Par
Maxime Turberville
Publié le
15 novembre 2024 à 12h40
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L’émotion est encore vive. « Chaque 16 novembre, j’y pense, parce que c’était traumatisant », confie Jacqueline Durand, les yeux humides.
Il y a 50 ans, en 1974La maison de Jacqueline a été retrouvée inondé à Vitré (Ille-et-Vilaine). Il est situé au 6 rue Pasteur, à proximité du lavoir et donc de la Vilaine.
Dans son cocon familial, où elle vit avec son mari et son très jeune fils, Jacqueline – alors enceinte – se souvient encore de ces heures marquantes.
“Il y avait beaucoup de boue”
« Il avait beaucoup plu les jours précédents et il n’y avait pas encore de barrage à ce moment-là », explique Jacqueline. La Vilaine gonfle d’heure en heure et la rue Pasteur se retrouve rapidement menacée d’inondation.
« La veille au soir, vendredi 15, mon mari regardait souvent dans la cave. Les agents de la ville sont passés et nous ont dit que ce serait bien de retirer tout ce qu’on avait dans notre cave », se souvient La Vitréenne, alors âgée de 27 ans.
Avec son mari, ils remettent leurs affaires en ordre. « J’étais enceinte de ma fille et j’ai accouché quatre jours plus tard. Tout le monde me disait de ne pas rester là-bas, mais je voulais rester à la maison », sourit aujourd’hui Jacqueline.
En pleine nuit – « à quatre heures du matin » – les jeunes mariés et leur fils sont alerté par des sirènes.
Nous sommes descendus et nous avons pu voir que la rivière montait. Vers 8 heures du matin, notre terrasse arrière a été inondée.
Le couple a ensuite posé les meubles de la cuisine ou du salon sur des parpaings en béton pour sauver ce qui pouvait l’être. « Mais la montée des eaux était impressionnante. » Jusqu’à 50 centimètres seront élevés dans leur maison entièrement rénovée. « Nous sommes restés à l’étage toute la journée. »
Face au risque, les jeunes parents décident de rejoindre la famille à Argentré-du-Plessis le soir. « Je ne me souviens pas si nous sommes sortis en bateau ou non, mais nous avons dû tout laisser ouvert. »
Ils finiront par rentrer chez eux. « L’eau commençait à revenir, mais il y avait beaucoup de boue. Nous avons passé la journée suivante à nettoyer au jet d’eau. Les gens sont venus nous aider. »
René Crinon, le maire de l’époque, viendra les voir pour prendre des nouvelles.
J’ai accouché quelques jours plus tard, mais quand je suis revenue avec le bébé, les murs étaient encore très humides. C’était une période très difficile.
“Nous avions peur”
Dans les semaines et les mois qui suivent les inondations, l’heure est aux questions aux riverains. Comment cette partie de la ville s’est-elle retrouvée sous les eaux ?
« Mon mari, qui avait un salon de coiffure au rez-de-chaussée, était à la tête de l’association des commerçants et artisans de la rue Pasteur. Ils ont poussé à la construction du barrage. Nous sommes allés à presque toutes les séances du conseil municipal», se souvient cet ancien conseiller municipal de 1995 à 2008.
Malgré la construction du barrage, elle et son mari restent sur leurs gardes. « Nous avions peur quand il pleuvait beaucoup. Mon mari, plus traumatisé que moi, est parti un soir voir le niveau du barrage. »
Des barrages que le couple visitait régulièrement pendant plusieurs années avant de quitter leur domicile.
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