à Lyon une consultation dédiée aux dangers du gaz hilarant

à Lyon une consultation dédiée aux dangers du gaz hilarant
à Lyon une consultation dédiée aux dangers du gaz hilarant

Encore marginal il y a quelques années, l’usage festif du protoxyde d’azote explose chez les jeunes, loin de la conscience des dangers qu’ils encourent. © Dépôtphotos

Le phénomène s’amplifie et ne cache plus ses excès. L’usage récréatif du protoxyde d’azote, le fameux gaz hilarant, fait de plus en plus de mal, notamment chez les jeunes, au milieu des soirées étudiantes et autres festivités. Selon Santé publique , 4,3% des Français ont déjà inhalé du gaz hilarant et jusqu’à 13,7% des jeunes entre 18 et 24 ans.

La tendance s’accentue, malgré les campagnes de sensibilisation sur les dangers du gaz hilarant. La mauvaise utilisation de ce gaz, généralement utilisé à des fins médicales ou alimentaires, stocké dans des cartouches métalliques, peut en effet avoir de graves répercussions sur la santé. C’est pourquoi sa vente est d’une part interdite aux mineurs à partir de 2021, et d’autre part limitée aux autres consommateurs.

“Parce que la vente est légale et que l’effet grisant est éphémère, les utilisateurs pensent que le “proto” est inoffensif”constate le Dr Christophe Riou, toxicomane à Lyon. «Cependant, ce produit a non seulement un composant addictif – il a été démontré qu’il active les récepteurs du « plaisir », créant une dépendance émotionnelle – mais a également un effet neurotoxique : à des doses excessives, il peut provoquer de graves dommages neurologiques. et irréversible, avec paralysie des membres”.

Selon les Hospices Civils de Lyon, les hospitalisations liées à une consommation excessive de protoxyde d’azote continuent d’augmenter. Une trentaine ont été recensées depuis début 2024 à l’hôpital « neuro » Pierre Wertheimer, l’établissement lyonnais spécialisé dans le traitement des pathologies neurologiques.

« Avec un seul appel pour un motif sanitaire lié au protoxyde d’azote, alors que certains professionnels de santé ou de l’industrie en 2017, les centres antipoison HCL de Lyon sont passés à 80 en 2022 ». C’est ce qu’a déclaré la Dre Alexandra Boucher, pharmacienne responsable du Centre de surveillance des toxicomanies des HCL. « Depuis 2019, le nombre de cas traités a été multiplié par 20 et on ne parle ici que de cas cliniques, qui ne sont pas tous enregistrés. C’est la pointe de l’iceberg. Nous savons que la consommation est beaucoup plus élevée”.

Ces dernières années, les Hospices Civils de Lyon ont forcément développé une certaine expertise en la matière. Ce savoir-faire, alimenté par la hausse des cas, a conduit à l’ouverture, le 12 novembre 2024, de la première téléconsultation en France spécifiquement dédiée aux consommateurs de protoxyde d’azote. « L’objectif : créer un véritable secteur de soins et ainsi répondre à un problème important, celui des consommateurs illégaux entrant en soins ».

L’idée, à travers cette consultation unique, est d’identifier les comportements à risque, de prévenir les addictions et d’assurer une prise en charge dans les plus brefs délais, comme l’explique le DR Christophe Riou : « Le problème est que les premiers symptômes, souvent des picotements dans les bras ou les jambes, sont perçus comme légers. De nombreuses personnes touchées, pour la plupart très jeunes, n’y prêtent pas attention ou pensent que ce n’est rien. Et lorsqu’ils nous parviennent, il est souvent trop tard. Avec la téléconsultation, notre objectif est de nous adresser aux consommateurs en phase subclinique ».

L’échange permet au spécialiste d’évaluer le patient et, le cas échéant, de lui proposer des conseils directs à l’hôpital Pierre Wertheimer (groupe est des Hospices Civils de Lyon) et de l’orienter vers les soins adaptés (traitement médicamenteux, hospitalisation, etc. « Même si le protoxyde d’azote n’a pas de traitement de substitution, il existe des solutions pour traiter les symptômes de sevrage », confirme le Dr Riou. « Mais le meilleur moyen d’éviter les symptômes graves reste de suspendre la consommation des pathologies liées au « proto ». un fardeau pour la santé avec le risque de conséquences permanentes, surtout pour les jeunes patients, alors que l’abus est quelque chose de tout à fait évitable, en tout cas seulement “nous pouvons le soutenir, il est essentiel de sensibiliser les consommateurs, et le plus tôt possible”.

Pour éviter, au final, qu’il ne soit trop tard : « Il s’agit d’un véritable problème de santé publique, avec des risques considérables en cas de consommation addictive. Outre les cas cliniques de jeunes patients ne pouvant plus marcher car leur système nerveux est endommagé, des cas de décès liés au protoxyde d’azote ont été rapportés. Et même sans aller aussi loin, dans quel état sera le consommateur actuel dans vingt ans ? Il y a de quoi s’inquiéter.”.

C’est à dire

Quatre créneaux de téléconsultation de 30 minutes sont proposés chaque mardi de 15h30 à 17h30 par le Dr Christophe Riou. Pour prendre rendez-vous : 04 72 11 78 52 ou myhcl.sante-ra.fr

 
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