Le président de la région espagnole de Valence a longuement justifié vendredi son action lors des inondations meurtrières du 29 octobre, en admettant des « erreurs », sans épargner le gouvernement central de Pedro Sánchez.
“Je ne vais pas nier (qu’il y a eu) des erreurs”, a déclaré Carlos Mazón, membre du Parti populaire (PP, droite conservatrice), lors d’un discours de près de deux heures et demie au parlement régional de Valence (est). ), devant lequel une centaine de manifestants ont réclamé sa démission – une solution qu’il a rejetée – aux cris de « Menteur » et « Assassin ».
“En tant que président de la +Generalitat+ (gouvernement régional), je veux m’excuser” auprès des personnes qui avaient “le sentiment que l’aide n’arrivait pas ou n’était pas suffisante”, a déclaré Carlos Mazón lors de ce discours destiné à rendre compte de sa réaction. à cette crise sans précédent, dont le bilan provisoire était de 224 morts vendredi, dont 216 dans la seule région de Valence.
©AFP Des hommes en combinaison de protection marchent dans une rue couverte de boue après une inondation, à Paiporta (est de l’Espagne), le 13 novembre 2024. |
“Je ne vais éluder aucune responsabilité”, a assuré M. Mazón, critiquant de manière voilée le gouvernement de Pedro Sánchez en fustigeant “ceux qui se cachent derrière des interprétations sur les pouvoirs réglementaires et les petits caractères des réglementations et des lois pour ne pas se tromper eux-mêmes”. -critique.
« Un avant et un après »
Depuis les inondations du 29 octobre, la réaction de M. Mazón et de son administration régionale, tant dans la gestion de l’alerte que dans celle des secours, a été critiquée par de nombreuses victimes. 130 000 personnes ont défilé samedi dernier à Valence pour critiquer les autorités, en particulier M. Mazón.
En Espagne, pays très décentralisé, la gestion des catastrophes relève des administrations régionales, mais le gouvernement central, chargé de lancer les alertes via l’Aemet (l’agence météorologique nationale), peut fournir des ressources et prendre ses responsabilités. main dans les cas extrêmes.
©AFP La police monte la garde près d’une femme portant une pancarte insultant le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez et exigeant sa démission, devant le parlement régional de Valence (Espagne), le 15 novembre 2024. |
M. Mazón a été agressé par une foule de manifestants dans la ville de Paiporta, près de Valence, le 3 novembre, lors d’une visite très tendue du roi Felipe VI et de la reine Letizia, aux côtés du premier ministre socialiste Pedro Sanchez.
Le président régional a commencé son discours vendredi en rappelant qu’il s’agissait des « pires inondations que l’Espagne ait subies depuis 1962 », laissant entendre que personne ne pouvait prédire une catastrophe d’une telle importance : « Il y aura un avant et un après dans nos vies et rien. sera toujours le même.
©AFP/Archives Le président de la Région de Valencia (Espagne), Carlos Mazon, arrive à une réunion de crise du gouvernement régional le 31 octobre 2024 à L’Eliana (Espagne) |
Ce n’est qu’après 20 heures, soit plus de 12 heures après la première alerte rouge émise par l’agence météorologique Aemet, que les services de l’administration locale ont envoyé un message sur les téléphones portables des habitants leur demandant de rester chez eux ou d’y retourner sans délai en raison de la situation sanitaire. risque d’inondation.
Mais à ce moment-là, de nombreuses communautés étaient déjà inondées et des centaines de personnes se retrouvaient bloquées sur les routes dans leurs véhicules. Beaucoup n’ont pas pu être sauvés.
Faisant référence à cette alerte rouge d’Aemet, M. Mazón a clairement minimisé son importance, affirmant que ce type d’alerte s’était produit « 36 fois au cours des 10 dernières années sans qu’aucune d’entre elles ne soit suivie d’inondations soudaines comme celles du mois dernier.
“Défauts”
“Beaucoup de ces alertes n’ont même pas donné lieu à des inondations notables”, a-t-il ajouté, déplorant en outre des informations “fragmentées, inexactes et tardives” le jour de la catastrophe et pointant du doigt notamment une agence dépendante du gouvernement central et chargée de surveiller le débit du Jucar, une rivière locale.
“Nos systèmes de détection et d’alerte ont des failles”, a également critiqué le chef de l’exécutif régional, pointant du doigt cet organisme qui, selon lui, a cessé de fournir des informations pendant deux heures alors que les inondations s’aggravaient.
©AFP Une personne brandit une pancarte avec l’inscription « 20h12 trop tard ! Mazon en prison », lors d’une manifestation réclamant la démission du président régional Carlos Mazon devant le parlement régional de Valence (Espagne), le 15 novembre 2024. |
Il a souligné que le groupe parlementaire de son parti avait demandé la création d’une commission d’enquête auprès du parlement régional.
Cette comparution devant le parlement régional, qui a lieu à la fois à sa demande et à celle de l’opposition, était initialement prévue jeudi, mais a été reportée en raison d’une nouvelle alerte rouge aux fortes pluies émise mercredi soir par Aemet.