Nous sommes semble-t-il la troisième personne à laquelle Carole Debarge autorise l’accès à son domicile depuis son emménagement il y a neuf ans. Le premier était le responsable technique du syndicat des eaux qui a détecté une fuite et l’autre, l’expert mandaté par l’assurance du propriétaire. C’est arrivé en septembre. “ Le château d’eau se vidait à grande vitesse », explique le maire de Sars-le-Bois, Édouard Hautecœur, et après de nombreuses recherches menées, y compris dans les communes alentours, l’origine a été détectée dans sa cave. ” L’eau avait coulé tellement et plus » qu’il a provoqué un glissement de terrain ; le sol, un mur et le toit menacent depuis de s’effondrer.
Pas le choix : l’élu a émis un arrêté de danger le 23 septembre, et a ordonné au propriétaire d’établir un périmètre de sécurité, d’évacuer sa locataire et de la reloger. Ce vendredi, date limite, elle sera notifiée de son expulsion, mais reste sans solution.
Dans son salon principal, qui n’en porte que le nom, elle nous tend une chaise qu’elle fait passer péniblement par une porte dégonflée. Elle reste debout pour protéger le bas de son dos. Retraitée de l’Éducation nationale, selon elle, la petite femme de 67 ans exprime le souhait de trouver une maison n’importe où dans le Pas-de-Calais, le Nord ou la Somme, équipée d’une cour ou d’un jardin pour ses animaux, et disponible immédiatement.
Pas de factures impayées mais pas de garant non plus
Pour le moment, elle a échoué. ” La priorité est souvent donnée aux familles avec enfants », et elle n’a pas non plus de garant, même si le maire affirme n’avoir jamais eu connaissance d’impayés. Carole Debarge perçoit une pension d’environ 1 360 € par mois, paie 529 € de loyer hors charges et affirme pouvoir économiser davantage. “ N’importe quoi, pourvu que je puisse y aller avec mes chiens. » C’est le seul moment, à l’évocation d’eux, où ses yeux s’embuent.
Elle dit en avoir deux, mais en aurait mentionné trois, et sept chats, aux assistantes sociales qu’elle a rencontrées depuis octobre, à l’initiative du maire. “ Ils mouillent la chemise », le salue, mais en vain. Obtenir un logement social avec autant de compagnons est exclu. Lui-même n’a pas ménagé ses efforts : « Nous nous sommes battus, nous avons passé beaucoup de coups de téléphone, notamment à propos des animaux. »
Faute de mieux, Carole Debarge va devoir rejoindre un foyer. “ S’il y a de la place pour moiprécise-t-elle, et sans ses chiens. Sinon, ce sera la rue. »
Contact de Carole Debarge : 06 36 05 40 97. Interrogée, la propriétaire n’a pas souhaité nous répondre.