« Il n’y avait pas d’ADN de la victime sur le marteau », quelles preuves contre l’accusé ?

« Il n’y avait pas d’ADN de la victime sur le marteau », quelles preuves contre l’accusé ?
« Il n’y avait pas d’ADN de la victime sur le marteau », quelles preuves contre l’accusé ?

IOil écoute, suit les débats, mais aucun mot ne sort de sa bouche. Arnaud Dufour est un accusé silencieux. Il est jugé depuis mardi 12 novembre devant la cour d’assises de Dordogne et a choisi de garder un silence total. Une position qu’il a adoptée en juin 2021, lorsqu’il a été accusé du meurtre de Jean-Yves Di Pasquale. Et mercredi, au deuxième jour du procès au tribunal judiciaire de Périgueux, il n’a toujours rien dit. Il risque cependant trente ans de prison.

Le 12 avril 2021, le corps de Jean-Yves Di Pasquale était découvert dans son appartement du 24 cours Tourny à Périgueux. La cause du décès ressort de l’autopsie : c’est un coup avec un objet, peut-être un marteau, qui a provoqué une hémorragie cérébrale. La police judiciaire imagine donc que quelqu’un a frappé cet homme de 54 ans placé sous tutelle. Mais qui ?

Vu au domicile de la victime

Les investigations ont alors rapidement démontré que le quinquagénaire, qui passait son temps à aider à la cathédrale de Périgueux, avait l’habitude d’accueillir chez lui des personnes en situation précaire. Trois hommes sont identifiés. Parmi eux, les prévenus. Il a été aperçu, quelques jours avant la découverte du corps, en train de fumer des cigarettes à la fenêtre de Jean-Yves Di Pasquale. Par ailleurs, la police judiciaire a retrouvé des mégots de cigarettes contenant l’ADN d’Arnaud Dufour au pied de l’immeuble. Et les caméras de surveillance montrent qu’il a quitté Périgueux le 12 avril en train, à un moment coïncidant avec le décès de la victime.

L’enquête prend une tournure décisive lorsqu’un marteau est découvert dans une poubelle du cours Tourny. L’ADN d’Arnaud Dufour se retrouve sur l’instrument. C’est le même qui est identifié dans la paume de la main de Jean-Yves Di Pasquale.

Devant le tribunal, Me Pohu-Panier, avocat de la défense, objecte : « Nous ne savons pas quand mon client était là. Il n’avait pas la clé de l’appartement. L’ADN de la victime n’était pas sur le marteau. Lui [l’accusé] il n’a pas avoué. Nous n’avons rien ! »

“L’angoisse d’être renvoyé à la rue” pourrait expliquer le geste fatal

Reste à savoir pourquoi Arnaud Dufour (qui bénéficie de la présomption d’innocence) tuerait Jean-Yves Di Pasquale. Deux scénarios se dégagent. La première est celle de la vengeance : la victime avait dit à son ancien locataire qu’il souhaitait qu’il parte. Selon un psychologue, “l’angoisse d’être renvoyé à la rue” pourrait expliquer le geste fatal du SDF. Ce dernier, lors d’une de ses rares interventions dans la procédure, a démenti : il est parti parce qu’il était fatigué, a-t-il assuré, de protéger Jean-Yves Di Pasquale des personnes qui tentaient de rester avec lui.

L’autre scénario repose sur le fait que la victime croyait, depuis plusieurs années, qu’elle préférait les hommes. Le quinquagénaire aurait-il fait des avances envers Arnaud Dufour ? Le docteur Bertrand, expert psychiatre, avance cette hypothèse : « Les paranoïaques [NDLR : c’est le cas de l’accusé] ils ont un problème homosexuel refoulé selon les psychanalystes. Mais ils sont psychorigides. Il est donc dangereux pour un homosexuel de faire des avances à une personne paranoïaque. »

Mais en gardant le silence, Arnaud Dufour ne permet pas de conclure sur ce point. « Tout cela ne m’est pas familier, alors je préfère me taire », marmonne-t-il.

Le verdict est attendu ce jeudi 14 novembre dans l’après-midi.

 
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