La visite à Jérusalem du ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a été marquée jeudi 7 novembre par un incident diplomatique. La police israélienne est entrée armée » et « sans autorisation », selon le ministre, sur le sanctuaire d’Éléona, un site géré par la France.
Jean-Noël Barrot a dénoncé un « situation inacceptable » et a refusé d’entrer sur le lieu de pèlerinage, tandis que la police israélienne a arrêté sur place deux gendarmes français.
“Le domaine Eléona (…) est un domaine qui non seulement appartient à la France depuis plus de 150 ans, mais dont la France assure avec énormément de soin la sécurité et l’entretien”, a déclaré le ministre.
Le sanctuaire d’Eleona, situé au sommet du Mont des Oliviers à Jérusalem-Est, partie palestinienne de la ville occupée et annexée par Israël depuis 1967, comprend une église, un cloître dont la construction commencée dans les années 1870 est encore inachevée et , au sous-sol, la grotte « du Pater ».
Une église en ruine
Selon la tradition chrétienne, Jésus se serait fréquemment retiré dans la grotte du Père avec ses disciples. Sur le fronton d’entrée est gravée l’inscription latine : La grotte dans laquelle le Seigneur enseignait aux apôtres sur le Mont des Oliviers ce qui signifie “ Grotte dans laquelle le Seigneur enseignait à ses apôtres sur le Mont des Oliviers ».
Sur le site a été construit pour la première fois au IVee siècle une église pour commémorer l’Ascension du Christ, sous les ordres de l’empereur romain Constantin Ier. Elle fut finalement détruite par les Perses en 614.
Au XIIe siècle, les croisés construisirent une nouvelle église en partie financée par l’évêque du Danemark qui y fut ensuite enterré avec son majordome. L’église des Croisés tomba peu à peu en ruines et à partir du XIVe siècle, ses pierres furent utilisées pour construire des tombeaux.
Le site fut finalement racheté à la fin du XIXème siècle par la princesse de la Tour d’Auvergne. Ce dernier y fit construire un cloître, dont les plans sont attribués à Eugène Viollet-le-Duc, pour encadrer la grotte. Des plaques reproduisant le texte du Pater Noster dans plus de cent soixante-dix langues sont apposées sur les murs.
La princesse fit don d’une partie de ses terres à la France en 1868. Deux autres parties furent confiées aux sœurs carmélites et aux Pères Blancs.
Avec l’église Sainte-Anne, le Tombeau des Rois et l’abbaye bénédictine d’Abou Gosh, le sanctuaire fait aujourd’hui partie des quatre territoires français de Jérusalem.