Le retour de Donald Trump à la tête de l’État américain et l’approche « transactionnelle » qu’il privilégie en matière de relations internationales promettent d’avoir un impact marqué sur plusieurs pays.
Publié à 00h45
Mis à jour à 5h00
L’Ukraine inquiète
La situation du gouvernement du président ukrainien Volodymyr Zelensky pourrait rapidement se compliquer avec la victoire de Donald Trump. Le président élu américain s’est vanté à plusieurs reprises qu’il pourrait résoudre le conflit sanglant avec la Russie en un jour, suggérant qu’il forcerait les parties à parvenir à un accord. Dominique Arel, spécialiste de l’Ukraine attachée à l’Université d’Ottawa, craint que le dirigeant américain veuille contraindre son homologue ukrainien à céder officiellement le territoire perdu depuis le début de l’offensive militaire en 2022 en menaçant de couper court à l’aide militaire américaine. Le président russe Vladimir Poutine, affirme M. Arel, n’acceptera pas d’abandonner son objectif de prendre le contrôle du gouvernement ukrainien. “Trump n’a pas de réel levier pour faire plier la Russie”, note l’analyste.
La Russie attentive
Le retour au pouvoir de Donald Trump n’est pas pour déplaire à Vladimir Poutine, mais le Kremlin ne voit pas son arrivée comme une forme de carte blanche. Brian Taylor, spécialiste du pays rattaché à l’université Baylor, rappelle que les relations entre les deux Etats sont restées tendues durant le premier mandat du président américain, qui comptait plusieurs conseillers hostiles à Moscou. “Son affection évidente pour Poutine n’avait pas conduit à un changement radical dans la politique américaine à son égard”, note M. Taylor. Le dirigeant russe espérait notamment obtenir la levée des sanctions imposées après la prise de la Crimée en 2014, mais il n’y est pas parvenu.
L’Europe dans une position difficile
Même s’il risque de rester sur ses gardes face à la nouvelle administration américaine, tout porte à croire que Vladimir Poutine poursuivra ses efforts de déstabilisation en Europe, note Brian Taylor. Les pressions récentes en Géorgie et en Moldavie témoignent de ces efforts. Le Kremlin souhaite également affaiblir l’Otan et se félicite que Donald Trump ait déjà critiqué le principe « d’assistance mutuelle » au sein de l’organisation. Les réserves du dirigeant américain à ce sujet placent les pays européens dans une situation difficile puisqu’ils doivent composer avec la possibilité de devoir assurer seuls la sécurité du continent, note Frédéric Mérand, professeur de sciences politiques à l’Université de Montréal. Il n’exclut pas que le président américain décide finalement de retirer le pays de l’organisation.
La Chine prête à tester Trump
Les relations entre les États-Unis et la Chine se sont considérablement détériorées lors du premier mandat de Donald Trump. Ces tensions risquent de réapparaître rapidement sur le plan économique avec l’imposition de barrières tarifaires importantes, note Serge Granger, spécialiste de l’Asie rattaché à l’Université de Sherbrooke. L’analyste s’attend également à une montée des tensions sur le plan militaire. Il estime que Pékin pourrait être tenté de tester par « une provocation » la volonté des États-Unis d’exercer une influence dans la région, par exemple en mer de Chine méridionale. La tentation pour Pékin d’attaquer Taïwan risque aussi de s’accroître avec l’arrivée aux Etats-Unis d’un président féru de « transactions » qui semble plus enclin, selon M. Granger, à chercher un avantage pour son pays qu’à agir pour défendre le droit international. .
L’Iran sous pression
Durant le premier mandat de Trump, le régime iranien a été la cible d’une campagne de « pression maximale » visant à renoncer à son programme nucléaire. Il risque cette fois de payer le prix d’un stratagème similaire, souligne Ali Vaez, spécialiste pays rattaché à l’International Crisis Group (ICG). L’assassinat par drone d’un haut commandant iranien en 2020 et les tentatives ultérieures de vengeance de Téhéran en ciblant directement Donald Trump ont exacerbé les tensions, souligne l’analyste, qui s’attend à ce que Washington accroisse la pression sur ses alliés européens pour qu’ils augmentent les sanctions. Cet effort risque de contrarier l’Iran alors que le pays est engagé dans un conflit militaire avec Israël, prévient M. Vaez.
Israël ne s’en soucie pas
Le président américain sortant, Joe Biden, et sa vice-présidente, Kamala Harris, battue mardi par Donald Trump, soutiennent l’offensive militaire menée depuis un an par l’armée israélienne dans la bande de Gaza et les opérations ultérieures au Liban. Les frappes visant le Hamas, qui ont fait plus de 1.200 morts lors d’un attentat meurtrier le 7 octobre 2023, ont fait plus de 40.000 morts côté palestinien et suscité de nombreuses critiques qui n’ont pas changé le soutien au Hamas. administration. Donald Trump entretient des liens étroits avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et il semble peu probable qu’il accroisse la pression sur la partie israélienne en faveur d’un cessez-le-feu, estime Ali Vaez de l’ICG. “Il a déjà montré qu’il savait manipuler Donald Trump pour obtenir ce qu’il veut”, note l’analyste.