Des supporters israéliens ont été attaqués après un match de football à Amsterdam entre l’Ajax et le Maccabi Tel Aviv par des hordes de jeunes apparemment exaspérés par les appels sur les réseaux sociaux ciblant les Juifs, ont annoncé vendredi les autorités néerlandaises. Ces violences ont été condamnées comme antisémites par les autorités d’Amsterdam, d’Israël et de toute l’Europe.
Mis à jour hier à 17h42
Anna Maria JAKUBEK
Agence France-Presse
Ce que vous devez savoir
- Des heurts ont éclaté jeudi soir à Amsterdam en marge d’un match de football entre l’Ajax Amsterdam et le Maccabi Tel Aviv ;
- La police a signalé 5 blessés et 62 arrestations ;
- Les événements ont suscité des réactions d’indignation à travers le monde.
La police néerlandaise a fait état de 5 personnes brièvement hospitalisées et de 62 arrestations après les violences de la nuit, qualifiées d’« explosion d’antisémitisme » par le maire d’Amsterdam, où Israël a dépêché des avions pour rapatrier ses supporters.
Outre les vols réguliers, quatre vols spéciaux d’évacuation étaient prévus vendredi et deux autres ce samedi, selon une porte-parole de la compagnie aérienne israélienne El Al. Un premier avion transportant des partisans israéliens évacués d’Amsterdam a atterri à Tel-Aviv.
« Cela signifie qu’environ 1 850 Israéliens reviendront d’Amsterdam à Tel Aviv », a-t-elle déclaré.
Ces violences représentent une « explosion d’antisémitisme » comme on n’en a « pas vu depuis longtemps », a déclaré la maire d’Amsterdam, Femke Halsema, faisant état de personnes qui ont frappé des supporters de l’équipe du Maccabi Tel Aviv avant de prendre la fuite.
Elle a également annoncé un renforcement des mesures de sécurité ainsi qu’une interdiction temporaire des manifestations dans la capitale.
Le Premier ministre néerlandais Dick Schoof a qualifié les « attaques antisémites » de cette nuit d’« inacceptables ».
La police en alerte
Largement déployée jeudi avant le match, la police néerlandaise était en alerte après qu’un drapeau palestinien ait été arraché la veille d’une façade sur une avenue principale du centre-ville.
Les violences avaient déjà commencé mercredi soir entre supporters. Ce fut une nuit avec des incidents des deux côtés. Les partisans du Maccabi ont retiré un drapeau d’une façade du Rokin et détruit un taxi. Un drapeau palestinien a été incendié près du barrage.
Peter Holla, chef de la police d’Amsterdam
Dans la nuit, « la police a dû intervenir à plusieurs reprises pour protéger les partisans israéliens et les escorter jusqu’à leurs hôtels », selon les autorités néerlandaises.
Réactions indignées
Plusieurs chefs d’État ont exprimé leur indignation.
Le président américain Joe Biden a qualifié d’« abjectes » ces « attaques antisémites » qui rappellent « des moments sombres de l’histoire, où les Juifs étaient persécutés ».
Le Premier ministre canadien a condamné vendredi les événements « terrifiants » d’Amsterdam, dénonçant « l’antisémitisme répugnant » marquant les affrontements qui ont eu lieu jeudi.
Il s’agit d’un moment sombre pour notre monde, que nous avons déjà vécu.
Justin Trudeau, premier ministre du Canada, sur
« Choqué » par ces violences, le secrétaire général de l’ONU António Guterres a condamné « toutes les formes d’antisémitisme et d’islamophobie », tandis que la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a dénoncé des « attaques ignobles ».
Le chef de la diplomatie israélienne, Gideon Saar, s’est entretenu avec son homologue néerlandais, Caspar Veldkamp, lui demandant d’« assurer la sécurité immédiate de tous ceux qui sont en danger ».
« Incident effroyable »
En Israël, les scènes de violence ont suscité une vive émotion, dans un contexte marqué par la montée des actes antisémites dans le monde depuis la guerre entre Israël et le Hamas, les représentants de l’UE et des Etats-Unis déplorant en septembre un « tsunami de antisémitisme”.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a déclaré qu’il considérait « cet incident effroyable avec la plus grande gravité » et « a exigé [des autorités néerlandaises] agir vigoureusement et rapidement contre les émeutiers.
M. Netanyahu a également ordonné au Mossad, le service de renseignement étranger israélien, d’élaborer un plan d’action pour prévenir la violence lors de futurs événements sportifs.
Ces événements n’ont « rien à voir avec le football », a commenté le patron du Maccabi Tel Aviv, Ben Mansford, à son retour en Israël.
« Le fait que j’ai été attaqué parce que j’étais juif et que je suis venu soutenir mon équipe n’a aucun sens. Ce n’est pas lié au football, c’est lié à l’antisémitisme et à la haine », déclare Amit Ganor, un supporter du Maccabi Tel Aviv âgé de 21 ans, à l’aéroport Schiphol d’Amsterdam.
Fondé sous un autre nom en 1906, le Maccabi Tel Aviv est le club le plus ancien et le plus prospère d’Israël.
Ses supporters ne sont pas particulièrement connus pour être violents, mais des images circulant vendredi sur les réseaux sociaux et présentées comme filmées à Amsterdam – dont l’AFP n’a pas encore pu vérifier l’origine – montrent ce qui semble être des dizaines d’admirateurs du club. chantant en hébreu « Que l’armée israélienne gagne ! » On va baiser les Arabes ! « .
Jeudi après-midi, une centaine de supporters israéliens se sont rassemblés sur la place du Dam, encerclés par un important dispositif policier, avant de se rendre au stade Johan Cruyff d’Amsterdam.
Dans un communiqué, la Fédération palestinienne de football a dénoncé le « racisme anti-palestinien et l’islamophobie manifestés par les supporters du Maccabi Tel Aviv, qui ont également attaqué des maisons et des magasins arborant le drapeau palestinien en solidarité avec les victimes du génocide en cours ».
Un rassemblement pro-palestinien condamnant l’arrivée du club israélien était initialement prévu à proximité du stade, mais a été déplacé un peu plus loin dans le quartier par la mairie pour des raisons de sécurité.
Avec Associated Press