Suite à notre appel contre l’extrême droite, vous avez été nombreux à nous poser cette question : est-il suffisant de s’opposer au vote RN ou faut-il exprimer les mêmes réticences à l’égard de La France insoumise, et donc du Nouveau Front Populaire, qui le compte dans ses rangs ? et lui donne une grande part ? Cette question est légitime et constitue un sérieux dilemme. Aussi, chacun de nous doit exercer consciemment son discernement. Essayons cependant de le clarifier.
Le danger le plus imminent est celui de l’arrivée au pouvoir du RN. Et là, sans contorsion ni hésitation, nous savons que c’est un vote contraire à l’Évangile. Le Rassemblement national cultive un sentiment de méfiance, voire de haine, envers l’autre différent, fragile, vulnérable, envers tout ce qui n’est pas pareil, tout ce qui n’est pas soi. Quant à l’accueil des étrangers, ce sont leurs conditions qu’il faut examiner, l’hospitalité restant un bien non négociable.
Cela dit, qu’en est-il du vote pour le Nouveau Front Populaire et particulièrement pour La France insoumise ? Il y a évidemment les gesticulations, le caractère bagarreur, le tumulte, les excès et, plus grave, la collusion avec des régimes peu recommandables, un fonctionnement interne qui n’est rien de moins que démocratique et des positions plus que douteuses sur le communautarisme, l’antisémitisme et la laïcité. Tout cela, à juste titre, peut nous faire hésiter. Si voter pour un candidat du Nouveau Front populaire hors LFI peut être un choix positif ou s’inscrire dans la logique du front républicain, qu’en est-il de ceux qui devront choisir entre un candidat du Rassemblement national et un candidat de la France insoumise ? ?
N’oubliez pas que le danger, c’est d’abord le RN ; la probabilité que la gauche se retrouve en situation majoritaire est faible. On peut également estimer que le poids des autres partis constitutifs du Nouveau Front populaire contrebalancera les éventuels excès de LFI. Concernant les fantasmes du programme économique, nous savons par expérience que la réalité se charge des arbitrages nécessaires. Ce n’est donc pas là que se pose la question morale car, s’il s’agit de choisir entre la ruine et la honte, rappelons que le vote RN est à la fois la ruine et la honte.
Les 30 juin et 7 juillet prochains, nous aurons chacun un bulletin de vote entre les mains et rien d’autre que notre conscience ne pourra guider notre choix.
Christine Pédotti
