Ce séisme ne pouvait pas tomber à un pire moment pour la première économie européenne, confrontée à une grave crise industrielle et s’inquiétant des répercussions sur son commerce et sa sécurité de l’élection du républicain Donald Trump à la présidence des États-Unis.
À la tête du pays depuis fin 2021, la coalition hétéroclite réunissant sociaux-démocrates et écologistes avec les libéraux du FDP s’est effondrée suite à la démission du ministre des Finances Christian Lindner et leader des libéraux.
« Nous avons besoin d’un gouvernement capable d’agir et qui ait la force de prendre les décisions nécessaires pour notre pays »» a plaidé le chancelier social-démocrate dans un discours solennel.
Devant”ultimatum” de son ministre des Finances, partisan d’une austérité budgétaire rigide, Olaf Scholz estimait qu’il n’y avait plus « suffisamment fiable pour une coopération continue ».
Les autres ministres libéraux ont annoncé leur sortie du gouvernement tard dans la soirée, privant ainsi le gouvernement Scholz de sa majorité à la Chambre.
Vote crucial à la mi-janvier
Le chancelier a annoncé qu’il demanderait aux députés le 15 janvier de décider s’il y aurait lieu d’organiser des élections anticipées.
Cette décision est l’aboutissement de mois de disputes entre les trois partis de gouvernement sur la politique économique à mener, encore accentuées lors de la préparation du budget 2025, qui doit à tout prix être achevé en novembre.
Si les élus du Bundestag souhaitaient que des élections législatives anticipées aient lieu avant la date prévue en septembre 2025, celles-ci pourraient avoir lieu. « au plus tard fin mars »et montra Olaf Scholz.
Pour son ministre de l’Économie et du Climat, l’écologiste Robert Habeck, cela ne fait aucun doute : son parti soutiendra la voie « des élections anticipées ont été ordonnées ».
Olaf Scholz et Christian Lindner ont exprimé leurs plaintes au micro.
Christian Lindner un “J’ai trop souvent trahi ma confiance”Olaf Scholz a porté plainte, dénonçant le comportement « égocentrique ».
Le champion de l’austérité budgétaire a immédiatement réagi, accusant la chancelière de diriger le pays. “dans une phase d’incertitude” avec ça « Rupture calculée de cette coalition ».
Le divorce a été enregistré après une journée de pourparlers de crise organisée à la Chancellerie pour tenter de sauver l’exécutif dirigé par Scholz à partir de fin 2021.
“Ce n’est pas un bon jour pour l’Allemagne ni pour l’Europe”» s’est plainte la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock, une autre figure du parti Vert.
Jeudi à Budapest, lors du sommet de la Communauté politique européenne (CPE), la chancelière devra s’employer à rassurer ses partenaires européens. Ainsi que le président ukrainien Volodymyr Zelensky, dont Berlin est le deuxième soutien militaire.
Les ruptures de coalition sont très rares en Allemagne et Olaf Scholz souhaitait initialement diriger sa coalition jusqu’aux prochaines élections législatives prévues le 28 septembre 2025.
Mais l’équipe gouvernementale est minée depuis des mois par des désaccords politiques, notamment sur l’économie et l’immigration, et par des querelles personnelles.
L’ombre de Trump
Sans les libéraux et donc sans majorité au Parlement, Olaf Scholz espère encore pouvoir tenir quelques mois pour diriger un gouvernement minoritaire et faire voter quelques lois.
Il a déclaré qu’il proposerait de le faire au chef de l’opposition conservatrice CDU-CSU, Friedrich Merz. « Travailler ensemble de manière constructive sur des questions cruciales pour notre pays »notamment en matière d’économie et de défense.
Olaf Scholz espérait que l’élection de Donald Trump, partisan du protectionnisme et de la confrontation diplomatique, obligerait sa coalition à resserrer les rangs.
Mais c’est le contraire qui s’est produit. Selon le FDP, les élections aux Etats-Unis rendent encore plus urgent un changement de cap économique en Allemagne.
Si des élections avaient lieu demain, selon les sondages, l’opposition conservatrice l’emporterait avec plus de 30% des voix et son leader Friedrich Merz serait le favori pour le poste de chancelier.
Mais même lui aurait du mal à former une coalition majoritaire, l’AfD d’extrême droite arrivant en deuxième position dans les sondages d’opinion.