France Bleu Saint-Etienne Loire : gestion de 550 logements dans la Loire avec des locataires sélectionnés sur critères sociaux. Moins on a d’argent, plus l’énergie pèse sur le budget familial. Voyez-vous cela avec vos locataires ?
Sophie Reydellet de l’ASL (Agence de Solidarité Logement de Saint-Etienne) : Nous suivons les loyers impayés parmi nos locataires. Parmi les causes des factures impayées figurent les coûts énergétiques. Nous avons constaté que cette cause de non-paiement a augmenté de manière significative au cours des trois dernières années. Nous avons de plus en plus de locataires en situation de précarité énergétique liée à la hausse des prix. Nous constatons également que certains locataires emménagent dans des logements et ne signent pas de contrat de gaz. Je ne l’avais jamais vu personnellement et aujourd’hui on commence à le voir chez plusieurs locataires.
Donnez-vous des conseils à ceux qui signent un contrat pour tenter de réduire le coût de la facture ?
Chez ASL nous avons une équipe sociale qui accompagne les locataires et une équipe technique qui travaille principalement sur le logement. L’équipe sociale conseille les locataires sur comment régler le chauffage à 19 degrés, le baisser la nuit, etc. Mais l’enjeu clé pour les personnes que nous accompagnons est la qualité de l’hébergement. Ils ne peuvent pas faire grand chose à leur niveau. Au lieu de cela, nous travaillons avec des propriétaires privés qui possèdent les logements. Nous gérons ces hébergements en leur nom. Nous avons identifié les maisons énergivores car nous avons déjà besoin de savoir quelles maisons consomment plus que d’autres. Nous avons lancé plusieurs campagnes de DPE pour les refaire ou les construire car nous avons des locataires de longue durée dont le logement ne disposait pas de DPE.
Cela posera un problème particulier dans les années à venir, car à partir du 1er janvier 2025, les logements de classe G deviendront indécents. Quelles conséquences ?
Le locataire du logement G peut demander au propriétaire d’effectuer certains travaux, à défaut il peut faire appel au juge qui suspendra le loyer. Dans notre parc de 550 logements, il nous reste quatre logements G car nous encourageons les propriétaires à travailler depuis plusieurs années. Nous sommes en contact avec les propriétaires, nous leur faisons des recommandations d’emploi et nous les aidons à remplir les démarches nécessaires pour demander de l’aide.
Enfin, que pensez-vous de cette crainte de certaines associations de défense des plus démunis concernant les conditions d’attribution de l’allocation énergie ? Ils s’inquiètent de la suppression de l’envoi automatique aux bénéficiaires. A partir du 1er janvier vous devrez en faire la demande.
Cela nous inquiète car nous avons de plus en plus de locataires qui n’ont aucun recours. Ils ne solliciteront pas l’aide à laquelle ils ont droit. C’est le travail de notre équipe sociale, faire bénéficier les locataires des avantages auxquels ils ont droit. Si c’est plus compliqué, ce sera encore une difficulté de plus pour les locataires. J’ajoute que nous sommes toujours à la recherche de logements à mettre à disposition des locataires. Si vous êtes propriétaire privé et disposez d’un bien vacant, nous viendrons le visiter et pourrons le louer à nos bénéficiaires.