Titulaire d’un doctorat, membre d’une ONG suisse, auteurs de plusieurs ouvrages… Alors que la commission d’enquête russe à Moscou a annoncé ce jeudi avoir arrêté un Français soupçonné d’avoir collecté des informations sur l’armée russe, on fait le point sur ce que l’on sait de le profil de ce ressortissant.
L’homme en question est Laurent Vinatier, a indiqué l’agence d’État russe Tass. Ce Français de 47 ans travaille pour le Centre pour le dialogue humanitaire (DH), une ONG suisse, en tant que conseiller pour la Russie et l’Eurasie. L’organisation a confirmé à Reuters l’arrestation de son employé. “Nous travaillons pour obtenir plus de détails sur les circonstances (de l’arrestation) et d’obtenir la libération de Laurent”, a détaillé l’ONG auprès de nos confrères du Figaro.
Une ONG active « dans la plupart des conflits mondiaux »
Le Centre pour le dialogue humanitaire œuvre depuis 1999 pour « contribuer à prévenir, atténuer et résoudre les conflits armés par le dialogue et la médiation ». L’ONG est active « dans la plupart des conflits mondiaux avec des projets de médiation dans diverses régions d’Afrique, du Moyen-Orient, d’Eurasie et d’Asie », peut-on lire sur son site internet.
Laurent Vinatier “travaille pour une organisation non gouvernementale suisse qui a été fondée par l’ancien secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, et qui fait de la diplomatie, un travail de débat”, avait précédemment indiqué Emmanuel Macron, lors d’un entretien sur TF1 et France 2. .
Titulaire d’un doctorat
Titulaire d’un doctorat de l’Institut d’études politiques de Paris axé sur le conflit en Tchétchénie, Laurent Vinatier est également l’auteur de plusieurs ouvrages sur la Russie, le Caucase et l’Asie centrale. Avant de rejoindre l’ONG suisse, ce chercheur professionnel avait notamment travaillé avec le Comité international de la Croix-Rouge et sur le « Small Arms Survey », sur les mouvements islamistes en Syrie et dans le Caucase du Nord, rapporte le site Eurasiapeace, pour lequel il a pris la parole lors d’une conférence de presse. podcast.
Laurent Vinatier a également enseigné à l’université Bilgi d’Istanbul sur les mobilisations de la diaspora, avant de rejoindre le Centre d’études russes et eurasiennes de l’université d’Uppsala pour travailler sur les mouvements d’opposition dans les régimes autocratiques.
« Protections consulaires » activées
Laurent Vinatier devrait prochainement être inculpé pour défaut d’immatriculation comme « agent étranger » et risque jusqu’à cinq ans de prison. La Commission d’enquête de l’État russe a indiqué que le Français était soupçonné depuis plusieurs années d’avoir « délibérément collecté des informations dans le domaine des activités militaires et militaro-techniques » de la Russie.
Des centaines de personnes, militants des droits de l’homme, opposants ou journalistes indépendants, ont été qualifiées ces dernières années en Russie d’« agents étrangers », ce qui s’accompagne de strictes contraintes administratives et de l’obligation d’apparaître comme tels dans toute communication publique.
Une accusation à peine voilée d’espionnage pour le compte de Paris et rapidement démentie par Emmanuel Macron, qui l’assure : “En aucun cas il ne s’agissait de quelqu’un qui travaillait et travaille pour la France”. « Nous sommes très vigilants. Il bénéficiera de toute la protection consulaire appropriée dans un tel cas », a rassuré Emmanuel Macron.
