l’essentiel
Donald Trump a promis qu’en tant que président, il résoudrait la guerre en Ukraine « en 24 heures ». Son plan de paix reste pour l’instant flou entre zone démilitarisée, neutralité de l’Ukraine ou concessions territoriales à la Russie. Plusieurs lignes sont en compétition parmi les conseillers du futur président…
Donald Trump a toujours eu le sens des formules. Lors de la campagne présidentielle américaine qu’il vient de remporter, le milliardaire a assuré qu’en tant que président, il résoudrait le conflit en Ukraine « en 24 heures ». Une rhétorique simpliste qui a bien fonctionné lors des réunions, mais que se passera-t-il réellement lorsque Donald Trump prendra place dans le bureau ovale de la Maison Blanche le 20 janvier ? Pour le moment, personne ne le sait exactement.
Certes, Donald Trump et les Républicains ont ralenti à plusieurs reprises au Congrès les plans colossaux d’aide militaire de l’administration Biden à l’Ukraine. Depuis le début du conflit, Washington est en effet à la tête des 50 pays alliés ou partenaires de l’Ukraine et a fourni plus de 64,1 milliards de dollars d’aide militaire selon un rapport du Pentagone publié le 21 octobre.
Bien sûr, nous savons que les Républicains, désormais isolationnistes, veulent mettre un terme au rôle de « gendarme du monde » des États-Unis, avec les dépenses que cela implique. Et on connaît bien sûr la fascination de Donald Trump pour les autocrates, dont Vladimir Poutine, avec qui il s’est entretenu à plusieurs reprises au téléphone après son départ de la Maison Blanche en 2020.
Zone démilitarisée et non-adhésion à l’OTAN
Mais on ne sait rien de détaillé du plan de paix que Donald Trump imagine mettre en œuvre en Ukraine. « J’ai un plan très précis pour arrêter l’Ukraine et la Russie », avait assuré l’ancien président américain lors d’un entretien en septembre, indiquant qu’il ne le dévoilerait pas afin d’entretenir l’effet de « surprise ». “Si je gagne, en tant que président élu, je ferai en sorte qu’un accord soit trouvé, c’est garanti”, a-t-il poursuivi sans donner le moindre détail.
Une semaine plus tard, son colistier JD Vance, futur vice-président, expose quelques idées dans une entrevue accordée à un podcast. La future administration Trump envisagerait d’abord d’établir une « zone démilitarisée » sur le territoire ukrainien, le long d’une ligne de front de quelque 1 300 kilomètres, sans préciser si la zone russe de Koursk, conquise par l’Ukraine ces dernières semaines, serait incluse dans cette zone. Celui-ci serait « fortement fortifié pour que les Russes n’envahissent plus le pays » a indiqué le sénateur de l’Ohio. Cette zone de démarcation gèlerait effectivement le conflit en concédant 18,2 % du territoire ukrainien aux Russes (y compris la Crimée). Il est difficile d’imaginer comment les Ukrainiens accepteraient une telle perte.
Deuxième point majeur évoqué par Vance : l’Ukraine maintiendrait son indépendance en échange d’une garantie de neutralité accordée aux Russes. Ce qui signifie que l’Ukraine ne pourrait pas rejoindre l’OTAN avant au moins 20 ans ou d’autres « institutions alliées » ; en échange, les États-Unis continueraient de fournir des armes à l’Ukraine pour dissuader une future attaque russe.
Au-delà de ces deux points, le plan de paix reste vague et ferait l’objet d’âpres batailles d’influence entre les conseillers de Trump selon le Wall Street Journal. “Trump n’a pas approuvé de plan de paix précis, ont affirmé ses alliés, notamment sur la manière dont il convaincrait le président russe Vladimir Poutine et le président ukrainien Volodymyr Zelensky de s’asseoir à la même table et de négocier”, assure le journal de la capitale américaine.
«Quiconque, quel que soit son rang dans l’entourage de Trump, prétend avoir un point de vue différent ou une vision plus détaillée de ses projets concernant l’Ukraine, ne sait tout simplement pas de quoi il parle ou ne comprend pas qu’il prend ses propres décisions. sur des questions de sécurité nationale, souvent sur le moment, en particulier sur une question aussi centrale que celle-ci », a déclaré un ancien conseiller du Conseil de sécurité nationale de Trump, cité par le WSJ.
Deux lignes parmi les conseillers de Trump
Deux lignes s’affrontent : celle de Mike Pompeo, ex-secrétaire d’État qui ferait bien au Pentagone, qui pousse pour qu’un règlement du conflit ne semble pas donner une victoire majeure à Moscou. En revanche, Richard Grenell, candidat au Département d’État ou à la sécurité nationale, semble donner la priorité au désir de Trump de mettre fin à la guerre le plus rapidement possible, même si cela signifie forcer Kiev à le faire. grosses concessions…
Concernant la zone démilitarisée, le WSJ cite un membre de l’équipe Trump qui explique que la force de maintien de la paix n’impliquerait pas de troupes américaines et ne proviendrait pas d’un organisme international financé par les États-Unis, comme les Nations Unies. « Nous n’envoyons pas d’hommes et de femmes américains pour maintenir la paix en Ukraine. Et nous ne payons pas pour cela. Demandez aux Polonais, aux Allemands, aux Britanniques et aux Français de le faire», explique ce conseiller.
Quelle ligne Trump choisira-t-il finalement entre un plan rapide dont Poutine bénéficierait trop ou une option plus complexe et peut-être plus souhaitée par l’industrie de défense américaine ? Réponse dans quelques semaines.