La gauche au pouvoir ? C’est possible, c’est indispensable, c’est urgent ! – .

La gauche au pouvoir ? C’est possible, c’est indispensable, c’est urgent ! – .
La gauche au pouvoir ? C’est possible, c’est indispensable, c’est urgent ! – .

Tenter de comprendre ce qui a conduit Emmanuel Macron à la dissolution de l’Assemblée nationale occupera longtemps les historiens et les spécialistes des sciences politiques. Il est cependant probable que, la pensant inévitable à long terme, il ait préféré la provoquer plutôt que de la subir en raison du dépôt d’une motion de censure par la droite.

Derrière les grandes déclarations sur la nécessité de « redonner la voix au peuple »sa décision repose aussi sur un pari stratégique que chacun, y compris dans son camp, a qualifié de sinon fou, du moins d’assez risqué.

Pensant rassembler un large « front républicain » en élargissant sa majorité, en brandissant la menace du chaos et en s’appuyant sur le camp de la « raison », il espérait, aidé par le mode de vote des élections législatives, obtenir la majorité dont il disposait. manquait depuis. 2022. Il est pourtant sur le point de perdre son pari puisque deux conditions essentielles à la réussite d’une telle stratégie ne sont plus réunies.

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D’une part, elle supposait l’incapacité de la gauche à retrouver le chemin de l’union après des élections européennes au cours desquelles cette dernière avait été déchirée sur des questions géopolitiques (Ukraine, Gaza) et, dans une moindre mesure, sur son degré d’attachement. au projet européen, le tout sur fond de considérations politiques concernant le leadership de la gauche. Pourtant, face à l’urgence démocratique, la gauche et les écologistes ont réussi à construire un pacte, celui du « Front populaire ».

En revanche, une partie de la droite Les Républicains (LR) a choisi de rejoindre l’extrême droite, attirée par « l’odeur de la soupe » et poussée par une partie de son électorat.

Trois blocs, dont celui de l’espoir

Quoi qu’il en soit, ce faisant, Emmanuel Macron aura précipité la recomposition du paysage politique français, latente depuis de nombreuses années, et sa tripartition entre le bloc extrême droite/extrême droite, celui de gauche et celui qu’il entend incarner.

Il est certainement possible qu’il parvienne à attirer certains responsables et électeurs de gauche ou écologistes qui ne veulent pas d’un accord avec La France insoumise, soit en raison des questions géopolitiques évoquées plus haut, soit en raison de la personnalité de Jean-Luc Mélenchon ou les stratégies utilisées dans l’hémicycle, ou encore parce qu’en matière de politique économique, elles partagent les grandes lignes de la politique de l’offre et l’objectif de « redressement des comptes publics ». Sans parler des questions de laïcité et de sécurité qui divisent aussi la gauche depuis de nombreuses années.

Certes aussi, une partie de la droite, fidèle à l’héritage républicain et gaulliste, sera honorée de son refus d’une alliance avec l’extrême droite et choisira peut-être de la rejoindre. Cela risque cependant de n’avoir que peu de poids face à la détestation que suscite désormais Emmanuel Macron et ses partisans, face à la dynamique créée par l’espoir d’unité à gauche, et malheureusement face au rouleau compresseur de la montée. de l’extrême droite.

Et si l’angle choisi pour la campagne est, comme le dit son Premier ministre, « D’une part le choix du KO. financier et social, et opposé au choix de la stabilité et de la construction »il y a fort à parier qu’il ne parviendra pas à incarner la force qui résiste à l’arrivée de l’extrême droite au pouvoir.

L’une des conditions du succès de la gauche est de réussir à redonner espoir

C’est donc à gauche qu’incombe cette immense responsabilité. L’une des conditions de réussite de cette dernière est de réussir à redonner espoir. Cela semble être une formule conventionnelle, mais elle est en réalité essentielle. En effet, l’un des principaux moteurs du vote en faveur du Rassemblement national, on le sait, est le désespoir et la désillusion, l’anxiété face aux défis du moment et le sentiment que, puisque les autres ont échoué, nous pourrions aussi bien et bien « essayez » l’extrême droite.

Pour cela, les questions de politique économique sont majeures. S’il est probable qu’ils n’occuperont pas la majorité des débats publics (même si, compte tenu des évolutions récentes des marchés, ils risquent d’entrer rapidement en campagne), ils joueront néanmoins un rôle fondamental pour briser ces sentiments négatifs.

Il doit donc dénoncer l’incohérence de la politique économique proposée par l’extrême droite, qui promet à la fois un choc fiscal de baisses d’impôts (sur les successions, pour les jeunes, pour les jeunes entrepreneurs, sur la TVA, etc.) et de nouvelles dépenses (notamment en matière de sécurité). et défense), tout en étant obsédé par la dette. C’est une équation sans solution que les odieuses mesures sur l’immigration et la « préférence nationale » ne résolvent en aucune manière.

Il doit aussi expliquer que le flou qui caractérise le projet économique de l’extrême droite masque en réalité une politique libérale qui, en aucun cas, ne résoudra la situation de tous ceux qui connaissent la précarité et les difficultés économiques. Le récent renoncement à la retraite à 60 ans annoncé par Jordan Bardella en témoigne.

La nécessité de convaincre

Il doit aussi nous convaincre que nous ne sommes en aucun cas condamnés à la politique économique menée par Emmanuel Macron qui, fidèle à son refus dogmatique et idéologique de toute hausse d’impôts, y compris pour les plus grandes fortunes ou les superprofits, sera une fois de plus incapable d’atteindre les objectifs de croissance, d’emploi et de redressement des comptes publics qu’il annonce.

En effet, revenir sous la barre des 3% de déficit public en 2027, comme il se propose, nécessiterait une réduction des dépenses publiques de 80 milliards, ce qui aurait inévitablement des effets récessifs rendant irréalisables les objectifs affichés, tout en engendrant des conséquences sociales. terrible et en interdisant les investissements majeurs pour l’avenir, favorisant ainsi le terreau sur lequel progresse l’extrême droite.

La gauche doit convaincre qu’elle peut prendre des mesures fortes sur le pouvoir d’achat, notamment pour les plus faibles revenus.

La gauche doit aussi convaincre qu’elle peut prendre des mesures fortes sur le pouvoir d’achat, notamment des plus modestes, via notamment la revalorisation des minima sociaux et du point d’indice. Elle doit convaincre qu’elle peut réduire les inégalités salariales, notamment via une mesure des écarts salariaux au sein de l’entreprise, et, grâce à la fiscalité, les inégalités de revenus et de patrimoine, tout en améliorant la situation des jeunes avec un revenu de base dès 18 ans.

Elle doit convaincre qu’elle peut revenir sur les mesures les plus injustes d’Emmanuel Macron (sur l’assurance chômage et la retraite notamment), tout en assurant les financements indispensables pour sortir les services publics du désarroi actuel (notamment dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la recherche), ainsi que ainsi que les investissements publics indispensables pour l’avenir (écologie, défense et transition numérique).

Elle doit convaincre que tout cela est possible, sans perdre le contrôle des équilibres budgétaires.

Cela impose de ne pas exclure la réduction de certaines dépenses publiques, par exemple en conditionnant les aides aux entreprises, en abandonnant ou en réduisant certaines niches fiscales (crédit impôt recherche, CIR, aide à domicile pour les plus fortunés), en essayant de réduire les duplications. du millefeuille des collectivités territoriales et de l’Etat (récemment estimé à plus de 7 milliards) ou en réduisant les aides à l’apprentissage des élèves des grandes écoles pour les redéployer vers les jeunes qui en ont le plus besoin.

Cela nécessite aussi le courage d’une politique fiscale ambitieuse au niveau national et international à travers la taxation des superprofits et superdividendes, des grandes fortunes et des très gros patrimoines, à travers une taxe sur les transactions financières.

C’est possible. Ce qui est essentiel. C’est urgent !

 
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