(Bruxelles) Antony Blinken, dont les jours sont comptés à la tête de la diplomatie américaine, rencontre mercredi à Bruxelles des responsables de l’Otan et de l’Union européenne afin d’accélérer l’aide à l’Ukraine, potentiellement menacée par le retour de Donald Trump.
Publié à 21h28
Mis à jour à 21h56
Léon BRUNEAU
Agence France-Presse
Arrivé tard mardi soir pour une visite de moins de 24 heures, le secrétaire d’Etat doit s’entretenir avec le secrétaire général de l’Otan Mark Rutte et ses homologues ukrainiens Andriï Sybiga et européen Josep Borrell ainsi qu’avec Kaja Kallas qui succédera à M. Borrell dans quelques semaines.
L’UE doit soutenir l’Ukraine “aussi longtemps que nécessaire, avec autant d’aide militaire, financière et humanitaire que nécessaire”, a lancé cette dernière mardi lors de son audition devant les parlementaires européens.
L’ancien président des États-Unis (2017-2021), qui reviendra à la Maison Blanche le 20 janvier, est déjà en action.
Le déplacement de M. Blinken dans la capitale belge revêt un caractère urgent, sur fond d’inquiétudes de la part de l’Ukraine et de nombreuses capitales du Vieux Continent quant à la pérennité du soutien à Kiev après la réélection de Donald Trump le 5 novembre, à laquelle À cela s’ajoute une crise politique en Allemagne.
D’autant que l’ancien président des Etats-Unis, qui reviendra à la Maison Blanche le 20 janvier, est déjà en action : il s’est entretenu avec le chef de l’Etat ukrainien Volodymyr Zelensky, ainsi qu’avec le président russe Vladimir Poutine pour lui demander de ne pas provoquer une escalade de la guerre, selon le quotidien Washington Post.
Le Kremlin a démenti que les deux hommes se soient parlé, une « pure invention », a insisté Moscou.
« Expédiez tout ce qui est disponible »
Le magnat américain de 78 ans entretient des doutes sur ce qu’il fera concernant l’Ukraine. Mais il remet en question les dizaines de milliards de dollars dépensés par Washington pour l’Ukraine – plus de 60 milliards de dollars d’aide militaire depuis l’invasion russe en février 2022.
Selon la presse américaine, il viserait le sénateur républicain Marco Rubio comme prochain secrétaire d’État. Ce dernier est plutôt pro-ukrainien, même s’il a dénoncé le financement d’une « impasse » en Ukraine.
En attendant, le président sortant Joe Biden cherche à accélérer l’acheminement de l’aide militaire à l’Ukraine et à continuer de mettre en place des mécanismes pour que les Européens puissent prendre le relais.
Sur l’enveloppe votée au printemps, il reste environ 9,2 milliards de dollars à allouer, dont 7,1 milliards à prélever sur les stocks d’armes américains et 2,1 milliards pour financer des contrats d’achat d’armes. , selon le Pentagone.
Washington prévoit de dépenser cet argent jusqu’au dernier dollar.
Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison Blanche, Jake Sullivan, a soulevé dimanche la somme de six milliards de dollars et a mis en garde contre les risques d’une cessation du soutien des Etats-Unis.
«À la fin de l’administration [sortante]”Ils essaieront d’expédier tout ce qui est disponible”, comme des véhicules blindés et des munitions pour armes légères, “dont l’Ukraine a besoin et que les Etats-Unis possèdent en grande quantité”, a-t-il déclaré à l’AFP. Mark Cancian, du Centre d’études internationales et stratégiques (CSIS) de la capitale américaine.
Tout ce que l’Europe peut apporter à l’Ukraine « doit être mobilisé dès maintenant », a déclaré le ministre, insistant sur le renforcement de la défense anti-aérienne du pays.
Il semble toutefois peu probable que les Américains lèvent leur veto sur l’utilisation de missiles à longue portée en profondeur du territoire russe, malgré les appels de Kiev.
La visite de M. Blinken intervient après des attaques de drones d’une ampleur sans précédent visant l’Ukraine et la région de Moscou le week-end dernier et alors que des milliers de soldats nord-coréens se rassemblent dans la région frontalière russe depuis Koursk selon Kiev et Washington.
Le New York Times affirmait que Moscou avait massé 50 000 soldats – dont des Nord-Coréens – pour tenter de déloger les troupes ukrainiennes qui contrôlaient cette partie de la région de Koursk depuis trois mois.