Un an après les incendies de forêt, Clova n’abandonne toujours pas

Il y a un an, le Québec luttait contre certains des incendies de forêt les plus dévastateurs de son histoire. La Mauricie a été touchée, particulièrement dans le Nord, dans le secteur Clova. François Legault dit même avoir été contraint d’abandonner à lui-même le petit hameau situé à plus de 200 kilomètres de la ville de La Tuque. Un an plus tard, les citoyens vivent toujours avec les séquelles de la catastrophe.

Le ciel est sombre fin mai à Clova. Il pleut fort. Pourtant, les résidents de ce petit hameau de la Haute-Mauricie ne se plaignent pas. Marie-Claude Lachance, la facteur du village, a le sourire aux lèvres. La pluie est accueillie ici comme un sauveur… comme un présage de sécurité.

Il y a un an aujourd’hui, Clova était encerclée par les flammes.

En juin 2023, des feux de forêt menaçaient la municipalité de Clova, un secteur de La Tuque situé en Haute-Mauricie.

Photo : gracieuseté de Jannie Lalonde

Et le premier ministre du Québec, François Legault, a condamné le village à une mort certaine. résidents, nous semblons avoir perdu le contrôle. Il va falloir laisser Clova brûler », « texte » : « Ici malheureusement, Clova, 36 habitants, nous avons perdu le contrôle. Nous allons devoir laisser Clova brûler. »}} »>Ici malheureusement, à Clova, 36 habitants, nous avons perdu le contrôle. Il va falloir laisser Clova brûler, a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse. Une bévue que personne ici n’est prêt à oublier.

C’est comme si c’était une trahisonse souvient Marie-Claude Lachance. Nous ne contrôlons plus rien.

Pour ceux qui y habitent, Clova, c’est bien plus que quelques chalets et pourvoiries. Il y a de la vie ici. On entre et sort du restaurant toute la journée… le cœur battant du village.

Cela a choqué le monde, puis cela a donné aux habitants d’ici l’énergie de dire : Hé ! nous ne sommes pas brûlés, et nous ne brûlerons pas non plus ! » raconte Pierre Meilleur, résident de la municipalité.

La nouvelle s’est rapidement répandue dans tout le sud de la province. C’est la panique, mais en dehors de Clova.

Dès que Legault a dit ça, le téléphone s’est mis à sonner ici à Clovaajoute Pierre Meilleur.

Les incendies frôlaient les chalets de la Pourvoirie du Lac-Tessier. Son gérant, Daniel Lanthier et quelques autres résidents ont choisi de demeurer à Clova et de se défendre.

Nous avons arrosé ce que nous pouvions. Nous essayions de minimiser ce qui se passait ici. Nous avons aussi creusé une tranchée. Le même principe que fait la SOPFEU, un coupe-feu.

Les pourvoyeurs s’habituent à l’idée. La saison est dans l’eau.

Juin est normalement, pour la majorité des pourvoiries, le mois le plus important de l’année. Ce n’est pas loin de 60% du chiffre d’affairesexplique Daniel Lanthier.

Quelques kilomètres plus loin, Air Tamarac, qui assure les liaisons avec les pourvoiries, souffre également. Jean Blanchard, actionnaire de l’entreprise, explique que les pertes générées ne seront jamais récupérées.

Nous vendons un service, nous vendons du temps, nous vendons des semaines de chasse et de pêche. Lorsqu’il est perdu, ce n’est pas comme un inventaire que vous pourriez vendre sur une étagère. Ce temps est perdu à jamais, nous ne pouvons plus recommencer.

C’est une catastrophe naturelle et financière pour l’industrie du tourisme.

En termes de pertes par semaine, c’était comme le COVID qu’on revivait. Sauf que les aides financières n’étaient pas les mêmes que pendant la COVID. Les incendies font plus mal que le COVIDrésume Jean Blanchard.

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Les coupes préventives n’ont pas suffi à empêcher la propagation des incendies.

Photo : Radio-Canada / Yoann Dénécé

Lorsqu’on a demandé au conseiller municipal du district Parent, Éric Chagnon, si la Ville de La Tuque était prête à faire face à la situation, il a répondu spontanément : Définitivement pas!

Les feux de forêt font partie du paysage du secteur, mais l’édile estime que Québec et la Ville de La Tuque ont des leçons à tirer de cette épreuve. Quand nous sommes arrivés sur place, c’était un décor de fin du monde. Je pense que nous aurions dû envoyer des gens là-bas pour superviser. Toute notre vie est ici. Notre travail est ici, nos maisons sont ici, nos chalets, nos terrains de chasse, nos terrains de piégeage, nos lacs où nous allons pêcherdit le conseiller municipal.

Les pompiers de la Ville de La Tuque se disent limités dans leurs actions.

Le mandat du service d’incendie d’une municipalité n’est pas de gérer les feux de forêt. Notre mandat est d’assurer la sécurité des personnes.

Une citation de André Vézina, directeur du Service d’incendie et de sécurité civile, Ville de La Tuque

Les pompiers admettent toutefois que les incendies de 2023 ont été pédagogiques. La Ville participe à un projet pilote pour mieux préparer la prochaine fois. Nous commencerons à travailler l’année prochaine sur les mesures d’atténuation. Surtout dans les zones périurbaines.

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Dominic Vincent est le propriétaire de l’Auberge Restaurant Clova 11

Photo : Radio-Canada / Yoann Dénécé

Pour Dominic Vincent, propriétaire de l’Auberge Restaurant Clova 11, le mal est fait. Face au désert de plusieurs kilomètres qui entoure Clova, il se rend compte qu’il faudra de nombreuses années pour que la forêt se régénère.

Il dit avoir vécu le feu de l’intérieur.

Nous pouvions voir le feu. On voyait qu’il était rouge. Le gros qui était là derrière, il était vraiment énorme, il était long. Il faisait une quinzaine de kilomètres de long. On avait l’impression que le feu était là, derrière la montagne, derrière la tour.

Une citation de Dominic Vincent, propriétaire de l’Auberge Restaurant Clova 11

Contrairement à Dominic Vincent, Marie-Claude Lachance a décidé d’obéir à l’ordre d’évacuation.

Nous sommes partis rapidement, en une heure, nous étions partis quand ils nous ont demandé de partir. Nous avons apporté nos passeports, nos testaments, ce genre de choses. Mon sac à main est resté ici. Quand nous sommes revenus et avons vu que tout était là, j’ai pleuré de joie. Je n’arrêtais pas de dire merci à la vie.

Elle est restée marquée.

C’était beaucoup d’émotion, beaucoup de stress. On ne pouvait pas sortir, c’était étouffant. Puis, parfois même dans la maison, ça commençait à sentir mauvais.

Elle ne veut plus jamais revivre l’horreur des incendies.

Je suis encore un peu inquiet. Souvent, je mets mes animaux dehors le soir et je vais sentir. Je sentirai toujours. C’est comme une habitude. Je vais sentir, être sûr que tout est beau, qu’on peut dormir.

Dormir profondément est son seul souhait.

>>Marie-Claude Lachance sourit à la caméra.>>

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Marie-Claude Lachance est facteur à Clova.

Photo : Radio-Canada / Yoann Dénécé

La déclaration incendiaire de François Legault a eu pour effet de rassembler plus que jamais les gens du village.

Nous pouvons le remercier pour le coup de pouce publicitaire qu’il nous a donnéconcède Dominique Vincent.

La fierté des petits habitants du petit hameau est inébranlable.

C’est un nouveau départ.

Clova est forte. Clova n’a pas brûlé.

 
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