J’ai pu voir Sous la Seine (Netflix), le premier film parisien sur les requins de l’histoire (et j’ai même rencontré sa star sur une péniche !)

Malgré la centaine de dérivés du genre depuis la sortie de Les Dents de la mer (1975), on n’a jamais vu un seul film sur les requins… à Paris. C’est désormais chose faite avec Sous la Seine, une production française assez inédite qui arrive ce mercredi 5 juin sur Netflix. Je me suis plongé dans cette histoire de requin et j’ai même pu rencontrer sa star (pas le requin, non).

Bande-annonce du film Sous la Seine / J’ai pu voir le premier film parisien sur les requins de l’histoire du cinéma (et j’ai même rencontré sa star sur les bords de Seine !) © Netflix

Requin tornade, requin alligator, requin à deux têtes, requin des sables (oui), requin poulpe, requin fantôme, requin des neiges (encore : oui), requin dinosaure… Depuis le méga-succès vidéo du premier opus de la production The Asylum SharknadoJ’ai pu goûter comme beaucoup de spectateurs passionnés de films »tellement mauvais qu’ils deviennent bons» aux pires histoires de requins jamais réalisées à l’écran. Ou le meilleur, ça dépend.

Parce que longtemps après le triomphe de Dents de mer dans la culture populaire – je ne veux pas vous déprimer, mais le film aura cinquante ans l’année prochaine – ce sont ces bourrins bénévoles du direct-to-video qui sont venus redonner vie à un sous-genre étrangement étrange du cinéma d’horreur inépuisable : le requin film. Un grand podcast français initié par l’un des experts du site Nanarland le démontre : Défilé des requins. Dans chaque épisode, deux films sur les requins sont passés en revue. Il y a déjà 60 épisodes. Faire le calcul.

Oui, mais voilà, si l’on estime qu’il existe plus d’une centaine de ces « films de requins », dont un curieux exemplaire français (l’extrêmement déconcertant L’année du requin) il manquait une certaine folie dans nos vies, et dans la mienne d’ailleurs : le film parisien sur les requins. Pas de requin hipster, mais un concept high : jeter un requin dans la Seine, et voir ce qui s’y passe. C’est le pitch un peu fou de Sous la Seineà découvrir sur Netflix ce 5 juin. Plus précisément, un requin macko (l’espèce la plus rapide : il peut atteindre 100 km/h en pointe) est retrouvé à Paname et génère la zizanie, entre politiques irresponsables, militants souhaitant le sauver, dépassés. les autorités…

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Alors que le contexte des Jeux olympiques a suscité la folie sur les réseaux sociaux en raison de promesses très médiatisées (certains dirigeants jurent désormais de se baigner dans la Seine, car pourquoi pas), le nouveau film de Xavier Gens arrive à point nommé – d’autant qu’il met en scène une fausse Valérie Pécresse qui pourrait concourir aux Césars. J’aurais été coupable de ne pas me plonger dans ce projet unique – car de ma mémoire, on n’a jamais vu de requins envahir notre bonne vieille Seine.

J’ai donc tenté l’expérience pour vous… Et j’ai même rencontré sa star, à bord d’une péniche. Tout cela est très cohérent.

La fausse Valérie Pécresse m’a eu avec quelques punchlines (mais ce n’est pas non plus le coeur du projet, n’est-ce pas)

Avec son principe savoureux, Sous la Seine m’apparaît sur le papier comme un film à regarder entre amis et avec beaucoup de dérision : cela me ramène aux productions aquatiques les plus drôles, Effrayé de Renny Harlin (entré dans l’Histoire pour cette scène de mort mythique) À Piranhas 3D d’Alexandre Aja – un autre Frenchie passé par Hollywood, comme Xavier Gens, justement.

Oui, mais voilà : j’avais complètement tort.

Parce que ce qui me frappe dès les premières minutes, c’est au contraire un premier degré absolu. Oui, cette plongée en eaux troubles (super troubles : on parle encore de la Seine) est ponctuée d’humour, de son dernier acte de trop à son faux Maire de Paris que je vous laisse découvrir avec joie. On lui doit les répliques les plus salées de ce blockbuster jambon-beurre. Mon préféré ? “S’il y a effectivement des requins dans la Seine, j’en serai heureux, cela prouverait que notre projet de dépollution a bien fonctionné !« . Clin d’oeil clin d’oeil.

Mais c’est surtout la tension qui prime, et une certaine intensité. L’intensité physique, avant tout. Cela se ressent dans les séquences mettant en scène sa star : Bérénice Bejo, une de nos plus grandes actrices françaises.

Bérénice Bejo est une interprète capable de se glisser sous le regard acéré du cinéaste iranien Asghar Farhadi (Le passéqui lui vaut un Prix d’interprétation à Cannes) aux comédies fantaisistes de Michel Hazanavicius – comme le film muet L’artiste, dont elle sortit césarisée. Lors d’un entretien sur les quais de Seine, sur une péniche dans le XIIIe arrondissement, l’actrice a approuvé mes déclarations…

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Clairement, ce tournage est à un bon niveau dans ma carrière !», me raconte Bérénice Bejo. “Cela nécessitait une préparation mentale et physique. J’ai passé cinq semaines dans l’eau. C’est fatigant, tu le sens en rentrant le soir… Tu as tout le temps conscient des dangers lorsque l’on est équipé, chacun doit veiller à tant d’étapes et de détails avant même d’être immergé dans l’eau !« .

C’est la première fois que je vois une séquence comme celle-là dans 200 films sur les requins… (pas de spoiler : c’est au tout début)

Cette préparation physique intense a même lieu bien avant le tournage. Bérénice Bejo a suivi deux mois de cours de plongée dans une immense piscine pour s’entraîner à raison de deux séances de quatre heures par semaine. Apnée, port et retrait spontané du masque, contrôle de l’oxygène, tout est fait pour que le rendu à l’écran soit solide. Un côté « survie » qui me fait penser à la phrase d’accroche du film, signée Charles Darwin : «Les espèces qui survivent ne sont pas les plus fortes mais celles qui s’adaptent le plus aux changements« .

Un film sur les requins qui cite Darwin ? Pourquoi pas. Parce que Sous la Seine même s’il a pu déclencher de nombreuses réactions cocasses sur les réseaux, ce qu’il dit n’est pas stupide. Je ne m’y attendais pas, mais la scène qui m’a le plus saisi n’a rien à voir avec une attaque de requin : c’est l’ouverture du film, qui nous présente, au plus près des vagues, un océan recouvert… de plastique. Une vision d’horreur malheureusement terriblement réelle. Je n’ai jamais vu ça dans un film sur les requins, même les plus réalistes, comme le traumatisant Le large. Ces montagnes de déchets restent constamment hors champ, même s’ils existent, et menacent – ​​eux !

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Le grand méchant de ce film n’est pas le requin (une espèce rarement montrée : le requin macko, loin de l’éternel grand requin blanc) mais plus encore, le look qu’on lui donne, et l’environnement qu’on lui impose. De cet océan de plastique aux personnages de militants écologistes incarnés, Xavier Gens insiste sur ce discours. Logique quand on sait que sur quatre cents espèces de requins, seules vingt sont réellement dangereuses pour nous, les humains.

S’il y a un monstre dans ce film, c’est nous, ce que nous faisons à notre monde, à notre planète.Bérénice Bejo m’explique tandis que les vagues de la Seine tourbillonnent dans son dos. “Ce projet d’ouvrir l’océan de plastique est encore loin de la réalité, ce qui est pire : car le plastique n’est pas seulement à la surface, il est aussi dans les profondeurs !Et Le requin, c’est clair, est une espèce en voie de disparition, cruciale pour nos écosystèmes, et nous devons essayer de la sauver. J’espère que ce film incitera les gens à regarder des documentaires ou à écouter un podcast que j’adore – Le Monde des Vivants – même s’il ne s’agit que de trois ou quatre personnes !

Loin des cheveux dans la soupe (ou sur la Seine) cette ambiance écolo donne même lieu à des répliques acerbes. Comme cet échange qui me semble très approprié : «Que ferait un requin à Paris ? « Quant au béluga, vous ne vous êtes pas posé la question, n’est-ce pas ?. Une référence incisive à ce pauvre béluga trouvé en 2022 dans la Seine, près de l’écluse de Saint-Pierre-La-Garenne, et qui n’a pu être sauvé. Il est certain que certaines personnes avaleront mal leur pop-corn. Après Vermineun autre film de genre Frenchie très intelligent à cet égard, Sous la Seine rappelle à l’unisson qu’on ne peut plus bêtement diaboliser les « gens stupides » sous prétexte de divertissement. De vous à moi, ce n’est pas trop tôt ! Bien joué.

 
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