Les étudiants étrangers aux études supérieures sont une mine d’or gris pour le Québec

Les étudiants étrangers aux études supérieures sont une mine d’or gris pour le Québec
Les étudiants étrangers aux études supérieures sont une mine d’or gris pour le Québec

Avant d’être nommé scientifique en chef du Québec, j’ai mené une carrière de près de 30 ans en recherche en neurosciences et en santé mentale à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas, affilié à l’Université McGill. Plus de 80 étudiants aux cycles supérieurs (maîtrise et doctorat) et chercheurs postdoctoraux sont l’âme et la raison d’être d’un laboratoire d’avant-garde reconnu partout dans le monde. Les membres de mon équipe venaient du monde entier, dont bien sûr du Québec et du Canada, mais aussi de , de Belgique, de Chine, du Japon, des États-Unis, du Mexique, d’Australie, d’Inde, de Grande-Bretagne et d’Éthiopie, pour n’en nommer que quelques-uns. pays.

Sans la contribution essentielle des étudiants internationaux, mon laboratoire n’aurait tout simplement pas réussi à s’imposer comme un leader mondial dans la recherche sur la santé mentale et les maladies neurodégénératives. Plusieurs de mes anciens étudiants sont restés au Québec, travaillant dans nos collèges et universités, dans le secteur privé ou dans la fonction publique, mais aussi comme entrepreneurs, créant leur propre emploi en démarrant leur entreprise. Leur contribution a été stimulante et bénéfique pour toute notre société. Et mon exemple est loin d’être unique.

La concurrence pour attirer les meilleurs étudiants étrangers est féroce et mondiale. Plusieurs collèges et universités en Europe et aux États-Unis, ainsi que leurs gouvernements, proposent des conditions et des bourses très attractives pour recruter les meilleurs talents. Le Québec et ses institutions doivent donc se démarquer pour les attirer.

Ce constat faisait partie des recommandations du rapport du groupe de travail que j’ai présidé en 2021 sur l’université québécoise du futur, à la demande des ministres Roberge et McCann. Une analyse plus récente du ministère de l’Enseignement supérieur aboutit à la même conclusion.

Par ailleurs, les programmes de bourses de maîtrise, de doctorat et de postdoctorat des Fonds de recherche du Québec (FRQ) sont tous ouverts aux étudiants étrangers depuis plusieurs années. Les étudiants internationaux bénéficiant des bourses d’excellence des FRQ représentent environ 30 % des cohortes financées par nos programmes en 2024-2025 (1 191 sur un total de 3 676 boursiers), une proportion assez stable depuis 2020-2021.

Il est essentiel de maintenir, voire d’augmenter, ce nombre : dans plusieurs disciplines et domaines de recherche où le Québec excelle, le manque d’étudiants québécois et canadiens est alarmant (sciences de la vie, ingénierie, numérique, aérospatiale, environnement et plusieurs autres). Ces étudiants représentent à la fois une future main-d’œuvre hautement qualifiée pour le Québec et un riche potentiel de collaboration avec ceux qui reviennent dans leur pays.

On discute beaucoup depuis plusieurs mois de la limitation du nombre annuel d’immigrants, y compris les étudiants diplômés, au Québec et au Canada. Un projet de loi est actuellement à l’étude au Québec à ce sujet – le projet de loi 74 (PL74), visant principalement à améliorer l’encadrement relatif aux étudiants étrangers. L’un des objectifs importants du PL74 est la protection de la langue française et du fait français au Québec. Nous souscrivons pleinement à cet objectif et les FRQ ont également mis en œuvre plusieurs initiatives au cours des deux dernières années pour promouvoir la recherche, la science et sa découvrabilité en français, ici au Québec et partout dans le monde.

Cependant, nous devons veiller à ne pas perdre nos acquis et notre compétitivité en matière de recrutement d’étudiants étrangers diplômés. Nos équipes de recherche en dépendent grandement ! Par ailleurs, il faut éviter de privilégier un domaine de recherche par rapport à un autre : la pandémie de COVID-19 nous rappelle que les réponses et les solutions aux défis inconnus de demain dépendent du développement des expertises d’aujourd’hui.

Les premiers dirigeants de plusieurs de nos universités et collèges ont fait connaître publiquement leurs positions à cet égard lors de l’étude du PL74 dans le cadre de la Commission des Relations Citoyennes et dans les médias. En substance, ils recommandent de ne pas soumettre leurs établissements au PL74. Je soutiens généralement leurs recommandations.

À tout le moins, le gouvernement devrait envisager d’exclure les étudiants des cycles supérieurs (maîtrise, doctorat et postdoctorat) de ses nouvelles règles et restrictions. Sur une base annuelle, le nombre total d’étudiants internationaux inscrits aux programmes de maîtrise et de doctorat ne représente qu’une faible proportion du nombre total d’immigrants temporaires (entre 12 % avec un permis d’études seulement et 21 % avec un permis d’études et un permis de travail pour tous les étudiants internationaux, selon le rapport des universités Laval, McGill, Montréal et Sherbrooke). Ce ne sont certainement pas eux qui mettent le plus de pression sur l’accès au logement et aux services publics au Québec ! Ce sont pourtant eux qui représentent un rouage important dans nos équipes de recherche.

Je suis bien sûr prêt à travailler avec toutes les personnes intéressées afin de trouver une solution acceptable pour tous à cet enjeu crucial pour l’avenir de la science et de la recherche au Québec.

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