Un otage israélien a-t-il été détenu à Gaza, au domicile d’un journaliste d’Al Jazeera ? – .

Un otage israélien a-t-il été détenu à Gaza, au domicile d’un journaliste d’Al Jazeera ? – .
Un otage israélien a-t-il été détenu à Gaza, au domicile d’un journaliste d’Al Jazeera ? – .

L’otage israélien Noa Argamani aurait été retenu captif à Gaza, au domicile d’un journaliste palestinien d’Al Jazeera.

Une version reprise par Tsahal, mais qui comporte de nombreuses zones d’ombre et qui n’est étayée par aucune preuve.

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Les informations scrutées

C’est la fin de huit mois de captivité pour quatre Israéliens. Otages du Hamas depuis le 7 octobre, ils ont été libérés le 8 juin par Tsahal, alors qu’ils se trouvaient dans le camp de réfugiés de Nuseirat, au centre de la bande de Gaza. Parmi eux se trouvait Noa Argamani. Tout le monde se souvient de l’enlèvement spectaculaire à moto de la jeune femme de 25 ans, qui participait ce matin-là au festival Nova, dans le sud d’Israël.

Une rumeur relayée par l’armée

La rumeur est née d’un tweet : celui de Rami Abdu, directeur de l’Observatoire Euro-Med des Droits de l’Homme – une organisation indépendante basée à Genève (Suisse). Le 8 juin, Ramni Abdu partageait une photo d’une pièce, censée être le lieu de détention de Noa Argamani, accompagnée de « détails » sur l’opération menée. L’armée israélienne aurait alors utilisé une échelle pour pénétrer dans la maison du Dr Ahmed Al-Jamal, père du journaliste Abdallah Aljamal avec qui il vivait. Tous deux auraient été exécutés, tout comme sa femme, Fatima, et leur fille, Zainab.

Noa Argamani a été enlevée le 7 octobre 2023 par le Hamas, en plein désert, lors du festival Nova – JACK GUEZ / AFP

L’accusation a ensuite été reprise par Tsahal… qui a fini par changer de version et indiquer que Noa Argamani n’était pas en captivité avec le journaliste et ses proches, mais plutôt les trois autres otages libérés ce jour-là : Almog Meir Jan, Andrey Kozlov et Shlomi. Ziv. Pour libérer les quatre otages, les forces israéliennes ont ciblé deux appartements, comme le rapporte le New York Times : un, près du marché de Nuseirat, où Noa Argamni a été arrêtée. L’autre situé dans un autre bâtiment de la même résidence, où se trouvaient les trois autres otages.

La perquisition a finalement eu lieu dans ces deux bâtiments, faisant de nombreuses victimes collatérales. Au moins 274 Palestiniens y ont été tués, selon un bilan du Hamas qui ne peut être vérifié par des sources indépendantes. Mais cela ne veut pas dire qu’un ou plusieurs otages ont été retrouvés au domicile du journaliste Abdallah Aljamal. Selon CNN, ces derniers habitaient au premier étage de l’immeuble, tandis que les trois otages ont été retrouvés au troisième étage.

Pour l’instant, l’armée israélienne n’a apporté aucune preuve de ses dires. Lorsqu’on lui demande des renseignements complémentaires, elle indique simplement que“Il peut être confirmé qu’Abdullah Aljamal était un agent de l’organisation terroriste Hamas, qui détenait en otages Almog Meir Jan, Andrey Kozlov et Shlomi Ziv dans sa maison familiale à Nuseirat.”

Un « tribunal » pour Al Jazeera

Ce qui est sûr, c’est que présenter cet homme comme un journaliste d’Al Jazeera est trompeur. Dans un communiqué, les médias qataris ont réfuté la version israélienne, expliquant que“Abdullah Al-Jamal n’a jamais travaillé avec le réseau, mais a contribué à un éditorial en 2019.” Voilà ce que l’on peut dire de son parcours.

Né et vivant à Gaza, l’homme est diplômé de l’Université islamique en 2020. Sur son profil Facebook, il a indiqué qu’il était « journaliste à l’Agence palestinienne de presse et d’information » et à « Médias du ministère du Travail dans la bande de Gaza ». Ce qui corroborerait la thèse israélienne d’un ancien emploi au sein d’un ministère du Hamas. Si la période n’est pas connue, Abdallah Aljamal semble s’être depuis consacré au métier de journaliste indépendant.

Il semblerait qu’Abdallah Aljamal ait signé une seule chronique pour Al Jazeera en 2019 – DR

Il a effectivement écrit un article pour Al Jazeera en janvier 2019, que nous avons retrouvé et qui portait sur des témoignages de cas de torture dans les prisons israéliennes. “Les opinions exprimées dans cet article sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement la position éditoriale d’Al Jazeera”, est précisé en bas de page. Son profil d’auteur est toujours en ligne sur le site d’Al Jazeera et fait uniquement référence à cet article.

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Depuis 2019, le journaliste palestinien semble travailler principalement pour un site, pour lequel il rendait compte de la vie quotidienne et de la guerre depuis Gaza : The Palestine Chronicle, un « webzine indépendant qui consacre l’essentiel de son contenu à la Palestine et à Israël » et qu’Israël accuse d’être pro-Hamas. Toutes ses publications sont toujours en ligne. Dans un article, le site basé à Washington a rendu hommage à son journaliste, décédé le 8 juin dernier. « bien connu à Gaza ».

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Caroline QUÉVRAIN

 
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