Une étude dévoilée ce jeudi par France Stratégie s’intéresse pour la première fois aux effets territoriaux du travail à distance.
Il apparaît notamment que l’exode urbain n’a pas eu lieu, la pandémie ayant simplement accéléré une tendance déjà constatée.
Outre le lieu de résidence, cet impact s’observe principalement sur les transports, les logements et les bureaux des entreprises.
Créativité, absentéisme, augmentations et promotions de salaires, répartition des tâches domestiques… si les études sur les effets du télétravail se multiplient depuis la crise du Covid-19, une enquête publiée par Stratégie France, officiellement le « Commissariat général à la stratégie et à la prospective », aborde ce jeudi 14 novembre les dessous du travail à distance sous un nouveau prisme : celui des impacts territoriaux.
Il semble que le télétravail « produit des effets diffus sur les territoires, avec une accentuation modeste des tendances en cours, difficiles à mesurer, qui limitent son exploitation comme levier des politiques publiques. » De manière plus détaillée, cet impact s’observe principalement sur les transports, le logement et les bureaux d’entreprises, indique le groupe de réflexion rattaché aux services du Premier ministre.
RER, TER, avion… quel impact sur les transports ?
« En Île-de-France, le télétravail n’a pas réduit le trafic routier, mais il a entraîné une réduction de la fréquentation des transports en commun aux heures de pointe. » peut-on lire sur le site de Stratégie France , qui souligne que“entre 2019 et 2023, ces derniers ont vu leur activité baisser de 15%”, notamment le RER. Autrement dit, les personnes interrogées ont réduit leur usage des transports en commun pour leurs déplacements domicile-travail, mais n’ont pas réduit leur usage de la voiture pour les autres déplacements quotidiens. Et pour détailler : « Sur le plan environnemental, même si cela permet de réduire le nombre de trajets domicile-travail, cela peut augmenter les déplacements pour d’autres raisons. Les télétravailleurs habitent nettement plus loin de leur lieu de travail (28 km en moyenne) que des autres actifs (14 km).
“Des tendances similaires sont observées dans d’autres grandes métropoles comme Lyon, avec une baisse du trafic automobile à Rennes ou à Toulouse”, alors que « le recours aux TER a fortement augmenté même si cette augmentation ne peut être imputée au seul télétravail », continue Stratégie France.
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L’impact du télétravail s’observe également sur le transport aérien. L’enquête mentionne notamment « la nette réduction des navettes aériennes Paris-Toulouse passant de 3 à 2 millions de navetteurs par an entre 2019 et 2023 ». Les auteurs de l’étude attribuent principalement cet effet sur l’air à un « effet de visioconférence ».
Quel impact sur le logement ?
Selon les auteurs, la pandémie de Covid a accéléré la tendance, déjà constatée, de départs des grands centres urbains, à commencer par la capitale, vers des villes plus petites et des couronnes périurbaines de plus en plus éloignées. “La hausse des départs d’Île-de-France s’explique en partie par les possibilités offertes par le télétravail, mais l’effet de ce dernier sur la mobilité résidentielle reste difficile à mesurer”, c’est cependant précisé.
Le télétravail renforce également la demande sur le marché du logement, notamment dans les zones touristiques ou les zones bien dotées en équipements urbains, révèle encore cette étude. “Dans les zones à forte intensité touristique, le télétravail contribue à l’engouement pour les résidences secondaires et pour la location à court terme d’une partie du parc immobilier, ce qui conduit à l’éviction des riverains”, on peut ainsi lire.
Quel impact pour les bureaux d’entreprise ?
Dans les plus grandes métropoles, le télétravail favorise « une réduction, même partielle, des surfaces de bureaux utilisées, permettant aux entreprises de se relocaliser vers des sites centraux ou de réorganiser qualitativement les espaces de travail », note supplémentaire Stratégie France. « En Île-de-France, le secteur de l’immobilier de bureaux est en crise avec une baisse de la demande placée de 17 % en 2023, soit un niveau 12 % en dessous de la moyenne décennale, une baisse en un an de 23 % de la demande placée. le prix moyen au second semestre 2024 et une hausse continue de la vacance (7,9% du parc existant, soit 4,7 millions de mètres carrés vides en 2023) »détaille la note d’analyse, en soulignant que “Dans une moindre mesure, on observe une situation similaire dans les métropoles de Lyon et Lille.”
« On observe ainsi une tendance à la délocalisation des bureaux vers les centres-villes au détriment des périphéries qui, lorsqu’elles sont dépourvues de commodités (transports, services, commerces), connaissent des taux de vacance tertiaire élevés sans perspective de réutilisation rapide disponible. surfaces”, conclut Stratégie Franceprécisant que « Ces développements présentent également un risque d’expulsion des logements situés dans les quartiers centraux ou les mieux connectés. »