Un contexte international plus que tendu, un match de football sous haute surveillance et surtout le conflit israélo-palestinien qui s’éternise… La recette est explosive. Et pourtant, un gala, présenté comme « la mobilisation des forces sionistes francophones au service du pouvoir et de l’histoire d’Israël », doit se tenir le mercredi 13 novembre à Paris.
Coïncidence du calendrier, cet événement aura lieu la veille de la rencontre France-Israël, une semaine après les violences perpétrées contre des partisans israéliens à Amsterdam, qui ont provoqué l’émoi au sein de la communauté internationale. Le gala, à 260 € la place, dont le lieu n’a pas encore été dévoilé, est organisé par l’association « Israël est éternel ».
A la tête de cette organisation : Nili Kupfer-Naouri, avocate franco-israélienne et fille du militant sioniste radical Jacques Kupfer. Celui-ci a déjà été accusé par plusieurs députés de La France insoumise de relayer la propagande de l’extrême droite israélienne en France, ou d’avoir participé à des opérations de blocage de l’aide humanitaire à Gaza. Dans les médias, ce proche des colons israéliens extrémistes a défrayé la chronique en déclarant après les attentats du 7 octobre qu’il « il n’y avait pas de population civile innocente à Gaza ».
Betar, un « mouvement de jeunesse nationaliste juif sioniste » »
Cet événement doit se tenir en marge d’un rassemblement organisé par le Betar et le MEJF (Mouvement étudiant juif français). Proche du Likoud, parti politique israélien auquel appartient Benjamin Netanyahu, le Betar a été créé en 1923 à Riga, en Lettonie, par Vladimir Ze’ev Jabotinsky. Le nom du mouvement est un hommage en hébreu au militant Joseph Trumpledor, qui a notamment organisé l’immigration des Juifs vers ce qui deviendra plus tard l’État d’Israël au XXe siècle.
Ce « Mouvement de jeunesse juif nationaliste sioniste » est favorable « à la création d’un grand État d’Israël », comme l’explique l’historien Frédéric Encel dans parisien. Dans les années 1990, Betar est devenu extrêmement violent et a appelé en 2016 sur Twitter à « meurtre d’Arabes » après l’attentat de Tel Aviv, perpétré par deux Palestiniens.
Un invité controversé
Ces derniers jours, le Betar et le MEJF avaient annoncé conjointement la venue à ce gala de Bezalel Smotrich, ministre des Finances israélien ouvertement suprémaciste et partisan de l’occupation de la Cisjordanie.
Face au tollé suscité par l’annonce de la présence de cet homme politique ouvertement « fasciste » et « homophobe » parmi les associations, syndicats et partis de gauche, le président de Betar Yigal Brand a déclaré : « Nous sommes de fiers sionistes et nous n’avons aucune excuse ».
Enfin, le porte-parole de Bezalel Smotrich a exclu mardi la possibilité d’un déplacement de sa part à Paris. Apparaissant sur l’affiche du gala, il n’est toutefois pas exclu que le ministre y participe virtuellement.
Malgré les polémiques, la préfecture de police de Paris a accepté de maintenir le gala, une décision confirmée par la justice administrative, saisie par plusieurs associations pro-palestiniennes. Laurent Nuñez a précisé dimanche sur BFMTV que ce gala rassemblerait « à peine quelques centaines de personnes » et « a lieu chaque année », ajoutant qu’il veillerait à ce qu’il « se déroule dans un lieu ne posant pas de problème en termes de troubles à l’ordre public ».