A la COP29 à Bakou, près de 1 800 lobbyistes du pétrole et du gaz participent aux débats – Libération

A la COP29 à Bakou, près de 1 800 lobbyistes du pétrole et du gaz participent aux débats – Libération
A la COP29 à Bakou, près de 1 800 lobbyistes du pétrole et du gaz participent aux débats – Libération

Venus en masse en Azerbaïdjan, les porte-parole de l’industrie des combustibles fossiles tentent d’influencer l’ordre du jour des négociations du sommet de l’ONU sur le climat. Ces VRP sont plus nombreux que les délégués des dix nations les plus vulnérables au réchauffement.

Ce chiffre n’est pas un record mais il figure parmi les leaders. Quelque 1 800 lobbyistes des énergies fossiles se sont déplacés pour peser sur les négociations sur le climat lors de la COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan. Alors que le sommet de l’ONU se tient cette année encore dans un pays producteur de pétrole, la coalition d’ONG de défense de l’environnement Kick Big Polluters Out constate que ces représentants commerciaux du pétrole et du gaz ont reçu plus de laissez-passer pour le sommet climatique que l’ensemble des délégués des dix nations les plus vulnérables au réchauffement climatique réunies, soit un peu plus de 1 000 personnes. « Ce qui montre à quel point la présence de l’industrie éclipse celle de ceux qui sont en première ligne de la crise climatique »signaler les associations.

« Comme un serpent venimeux autour de l’avenir de notre planète »

Ce vendredi 15 novembre, les 53 000 participants à la COP29 ont été accueillis par un serpent géant de feu et de flammes brandi par des manifestants appelant à l’exclusion des grands pollueurs. « L’emprise du lobby des énergies fossiles sur les négociations climatiques est comme un serpent venimeux qui s’enroule autour de l’avenir même de notre planète.» a photographié Nnimmo Bassey, membre de la Mother Earth Health Foundation. Nous devons prendre des mesures décisives pour supprimer leur influence et leur faire payer pour leurs crimes contre notre planète. »

Chaque année, cette présence indésirable suscite la polémique, les associations dénonçant “incendiaires” que nous inviterions pour éteindre le feu ou les marchands d’armes invités aux pourparlers de paix. En 2023, lors de la COP28 à Dubaï, il y avait plus de 2 400 représentants d’intérêts alors qu’il n’y en avait « que » 600 à Charm el-Cheikh en 2022 et 500 à Glasgow en 2021. « Il est regrettable que le secteur des énergies fossiles et les pétro-États aient pris le contrôle du processus de CO à un niveau qui n’est pas sain »a jugé l’ancien vice-président américain Al Gore, qui n’a pas manqué de pointer du doigt les émissions de gaz à effet de serre de l’Azerbaïdjan, l’un des berceaux de l’extraction pétrolière moderne.

Selon la coalition Kick Big Polluters Out, les lobbyistes des énergies fossiles sont plus nombreux «la délégation de presque tous les pays»à l’exception de ceux de l’Azerbaïdjan (2 229 personnes), du Brésil (1 914), futur pays hôte de la COP30, et de la Turquie (1 862). Parmi les délégations nationales, le Japon faisait venir le géant charbonnier Sumitomo et le Canada les producteurs de pétrole Suncor et Tourmaline. Ensemble, les majors occidentales Chevron, ExxonMobil, BP, Shell et Eni ont réuni « 39 lobbyistes ». Depuis la COP28, de nouvelles règles de l’ONU facilitent le suivi de leur présence, les participants devant déclarer des informations sur leur employeur et leurs relations financières avec l’entité demandant leur accréditation.

Les ONG incluent dans leur décompte des personnes liées à des entreprises dont l’activité principale n’est pas les énergies fossiles, comme EDF ou le champion danois des énergies renouvelables Orsted. De quoi relativiser quelque peu le nombre exact de personnes affiliées aux hydrocarbures présentes à Bakou. Selon Mediapart, il s’agit « au moins 196 représentants directs de géants mondiaux » de ces carburants qui ont été accrédités pour le sommet. Inversement, “D’autres industries polluantes profondément impliquées dans la crise climatique, comme la finance, l’agroalimentaire et les transports, sont également présentes”, mais n’ont pas été pris en compte dans l’analyse des ONG.

“Oui, nous faisons partie du problème”

Côté français, le PDG de la major TotalEnergies, Patrick Pouyanné, a tenu à faire le déplacement, comme de nombreux autres patrons et consultants du monde des fossiles. Ils se présentent tous comme des partenaires incontournables de la transition énergétique, même si Total affirme clairement sa volonté de le faire. “grandir [sa] production de pétrole et de gaz »d’ici 2030.

Venu passer la journée à la COP29, Patrick Pouyanné a donc défendu les actions de son entreprise et du secteur vendredi 15 novembre. “Oui, nous faisons partie du problème” climatique, mais “on est dans une logique de progrès continu”même “si on n’allait jamais assez vite” aux yeux de la société, a-t-il déclaré lors d’un échange sur le pavillon azerbaïdjanais avec Rovshan Najaf, président de la compagnie pétrolière nationale Socar, et Fred Krupp, président de l’Environmental Defence Fund, une ONG américaine. Le PDG français a décrit «signal important» l’accord conclu l’année dernière lors de la COP28 à Dubaï, qui reconnaissait que le monde devait mener une action “transition” loin des combustibles fossiles. Mais “il ne faut pas croire que dans six mois, un an, tout cela va s’arrêter”» a-t-il déclaré, rappelant que la demande européenne de gaz a récemment augmenté. “Je sais que l’urgence est là, j’en suis conscient”a-t-il admis, arguant que tout cela prend “un peu de temps”.

 
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