Le Dr Renaud Bouvet le répétera à trois reprises lors de son audience devant la cour d’assises des Côtes-d’Armor : « Seuls 1 % des enfants de 3 ans pèsent moins de 11 kg ». 11 kg pour 95 cm, c’était pourtant le poids du jeune Eythan, 3 ans, au moment de son décès, dimanche 10 juillet 2022, à Guingamp (22). Le chef du service de médecine légale et de médecine pénitentiaire du CHU de Rennes a procédé à l’autopsie de l’enfant et ses conclusions devraient, ce mardi 12 novembre 2024, éclairer la cour d’assises des Côtes-d’Armor sur les motifs d’informations médicales précises et la chronologie possible de sa mort.
« Les lésions sont très nombreuses, souhaitez-vous que je les liste toutes ? », demande le médecin. Le président est d’accord ; commence la liste des 67 blessures et contusions. Tête, cou, voûte plantaire, sourcil, nez, pommette, oreille, épaule, hanche, dos, avant-bras, main, tibia, cheville : aucun endroit du corps de l’enfant ne semble avoir été épargné par les violences. Le Dr Antoine Bigand, médecin légiste, rapporte tous les traumatismes internes, y compris les hémorragies « au niveau périphérique du poumon, à l’intérieur du larynx et dans le cerveau ».
Traces d’étranglement
C’est le deuxième jour du procès qui a débuté vendredi 8 novembre 2024 et le tribunal doit faire la lumière sur les responsabilités de la mère de la victime, poursuivie pour privation de soins et non-assistance à personne en danger, et de sa démarche. – le père, Gaël Scoubart, accusé du meurtre d’Eythan. Selon le Dr Bouvet, l’enfant est décédé des suites d’un traumatisme crânien provoqué par une violente secousse. Un mois avant le décès, une déclaration avait également été faite par l’assistance sociale à la Cellule départementale de collecte des informations concernant (CRIP), suite à diverses alertes.
Le travail des médecins a également révélé des traces d’étranglement, un acte qui aurait pu jouer un rôle dans le décès. Les experts légistes estiment que, compte tenu de la gravité des blessures, Eythan n’aurait pas pu survivre plus de quatre heures après les violences qu’il a subies. Selon le Dr Antoine Bigand, les secousses ayant provoqué le décès auraient été « violentes et probablement répétées ». Cet après-midi, le tribunal doit entendre les deux accusés sur leur version des faits. Celle de Gaël Scoubart, selon laquelle il n’aurait fait rien d’autre que “pousser l’enfant sur son lit”, la veille de sa mort, se heurte déjà aux conclusions médico-légales.