« L’État doit être gentil avec les petites entreprises, dur avec les grandes » – .

« L’État doit être gentil avec les petites entreprises, dur avec les grandes » – .
« L’État doit être gentil avec les petites entreprises, dur avec les grandes » – .

Le JDD. Comment votre expérience politique vous aide-t-elle dans votre vie d’entrepreneur ?

Arnaud Montebourg. J’étais à la tête du premier ministère souverainiste, c’était clivant à l’époque. C’était il y a dix ans, mais les gens s’en souviennent. Il y a ceux qui m’aiment, ceux qui ne m’aiment pas, mais, en même temps, tout le monde reconnaît que, partout en France, je suis chez moi. Les affaires rassemblent les gens. La politique les divise.

L’entreprise, c’est des destins individuels qui se rassemblent autour d’un projet dans lequel chacun trouve sa place. C’est ce que je fais aujourd’hui : je monte des équipes, des « équipes made in France ».

« Je ne suis pas libéral. Je suis souverainiste »

Êtes-vous converti au libéralisme ?

Je ne suis pas libéral. Je suis souverainiste. Je défends la coexistence pacifique entre l’intérêt général, l’intérêt de la nation et la liberté d’entreprise. Il faut produire mais ne pas tout laisser arriver. Je reste favorable à l’intervention de l’État. Il doit être gentil avec les petites boîtes et dur avec les grandes. Ce n’est donc pas libéral en haut et c’est libéral en bas.

Le reste après cette annonce

Prenez le débat sur la multiplication des normes, les interdictions multiples, la bureaucratisation : un maire qui veut nettoyer un fossé est obligé de demander une autorisation. Tout est devenu soumis à autorisation. Il n’y a qu’une seule chose à faire : supprimer tous les régimes restrictifs et les remplacer par des régimes déclaratifs. Ça change tout parce que ça veut dire qu’on fait confiance aux gens. Il existe aujourd’hui 1 000 régimes d’autorisation dans tous les secteurs : environnement, agriculture, industrie, logement, bâtiment… C’est l’enfer ! Le pays est bloqué.

Vous avez prononcé le mot ennuyeux : « souveraineté ». Concrètement, quels sont les enjeux de souveraineté pour les PME ?

La priorité est la question de la réorientation des financements vers « la petite économie ». Le taux d’épargne français est l’un des plus élevés au monde, en gros nous en avons plus de 3 000 milliards qui dorment ou qui ne sont pas utilisés par les banques pour convertir l’épargne en investissement dans les PME, ni par les compagnies d’assurance qui ont encore la manne de l’impôt. -une assurance vie gratuite. En gros, 95 % de l’épargne des Français est consacrée à l’immobilier. Nous avons besoin de cet argent pour investir dans l’économie productive, l’agriculture, l’industrie ; 4% vont aux sociétés cotées, il ne reste donc que 1% aux « petites ».

Ensuite, il faut lancer une réforme bancaire. Regardez ce qui se passe en Allemagne et en Italie : ces deux pays ont conservé leur tissu de PME, ne se sont pas désindustrialisés. Pour quoi ? Parce que les banques sont entrées dans le capital des entreprises, ce qui n’est pas le cas en France. C’est un réseau bancaire de proximité proche des entreprises qui finance leur développement. Les banques sont « sous » les intérêts des PME. En France, les intérêts des banques priment sur ceux des PME.

Dans le même temps, Emmanuel Macron, depuis sept ans, a réduit les coûts des entreprises, flexibilisé le marché du travail, cela a aussi profité aux TPE et PME…

Je ne poserais pas le diagnostic en ces termes. Je dirais que le résultat de dix années de start-up nations, c’est que toutes les start-up ont crashé ou ont été rachetées par des pays qui ont soit des idées, soit des surplus, et se comportent comme des prédateurs : les Chinois, les Allemands ou les Américains. Nous avons construit la start-up nation pour les autres.

Deuxièmement, avons-nous inversé l’état de dépendance économique de notre pays ? Non, nous avons aggravé les choses. Je rappelle que dans une célèbre note de François Bayrou, le Haut-Commissaire au Plan constate en substance que notre économie présente les caractéristiques d’un pays en développement. Hormis l’Île-de-France et la région PACA, toutes les régions de France ont un revenu par habitant inférieur à la moyenne européenne.

« L’appauvrissement du pays est en marche »

De plus, lorsque vous parcourez nos régions, vous traversez des villes et des villages où fleurissent les enseignes « à vendre » et « à louer ». La paupérisation du pays est en marche. En dix ans, nous avons perdu 20 % de la richesse créée par les États-Unis. En cumulant tous ces obstacles, nous sommes dans une situation de pays « tenu » : détenu par d’autres, mais maintenu enfermé.

Dans ce contexte, comment développer des filières « made in France » rentables ?

J’ai demandé une étude au groupe d’experts Demeter, spécialiste des métiers agricoles. Je leur ai demandé de dresser une liste des dix produits phares que consomment les Français. Parmi eux se trouvent les amandes, les fruits secs, l’huile d’olive, les kiwis, les framboises. Sur ces dix produits, nous avons un déficit commercial de 6,5 milliards.

Si on recommençait à en produire en France, dans une proportion raisonnable, on retrouverait une balance commerciale agricole excédentaire. Pour y parvenir, 9 milliards d’investissements sont nécessaires. Nous l’avons fait avec l’entreprise d’amandiers en garantissant aux agriculteurs un revenu décent.

Quelles difficultés avez-vous rencontrées pour relancer ce secteur ?

Des problèmes essentiellement techniques parfaitement surmontables. Nous avons donné des parts à l’INRA dans notre société pour que leur unité de recherche sur l’amandier puisse travailler avec nous. Nous avons financé tout un programme de recherche sur le biocontrôle pour lutter naturellement contre les ravageurs des fruits, sans produits agrochimiques. Et nous disposons désormais de la molécule dont nous partageons le brevet avec l’INRA.

On a alors récolté 15 millions, on a planté 250 hectares, 250 en cours, soit plus de 1.000 amandiers : c’est le plus grand verger de France qui a poussé en six ans. Et nous vendons nos amandes à Carrefour, Leclerc, L’Occitane en Provence, aux nougiers confiseurs de Montélimar.

Que doit faire l’État pour vous aider ?

Lutte contre la concurrence étrangère qui importe massivement des produits de mauvaise qualité. Je l’ai fait pour le miel. Je suis allé voir le gouvernement avec tout le secteur. Je leur ai dit : « Qu’attendez-vous pour bloquer le miel chinois qui nous détruit alors que nous ne pouvons même pas exporter vers la Chine ? » Ils ont dit : ” Nous le ferons ! » Nous attendons encore.

Vous avez récemment investi dans le nucléaire. Dans ce secteur, y a-t-il aussi un espace pour entreprendre et améliorer notre souveraineté ?

On assiste aujourd’hui à un renouveau du nucléaire, non seulement en France, mais en Europe et dans le monde. Il y a plus d’une centaine de centrales électriques en construction dans le monde. La France peut, si elle parvient à se remettre sur les rails dans ce secteur, redevenir un leader mondial. C’est pourquoi j’ai créé, avec mon associé, Alfeor, un équipementier nucléaire de premier plan, capable de regrouper toutes les PME compétentes : forge, fonderie, usinage de haute précision, chaudronnerie, mécano-soudure, tubulure, robinetterie, etc.

Cela nous permet de maîtriser l’ensemble du secteur et de répondre aux nouvelles commandes publiques européennes, nationales et internationales. De nouvelles acquisitions, 30 millions de chiffre d’affaires et 200 recrutements sont annoncés, avec un objectif de 100 millions de chiffre d’affaires l’année prochaine.

 
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