Comme chaque année, Caritas fait le point sur la pauvreté en Alsace. Le bilan est resté le même ces dernières années : la précarité gagne du terrain dans la région.
Son n°1 – La pauvreté gagne toujours du terrain en Alsace selon Caritas, et touche tout le monde
Arnaud Fritsch, directeur général de la Fédération caritative Caritas Alsace
Vous venez de publier les chiffres et les résultats de votre activité pour l’année 2023. Que pouvons-nous en retenir ?
Une situation qui continue de se dégrader encore un peu. Une évolution qui devient désormais structurelle. Un chiffre à retenir : +20% d’activité pour Caritas Alsace, tous indicateurs confondus, partout en Alsace de Wissembourg à Ferrette.
Quelles sont les personnes les plus touchées, les plus en difficulté en Alsace ? Les zones urbaines sont souvent plus touchées, est-ce toujours le cas ?
Ce n’est plus le cas, sur deux aspects, d’abord sur les profils. Évidemment les femmes et les mères célibataires sont encore majoritaires mais nous voyons arriver de nouveaux profils dans nos épiceries, dans nos bureaux, dans nos différents systèmes, à savoir les étudiants précaires qui sont toujours de plus en plus nombreux, les jeunes professionnels et les travailleurs pauvres. qui effectivement, malgré une insertion sociale et professionnelle déterminée, n’arrivent plus à joindre les deux bouts. Et enfin, aussi et c’est une nouveauté, les retraités dont la part augmente également. Des retraités qui subissent, impactés par la crise énergétique, des factures énergétiques de plus en plus difficiles à payer. Voilà pour les profils et géographiquement là aussi la pauvreté ne touche plus seulement les zones urbaines (où la précarité est souvent visible) mais aussi les zones rurales et on le voit de plus en plus avec de nombreux exemples illustrés dans notre rapport. ‘activité.
Qu’est-ce qui explique cette hausse de la précarité cette année encore ?
Le contexte économique joue un grand rôle car il fragilise les personnes qui ont déjà été en difficulté, c’est le premier point. Mais on constate aussi une difficulté d’accès à l’emploi. Nous avons un taux de chômage qui reste aujourd’hui faible, donc les chômeurs aujourd’hui sont des gens qui sont parfois très loin de l’emploi et donc plus difficiles à réinsérer professionnellement et donc il y a une combinaison de facteurs qui permet de constater ce chiffre dramatique de +20%.
Vous êtes présents dans toute l’Alsace et même en Alsace Bossue près de Sarre-Union et Oermingen à la prison. Combien de familles avez-vous pu soutenir et aider en 2023 ?
Sur l’ensemble du territoire alsacien il y a 13 000 foyers ce qui représente environ 30 000 personnes grâce à un réseau de 2000 bénévoles répartis en une centaine d’équipes dans toute l’Alsace et notamment, nous sommes très présents en Alsace Bossue. A la prison d’Oermingen mais aussi dans toutes les maisons d’arrêt d’Alsace à travers notre maison pénitentiaire qui travaille sur l’accompagnement des détenus en fin de peine, l’accompagnement des familles, les vestiaires solidaires, nous avons donc une pluralité de missions, évidemment l’aide alimentaire, l’habillement classique aide mais aussi un centre pénitentiaire, aide aux devoirs, aide aux vacances solidaires, on a vraiment beaucoup d’activités et de nouvelles activités qui se développent en lien avec cette précarité accrue, notamment des descentes dans les villes et des mesures pour les étudiants précaires à Strasbourg et Mulhouse .
Du côté des bénévoles, combien êtes-vous ? Est-ce suffisant pour répondre à la demande ?
C’est vrai qu’aujourd’hui nous avons la chance d’avoir un réseau de 2000 bénévoles répartis dans toute l’Alsace. Mais non, il n’y a jamais assez de bénévoles, jamais assez de force vive et donc c’est aussi l’appel à la solidarité de fin d’année car nos actions aujourd’hui sont possibles grâce à nos bénévoles, grâce à nos donateurs aussi et ce que nous voulions aussi. donner comme message de fin d’année est néanmoins un message d’espoir en illustrant et en disant que le rebond est possible et que cette main tendue que Caritas peut apporter mais que d’autres associations peuvent aussi apporter permet d’obtenir des résultats et permet aux gens de se débrouiller.