A deux jours du référendum constitutionnel prévu samedi 16 novembre 2024, la campagne bat son plein au Gabon : à Lambaréné comme à Libreville, les pancartes du +oui+ dominent l’espace public, tandis que les opposants à la nouvelle loi fondamentale élaborée par le Gouvernement de transition se manifestent. peine à se faire entendre.
« Je vais voter « oui » parce qu’il faut aller de l’avant. Cette Constitution donne des instructions aux générations futures pour que nous avancions», affirme fièrement Bernard Mambenda, retraité, à l’ombre d’un arrêt de bus à Lambaréné, à 4 heures de route de la capitale. Ce référendum est une étape clé dans le retour à un régime civil promis par les militaires après leur coup d’État fin août 2023.
Le nouvel homme fort du pays, le général Brice Oligui Nguema, a promis de revenir au pouvoir au terme d’une période de transition de deux ans, mais il ne cache pas son intention de remporter l’élection présidentielle prévue en août 2025. Les premières affiches appelant à voter + Des Yes+ ont été affichés partout au lendemain du premier anniversaire du coup d’État, marqué par la mise en lumière de l’action du nouveau pouvoir et de son leader. Depuis le lancement officiel de la campagne, il y a huit jours, de nombreuses personnes ont porté des t-shirts et des casquettes « Votons oui pour l’avenir du Gabon », massivement distribués par les partisans du +Oui+.
« Le +Oui+ est partout dans la ville. Mais nous aimerions avoir plus de détails, pourquoi +Oui+ ? Certains pourraient avoir envie de voter « non » sans le savoir », déplore Neil Amédée Ngonga, DJ d’Ambarene, 25 ans. «Beaucoup de gens sont moins informés sur ce qu’est un référendum. Ils auraient dû venir nous expliquer cela de manière simple», ajoute celui qui hésite à voter samedi 16 novembre 2024, faute d’information sur les enjeux des 173 articles du texte publié moins d’un an. il y a un mois.
– Cadre fort –
La nouvelle loi fondamentale, fruit des contributions recueillies lors d’un dialogue national en avril 2024, instaure entre autres un mandat de sept ans renouvelable une seule fois, avec un régime présidentiel doté d’un pouvoir exécutif fort, sans Premier ministre et avec l’impossibilité de une transmission dynastique du pouvoir. Son deuxième article grave dans le marbre l’accession au pouvoir de la junte dirigée par le général Oligui Nguema le 30 août 2023, avec la mise en place d’une « Fête de la Libération » pour marquer la chute de la dynastie Bongo après 55 ans de pouvoir.
L’article 170 exempte de poursuites et de condamnations « les personnes impliquées dans les événements survenus du 29 août 2023 jusqu’à l’investiture du président de la transition », le 4 septembre 2023. Plusieurs dispositions ne pourront faire l’objet d’aucune révision future. Parmi eux : la limite de deux mandats présidentiels successifs, le mode d’élection au suffrage universel direct, ou encore le mariage réservé à deux individus de sexes opposés.
“C’est la première fois que notre génération vit un événement tel que le référendum”, s’enthousiasme Laeticia Carmella Diweckou, une fonctionnaire de 40 ans, trop jeune pour voter au seul référendum constitutionnel de l’histoire du Gabon depuis son indépendance en 1995. ‘Ces articles ont été proposés par nous, c’est la première fois dans notre Constitution qu’on demande aux Gabonais de choisir ce qu’ils veulent pour leur avenir, je ne comprends pas les raisons de voter +Non+’, insiste, ‘Votons oui’. casquette vissée sur la tête, celle qui milite activement à Lambaréné.
Samedi, Kévin Angoué, étudiant en biotechnologie de 22 ans, votera +Non+, notamment pour empêcher ses enfants de “faire le service militaire” qui deviendra obligatoire si le texte est adopté. A Libreville, quelques petites affiches de la plateforme “Ensemble pour le Gabon” d’Alain Claude Bilie-By-Nze, dernier chef du gouvernement sous Ali Bongo, appellent à dire “Non à la légalisation du coup d’État dans la Constitution, non à un mandat de sept ans et non à un président-roi du Gabon‘.
Environ 860 000 électeurs sont invités à se rendre dans les 2 800 bureaux de vote que compte le pays. Un budget de 27 milliards FCFA (plus de 41 millions d’euros) a été prévu pour l’organisation de la concertation dans le cadre du projet de loi de gestion des finances 2024. Les autorités assurent avoir pris toutes les mesures pour « garantir la plus grande transparence » lors du vote, notamment en invitant des observateurs internationaux.
Pour encourager la participation, le gouvernement a accordé deux jours de congé à la population avant le vote et a autorisé les inscrits à changer de bureau de vote pour éviter d’éventuels aléas liés aux transports et aux intempéries, en pleine saison des pluies.
© Afriquinfos & Agence France-Presse