Lors de leur sommet annuel, du 22 au 24 octobre à Kazan (Russie), les Briques ont annoncé le lancement de leur propre marché aux céréalesqui pourrait ensuite être étendue aux graines oléagineuses et aux légumineuses.
Les Brics sont un groupe de neuf pays – la Russie, le Brésil, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud, l’Iran, l’Égypte, l’Éthiopie et les Émirats arabes unis – qui veulent contrebalancer les puissances économiques et politiques de l’Amérique du Nord et des Émirats arabes unis. L’Europe occidentale, en particulier réduire leur dépendance au dollar Américain.
« La Russie, d’abord exportateur mondial de blés’efforce depuis des années de développer ses propres mécanismes de fixation des prix des matières premières » pour contrer les bourses de matières premières agricoles occidentales, explique Reuters. Et ce, encore plus après le baisse des prix mondiaux céréales ces derniers mois.
Lors du sommet de Kazan, Vladimir Poutine a indiqué que cette bourse « contribuera à la formation desindicateurs de prix juste et prévisible» et «protéger les marchés nationaux des interférences extérieures négatives, de la spéculation et des tentatives visant à créer une pénurie alimentaire artificielle», relaye l’agence anglaise.
« La Russie est-elle en train de créer un nouveau canal commercial bilatéral ? », s’interrogeait Michael Zuzolo, de Global Commodity Analytics and Consulting, fin octobre, relayé par l’AFP. “La crainte est que les relations qu’ils (les Russes) cherchent à développer ne remplacent les appels d’offres et ne soient plus opaques”, au risque de nuire aux grands exportateurs qui n’en font pas partie, notamment l’Europe et les Etats-Unis.
Les Brics pèsent lourd dans le paysage céréalier mondial. Selon les chiffres du Conseil international des céréales, seuls le Brésil et la Russie ont représenté approximativement la campagne 2023/24. 27% des exportations mondiales de blé et 23% des exportations de maïs.
Mais cette nouvelle bourse agricole, qui s’accompagnera de la création d’un marché à terme, pourrait être longue et laborieuse à mettre en place. Pour des questions de transparence et la fiabilité, en particulier : on ne peut pas dire que les opérateurs du marché, notamment occidentaux, fassent confiance à un organisme dominé par des pays comme la Russie ou la Chine.
Sans de nombreux opérateurs, le marché à terme pourrait également manquer de liquidité, et donc de dynamisme.
“En raison des avantages qu’offrent les bourses établies en termes de clients, d’infrastructures, d’historique et de liquidité, il faudra un certain temps pour que la nouvelle bourse rattrape son retard”, a déclaré Yaroslav Lissovolik, directeur du groupe de réflexion BRICS+ Analytics.
Certains analystes s’interrogent enfin sur la réelle utilité de ce projet initié par la Russie, sachant que d’autres membres des Brics (Inde, Chine, Brésil et Afrique du Sud notamment) disposent déjà de plateformes d’échanges de produits agricoles bien implantées.