(Longueuil) Un chien repose sur le matelas. Au pied du lit, des sacs poubelles noircis par le feu. A proximité, une flaque de sang tache la salle de bain. Des images parfois difficiles à observer depuis la scène du crime ont été présentées mardi au jury du procès de ce père accusé des meurtres de sa femme et de ses deux fils.
Le père, Mohamed Al Ballouz, s’identifie désormais comme une femme nommée Levana Ballouz. La femme trans de 38 ans, qui se défend, est accusée des meurtres au deuxième degré de sa compagne Synthia Bussières et des meurtres au premier degré de leurs enfants Zac, 2 ans, et Eliam, 5 ans.
Selon la thèse de la Couronne, le père a poignardé sa compagne à 23 reprises dans leur appartement du boulevard Saint-Laurent, à Brossard, dans la nuit du 24 au 25 septembre 2022. Après avoir assassiné ses deux fils, il a allumé un feu au pied du le lit, puis a tenté de se suicider en ingérant du liquide lave-glace, selon la thèse de l’accusation.
Des dizaines de photos de scènes de crime ont été montrées aux jurés mardi, au deuxième jour du procès devant jury. Elles illustrent une petite copropriété, relativement récente, visiblement habitée par une famille. Sur un meuble, on remarque une photo des parents et de leurs deux enfants avec le Père Noël, dans des temps plus heureux.
Telles des pièces d’un puzzle, ces photos permettent avant tout de mieux comprendre les circonstances des meurtres. Dans la salle de bain, le sol était complètement taché de sang. C’est ici que le corps de Synthia Bussières a été retrouvé par les premiers intervenants. Notamment, le bain n’était pas mouillé, a déclaré mardi un témoin.
Selon la Couronne, Mohamed Al Ballouz a tenté de nettoyer la scène du crime après avoir tué sa compagne. Sur les photos, une bouteille de nettoyant Hertel et un chiffon rougeâtre sont visibles parmi les débris. Des traces de sang ont été retrouvées sur la machine à laver.
Les premiers secours ont découvert une scène d’horreur dans l’appartement : le corps ensanglanté de Synthia Bussières dans la salle de bain. Sur le lit, Mohamed Al Ballouz au centre, entouré de ses deux fils, selon la Couronne. Sur les images présentées au jury, seul un toutou restait sur le lit. A côté, au sol, deux objets notables : un couteau et une bouteille vide de liquide lave-glace.
Selon la Couronne, l’accusée aurait allumé un feu au pied du lit, voyant qu’elle était incapable de nettoyer les lieux. Sur les photos, on peut voir plusieurs sacs poubelles formant un amas d’objets en partie calcinés. Dans l’un des sacs, la police a trouvé quatre détecteurs de fumée. Ceux-ci avaient été retirés de leur base, mais sonnaient encore à leur arrivée.
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Dans le tas incendié, d’autres objets pertinents ont été découverts : un ouvre-bouteille, un manche de couteau, une lame de 15 centimètres, deux bouteilles de bière et une montre. Les autres objets semblaient être des morceaux de tissu. Deux autres bières ont été trouvées sur le balcon extérieur.
Dans sa déclaration liminaire lundi, la procureure de la Couronne Me Laurence Lamoureux a demandé au jury de prêter attention à tous les détails de l’affaire. « Ne perdez pas de vue les preuves », a-t-elle insisté.
De nombreuses questions restent sans réponse dans ce procès : qui est mort en premier ? Comment les enfants sont-ils morts ? Que conclure du fait que Synthia Bussières est décédée des suites d’une violente agression, alors que les enfants ne présentaient aucune trace apparente de blessures ?
Il reste encore plusieurs semaines dans ce procès pour éclaircir, ou non, ces questions.
Le procès, présidé par le juge Eric Downs, se poursuit toute la semaine au palais de justice de Longueuil.