Ottawa-Gatineau — Le prix a été décerné à l’auteure franco-ontarienne pour son roman Rose du Déserta précisé l’organisme, qui lui a remis son prix dans le cadre du Salon du livre afro-canadien qui se tenait à Ottawa, le vendredi 25 octobre.
Ce roman de science-fiction destiné – comme bien d’autres récits et bandes dessinées de Michèle Laframboise – aux adolescents met en scène Rose, une jeune femme qui, comme les autres habitants de sa planète Sérail, tente tant bien que mal de survivre.
“L’auteur réussit magistralement à présenter la voix de Rose, un personnage authentique, à la fois fort et vulnérable”, évoluant dans ce “milieu précaire”, a estimé le jury, saluant “une histoire captivante” et “débordante d’imagination”, signée d’un « plume habile ».
Face à de nombreux défis, la « fougueuse » Rose découvrira ses propres forces et ressources, mais aussi « celles de sa communauté, où chaque individu est appelé à jouer un rôle », ont souligné les membres du jury, Tina Charlebois, Micheline Marchand. et Marie-Thé Morin, dans un communiqué.
« Contribution majeure » à la littérature ontarienne
La présidente de l’AAOF, Marie-Josée Martin, a adressé ses « chaleureuses félicitations » à Michèle Laframboise, « une auteure au grand cœur et à l’imagination débordante ».
« Ce prix confirme une fois de plus sa contribution majeure à la littérature jeunesse en Ontario », a ajouté Mme Martin.
« En mots ou en images, les récits de Michèle entraînent ses lecteurs dans des univers empreints de poésie à la rencontre de personnages inoubliables », précise l’AAOF.
Scientifique de formation (elle est diplômée en géographie et en ingénierie), Michèle Laframboise a expérimenté différents styles littéraires, mais a un goût prononcé pour les récits de science-fiction, genre auquel elle revient régulièrement, créant des intrigues complexes. .
Tout au long de son œuvre, elle a créé des mondes élaborés – dont l’univers des « Jardiniers », dans lequel elle a représenté des écosystèmes planétaires aussi riches et variés que les sociétés humaines qui les peuplent.
La Franco-Ontarienne a publié dix-neuf romans et plus de soixante-dix nouvelles, ainsi que Maîtresse des vents la bande dessinée – qu’elle a également illustrée.
On lui doit notamment les romans d’anticipation Le projet Ithuriel et Les secrets de Paloma (éditions David), situé dans le même univers que Rose du Désert; les deux histoires partagent également plusieurs personnages.
Branches à grimper
Ce prix «était un peu inattendu, et je suis très heureuse», a réagi Michèle Laframboise, rencontrée le 19 octobre au Salon Steampunk de la capitale, où elle est venue dédicacer certaines de ses plus récentes publications.
Un tel coup de projecteur « nous permet d’être un peu plus visibles, de piquer la curiosité des médias et de sortir un peu du trou dans lequel nous sommes ». [les auteurs] a tendance à s’enfermer, seul dans sa cave », concentré sur la construction d’une histoire.
« Je suis particulièrement fier de cette histoire… et très reconnaissant [envers] Les Éditions David, qui ont réussi à le rendre encore plus accessible », ajoute-t-elle.
Avant d’être repris par un éditeur, un roman, c’est « un peu comme un tronc, un arbre auquel il manque des branches, et c’est difficile de monter au sommet de son histoire ; le rôle d’une maison d’édition est de faire pousser les branches pour que le lecteur puisse plus facilement atteindre les feuillages et goûter les fruits, illustre Michèle Laframboise – qui a souvent auto-publié.
« Cerveau capricieux »
Le récit est l’occasion pour son auteur d’explorer les thèmes de la neurodivergence et de la diversité sexuelle.
Son protagoniste vit en effet avec un TDAH : étant médiocre en mathématiques et en sciences à cause de son manque d’attention, « Rose se perçoit comme inutile et incapable », explique Michèle Laframboise. Son personnage « tourmente constamment son cerveau « capricieux » » tandis que, souvent, 1001 idées « explosent » dans son esprit de manière chaotique ou cacophonique.
L’adolescente est également asexuelle, indique l’auteur. Rose découvrira qu’elle n’éprouve aucun désir sexuel envers qui que ce soit. Mais la jeune femme va découvrir qu’elle est aussi « a-romantique », une condition que peu de gens autour d’elle peuvent comprendre. Seuls deux personnages, Warbler et Eaglet, « finiront par accepter Rose telle qu’elle est », suggère-t-elle.
«rose du désert, qui parle de neurodiversité, peut faire du bien, et il est important pour moi de savoir que tous ceux à qui ce livre peut faire du bien auront plus de chances de connaître son existence », poursuit-elle.
« Rose est une personne [dont le] le cerveau fonctionne différemment. […] Le défi, pour moi, était d’écrire cette histoire du point de vue de cette personne, qui a un vocabulaire limité, qui a des défis cognitifs, des lacunes qui peuvent parfois poser des problèmes à sa petite communauté. .. et réussir quand même à faire avancer ce récit d’aventures » puisque le personnage « apprend à puiser d’autres ressources en lui-même », suggère Michèle Laframboise.
Dans notre réalité, « Rose serait considérée comme quelqu’un sur le spectre autistique », mais dans ce futur lointain et cette planète que dépeint l’auteur, « le vocabulaire a évolué, le mot [autisme] n’existe pas, mais les lecteurs dotés – comme Rose – d’un « cerveau capricieux » pourraient bien trouver un certain réconfort dans cette représentation positive de la neurodiversité, suggère Michèle Laframboise. Ils pourraient même comprendre intimement, et mieux que d’autres, comment « les défis cognitifs de l’adolescente lui donnent envie de ‘frapper’ à ses devoirs de mathématiques », ajoute-t-elle, tout sourire.
Parallèlement, Michèle Laframboise indique que le public de la région pourra la rencontrer lors du prochain Rendez-vous de la BD de Gatineau (dont les dates n’ont pas encore été annoncées, mais qui se tient habituellement en début d’année). du mois de décembre), où elle présentera Le jardin du généralqui suit Maîtresse des vents, deux histoires de science-fiction se déroulant dans l’univers des Jardiniers.
Prix biennal
Le Prix AAOF Jeunesse est décerné tous les deux ans depuis octobre 2018, en alternance avec le Prix AAOF Émergent de Littérature.
Financé par le Fonds Françoise-et-Yvan-Lepage (AAOF) de la Fondation franco-ontarienne, il est doté d’une subvention de 2 000 $ – à laquelle s’ajoute 1 000 $, spécifiquement destinée à la promotion de l’œuvre lauréate.
« Ce Prix, qui s’adressait à l’origine aux auteurs jeunesse émergents, a fait peau neuve en 2020 pour permettre à tous les auteurs jeunesse d’être désormais éligibles », rappelle l’organisme.