Ce jeudi 14 novembre, après trois jours de procès, la cour d’assises de Charente-Maritime, réunie à Saintes, a condamné Hamza Charfeddine à 20 ans de réclusion criminelle et à une interdiction définitive de séjour sur le territoire français (1).
Survivant
Le trentenaire était accusé d’avoir tenté d’assassiner son jeune voisin d’immeuble, à Rochefort, le 23 février 2021, en pleine nuit, armé d’un couteau. «En colère», il a enfoncé la porte d’entrée de la jeune femme, alors âgée de 23 ans, présente avec son fils de 15 mois. Sans raison apparente, il l’avait blessée d’au moins quatre coups de couteau. Elle a survécu grâce à l’intervention de son frère et de son beau-père, également agressés par l’accusé, mais aussi aux secours qui ont pu la prendre en charge à temps pour soigner son pneumothorax.
La question centrale du procès était de savoir si au moment des faits, l’accusé était conscient de ses actes, et donc responsable, ou si son discernement était aboli en raison d’un trouble psychologique, auquel cas il ne serait pas jugé responsable au moment des faits. temps. projet criminel. Reste la modification qui, si elle est retenue, entraîne une réduction de peine.
Pour Me Larrue, avocat de la jeune femme ainsi que de son frère et de son beau-père, l’objectif était que le tribunal reconnaisse que l’accusé ne souffrait pas d’une maladie mentale cette nuit-là de février 2021.
“Mon corps n’est pas mort mais ma tête l’est”
“Il n’y a pas un jour où elle n’y pense pas”, a rappelé l’avocate au tribunal. Elle a déclaré lundi devant ce tribunal : « mon corps n’est pas mort mais ma tête l’est ». Si elle ne s’en souvient pas, c’est parce que son psychisme a dû se déconnecter pour la protéger. » Concernant le discernement, il reprend les arguments développés par la majorité des experts psychiatres qui ont soutenu que l’accusé ne souffrait pas de maladie mentale et donc pénalement responsable.
Nicolas Pétriat, l’avocat général, fait une longue présentation pédagogique. « Certes, Hamza Charfeddine n’a pas un raisonnement habituel, mais il ne fait pas preuve de folie », assure-t-il. L’accusé a déjà eu des convulsions et a été hospitalisé dans des états anormaux, mais ces convulsions sont liées à sa consommation de cannabis et non à une pathologie. De plus, il a continué même s’il savait qu’il ne devait pas fumer. Il avait été prévenu. »
“Pas lui-même”
Lui, comme Me Larrue, a évoqué la récente réforme de l’irresponsabilité pénale, en lien avec l’affaire Sarah Halimi tuée en 2017. En 2021, la Cour de cassation a entériné un arrêt de la cour criminelle d’appel de Paris, reconnaissant Kobili Traoré pénalement irresponsable, car il était en pleine crise de délire provoqué par le cannabis au moment du meurtre de la victime. “La situation n’est pas la même puisque dans ce cas précis, l’accusé était reconnu schizophrène et il n’avait jamais eu de crise extérieure aux faits”, explique-t-il. L’accusé ici sait que le cannabis lui provoque des convulsions. Il ne peut pas être considéré comme irresponsable. » Elle requiert vingt ans de réclusion criminelle et une interdiction définitive du territoire français car l’accusé est tunisien.
Pour Me Delaire, avocat de la défense, les deux contre-expertises ne sont pas valables : « il leur manque une pièce du puzzle. Les quatre médecins n’ont pas pu consulter le dossier médical. » Il insiste sur le fait que son client n’était « pas lui-même au moment des faits », énumérant ses séjours en hôpital psychiatrique.
Après quatre heures de délibéré, le tribunal a reconnu la culpabilité du prévenu. Un soulagement pour la victime profondément traumatisée par cette « nuit de terreur » : « ça va au-delà de ce que j’espérais. »