrence avec ça, déjà on ne peut pas vivre de notre métier , ça nous fait vraiment chier», raconte Benoît Dupuy, opérateur à Brugnens, dans le nord du département. C’est finalement au son des klaxons et des pétards que les agriculteurs reprennent la route vers la préfecture du Gers.
L’accord du Mercosur remis en cause
Vers 17h30, les tracteurs atteignent leur destination finale. Au niveau de la place de la cathédrale, des dizaines de machines. A la porte de la préfecture, sont accrochées des dizaines de panneaux routiers municipaux « empruntés ». Avec cette nouvelle loi, les agriculteurs gersois dénoncent le retard dans la mise en œuvre de certains des 70 engagements pris l’hiver dernier par le précédent gouvernement après la mobilisation de début 2024.
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« On attend des avancées sur de nombreux points, insiste Guillaume Fauqué. Si cela n’arrive pas, nous ne fermerons aucune porte. Le but est de défendre notre agriculture, de le faire dignement sans déranger les gens, mais à un moment donné, il faudra aussi pouvoir se faire entendre.»
Dans le viseur des Jeunes Agriculteurs : l’accord du Mercosur. « Nous faisons encore une fois venir des marchandises qui ne répondent pas au cahier des charges qui nous est imposé. Ce sera encore une fois une concurrence déloyale par rapport à nos produits, avec des produits de moindre qualité, à des prix inférieurs. « Dans les périodes d’inflation comme celle que nous connaissons aujourd’hui, nous savons très bien que notre compétitivité sera mise à mal. »
“Je suis venu apporter une lettre d’opposition”
Des dizaines d’agriculteurs étaient mobilisés pour cette première journée de mobilisation. C’est le cas d’Emma et Léa, filles d’agriculteurs. « Notre père est agriculteur, il possède 150 hectares près de Fleurance, donc nous sommes là pour le soutenir et accompagner les agriculteurs. Nous sommes là aussi pour notre avenir, il y a un patrimoine en jeu », explique l’une des jeunes femmes.
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A leur chevet, le président du Département, Philippe Dupouy, venu discuter avec eux du rond-point de la Patte d’Oie. « Je suis venu apporter mon soutien, mais aussi une lettre d’opposition à l’accord du Mercosur. C’est un acte symbolique peut-être, mais c’est une lettre que j’ai adressée au président de la République pour qu’« il mette tout son poids derrière lui et fasse en sorte que cet accord soit rejeté au niveau européen, car c’est là qu’il est en jeu ».