Le responsable de Predict, qui soutient les communautés confrontées au risque hydrométéorologique, évoque les inondations tragiques dans la région de Valencia.
Avez-vous des clients à Valence que vous avez pu prévenir à temps ?
Parmi nos partenaires, nous avons des constructeurs qui ont des sites partout dans le monde, dont un constructeur automobile situé au sud de Valence. Nous les avons prévenus sur le même principe que ce que nous faisons en France. Nous avons déployé lundi le protocole de communication pour les inviter à la vigilance. Lundi soir nous leur avons envoyé la confirmation. Mardi matin, nous leur avons envoyé un message de sécurité au vu de la cellule en V qui était installée avec une pluie stationnaire. Nous avons parlé au téléphone avec le chef du groupe pour le prévenir de la gravité de l’épisode. Ils ont dit au personnel de ne pas rentrer chez eux et ont réservé des chambres d’hôtel pour empêcher les employés de conduire. Pour nos équipes, la frustration est grande d’avoir suivi, fait passer le message à certains et vu les conséquences. C’est lourd à porter.
Le système d’alerte est remis en cause après le lourd bilan en Espagne. Existe-t-il un équivalent de Predict ?
Les services météorologiques sont très pertinents. Ils ont détecté l’épisode et déclenché l’alerte rouge. Les services d’urgence sont également d’un très bon niveau. Il n’y a pas d’équivalent à Predict. En France, avec la loi de modernisation de la sécurité en 2004 avec la création de plans communaux de sauvegarde et la sensibilisation des citoyens, les mentalités ont évolué. Il y en a toujours qui tentent de franchir un gué, mais la culture du risque s’est développée. Ce n’est pas forcément pareil partout dans le monde. Predict s’appuie sur un système d’alerte précoce qui repose sur quatre piliers : connaître le zonage inondable, se préparer en regardant si un pont ou une école doit être fermé, suivre la situation en temps réel puis diffuser l’information. Entre septembre et octobre, les assureurs ont envoyé 20 millions de SMS pour diffuser des messages de sécurité à leurs assurés.
Comment expliquez-vous que les Français soient arrivés sur certains sites avant même que les secours soient apportés ?
Ce n’est pas mon rôle de commenter. Il faut rester humble. Nous participons à un projet européen dans lequel nous travaillons depuis quatre ans avec les services de sécurité civile des pays voisins pour partager nos pratiques. Nous fournirons des commentaires. Il est important de ne pas réagir rapidement car les gens sont encore émotifs. Il faut froidement calculer ce qui s’est passé, il est encore trop tôt pour tirer des conclusions.
Le bilan provisoire fait état de 219 décès, cela ne serait-il pas possible en France ?
Le dernier épisode le plus important en France a été la tempête Alex dans l’arrière-pays niçois, il y avait 20 personnes portées disparues. Il est tombé 600 mm en 8 heures, c’est un événement météorologique supérieur à Valence. Dans les retours d’expérience, on constate que toutes les communes ont mis en sécurité 3 000 personnes. Évacuations de maisons de retraite, de lotissements, de parkings, fermetures de ponts. Il faut mettre en valeur le travail des maires et des services de secours. Je ne dis pas qu’une catastrophe n’est pas possible, mais en travaillant sur cette chaîne complexe avec tous les acteurs on minimise les conséquences de ce type d’événement.
L’automne a été très pluvieux. Faut-il encore craindre des épisodes à risque ?
Notre bouclier anticyclonique tient encore jusqu’au week-end prochain. Lorsque la Méditerranée est chaude, ce type d’épisode peut arriver un peu plus tard. Cela s’est produit en décembre 2003 avec la crue du Rhône. Nous ne devons pas baisser la garde.
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