« J’espère voir le club dans 2,3 ou 4 ans en Coupe d’Europe »

Journaliste sportive et figure incontournable de Bein Sports depuis de nombreuses années, Margot Dumont a vécu de l’intérieur la montée de l’ASSE en Ligue 1. Des moments gravés à jamais pour celui qui accompagne Clément Grèzes et Robert Malm sur le terrain. Entretien.

Vous avez suivi le parcours de l’ASSE tout au long de ces derniers mois sur Bein Sports. Comment définiriez-vous cette folle saison ?

En fait, je dirais qu’il y a eu plusieurs saisons en une. Vous avez mal commencé, avant de réaliser une grosse série et enfin de vous replonger. Puis le mercato est arrivé et a changé beaucoup de choses. Jusqu’à cette fin de saison et l’issue que l’on connaît.

L’ASSE était au plus mal après la défaite à Dunkerque en février dernier. A cette époque, pensiez-vous qu’il était possible de se remettre sur les rails et de rejoindre le combat ?

Oui, je l’ai cru. Mais encore une fois, c’est le mercato hivernal qui m’a fait dire qu’il y aurait sûrement de quoi jouer. Quand on prend Cardo ou Mbuku, qui ont un peu d’expérience à l’étranger et ont été sous le feu des projecteurs en Ligue 1 par le passé, on peut forcément espérer. Je me suis dit que s’ils arrivaient à s’intégrer rapidement, tout serait possible. Sans oublier l’arrivée d’Olivier Dall’Oglio, qui est un grand entraîneur et en qui j’avais beaucoup d’espoir. Même si je pensais aussi que Lolo Batlles avait fait un excellent travail.

Avez-vous remarqué des changements de mentalité ou d’état d’esprit entre le début de la saison et la période faste du printemps ?

C’est un peu inhabituel, car on ne peut pas dire que les joueurs n’étaient pas concernés en début de saison. Je pense surtout qu’il y a eu une vraie prise de conscience. Certains leaders ont émergé, je pense par exemple à Flo Tardieu qui s’est révélé et a beaucoup aidé le groupe. À un moment donné, avec les recrues et l’arrivée du nouveau staff, je pense que les gars ont compris qu’ils pouvaient faire quelque chose.

L’éclatante victoire contre les Girondins en est un parfait symbole. Avez-vous été, comme les supporters des Verts, marqués par cette rencontre ?

Oui bien sûr. C’était complètement fou. Je pense aussi que la victoire contre Troyes a été un tournant important (5-0 le 12 février), car elle a donné beaucoup de confiance au groupe. Derrière, tu as réussi à enchaîner dans les grands matches en s’imposant à Angers ou encore contre Auxerre. Mais force est de constater que ce succès contre Bordeaux était hyper important. Et après en avoir parlé à plusieurs joueurs, c’est là que les gars se sont dit que rien n’était impossible et que ce groupe était capable de tout. On parle parfois de tournant dans une saison et je pense que ce match en faisait clairement partie.

Vous avez beaucoup insisté auprès de Robert Malm et Clément Grèzes sur l’incroyable engouement des stéphanois ces derniers mois. Vous qui avez été au cœur de cette aventure, comment avez-vous vécu tout cela ?

C’était fou. Que l’on soit allé à Sainté ou dans tous les autres stades à l’extérieur, il y avait du vert absolument partout dans les tribunes. Je n’avais jamais vu ça en Ligue 2. Surtout en fin de saison, où la ferveur populaire était complètement folle. Sur ces trois derniers mois, c’était vraiment impressionnant d’aller chez Geoffroy Guichard. Et pourtant, j’ai joué dans plusieurs stades mythiques en Europe. Je pense à Besiktas ou encore à Dortmund, où les ambiances sont exceptionnelles. Mais le Chaudron n’a rien à envier à ces stades-là. Je suis peut-être lyonnais, mais je dois avouer que pour moi, le public stéphanois est le meilleur de France.

Une histoire épique comme celle-ci marquera-t-elle votre carrière de journaliste sportif ?

Évidemment. Vivre la montée de l’ASSE en Ligue 1 tout en ayant la chance de la vivre de près, c’est exceptionnel. Et pour être très honnête, ce sont effectivement des moments qui resteront dans ma carrière. Un peu comme ceux que j’avais déjà vécus lors de la montée de Toulouse il y a quelques années, où il y avait un super groupe et une vraie belle ambiance autour du club. Mais c’est vrai qu’avec Sainté, tout était encore plus fort. Surtout pour moi qui suis originaire de la région. Même si je suis avant tout Lyonnais, je n’oublie pas que nous sommes voisins. C’est vraiment génial d’avoir pu vivre cette expérience de l’intérieur et de la partager avec les téléspectateurs.

Vous avez même réussi à éviter de passer sous la douche à Metz, même si Anthony Briançon aurait aimé vous y plonger !

En fait, personne n’y est allé, donc l’opportunité ne s’est pas présentée (rires). C’est effectivement un peu étrange car dans le vestiaire, j’ai retrouvé une équipe qui avait du mal à vraiment réaliser ce qu’elle venait d’accomplir. Il y avait une certaine forme de retenue. Mais je pense que cela s’explique aussi par le fait que les gars avaient tout donné et étaient complètement épuisés physiquement et mentalement. J’en ai également discuté avec plusieurs d’entre eux, qui m’ont dit qu’il fallait que la pression et l’adrénaline baissent pour qu’ils commencent vraiment à prendre conscience.

Un dernier mot sur l’avenir du club. Comment voyez-vous l’avenir de l’ASSE avec cette montée en puissance et ce changement de propriétaire ?

Je me sens plutôt positif à ce sujet. Les nouveaux propriétaires ne sont pas étrangers au football, bien au contraire. Ils ont une longue expérience, notamment en Angleterre, à Arsenal. Ce qui se passe est très significatif d’un point de vue structurel. Je ne sais pas encore quelles ressources financières seront fournies, mais je suis plutôt optimiste. Le staff a été confirmé, de nouveaux joueurs vont arriver. Tout cela me porte à croire que l’ASSE est entre de bonnes mains. J’espère revoir le club dans deux, trois ou quatre ans en Coupe d’Europe.

Commentaires recueillis par Bérenger Tournier (@BeTournier)

Crédit photo : Baptiste Boutreux

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Le meilleur jeune berger du monde est français et n’a que 18 ans
NEXT « La prière des pauvres monte vers Dieu » – ZENIT – .