De Brovès, il ne reste que quelques maisons en ruine. Et des souvenirs rares dans la mémoire des derniers à avoir connu le petit village du Haut-Var.
En 1974, elle fut rayée de la carte. Dans le but de créer le camp militaire de Canjuers, le plus grand d’Europe, les habitants furent expulsés. D’un coup de gomme, l’administration fait disparaître la commune dont l’état civil est transféré à Seillans, 30 km plus au sud. « Sur leurs papiers d’identité, les enfants du village ont vu leur lieu de naissance changer : la mention « né à Brovès » a été remplacée par « né à Seillans » »raconte Anaïs Grand, journaliste à C’était le matin.
Peu d’archives
Depuis six mois, en marge de ses reportages quotidiens dans la région de Draguignan où elle est en poste pour votre journal, la jeune femme de 25 ans a souhaité remonter le fil de cette histoire oubliée et mal documentée. « Dans les archives, il n’y a pas grand-chose qui raconte ce qu’était Brovès, comment les gens y vivaient et comment le village a disparu »poursuit Anaïs. Peu de photos, pas de films, de rares articles de presse qui évoquaient principalement le futur camp militaire… c’est donc sur les traces des derniers habitants que s’est lancée la journaliste, aidée dans sa démarche par l’association des Anciens et Amis de Brovès.
“Certains étaient ravis de pouvoir enfin dire ce qui leur tenait à cœur depuis 50 ans ; d’autres ont eu du mal à se confier tant la plaie est encore ouverte »dit le journaliste.
Sa série de 16 pages sur Brovès, parue cet été aux éditions Draguignan-Brignoles de C’était le matinet sur notre site vient d’être récompensé. La Fondation Varenne lui a décerné ce mardi son prix 2024 dans la catégorie « jeune journaliste ». Depuis 1989, ce concours récompense chaque année le travail de sept journalistes.
“Je suis très honoré de recevoir ce prix. Je suis avant tout très fier de travailler dans un journal où il est possible de traiter ce type de sujets, sur une longue période, où notre rôle de journaliste prend tout son sens.analyzes Anaïs Grand.
Qui porte bien son nom.