Les quelque 5 000 employés de la Société des alcools du Québec (SAQ) ont lancé une nouvelle fois lundi une grève surprise d’une journée, déplorant « l’impasse » qui persiste à la table de négociation.
Il s’agit du cinquième débrayage surprise des employés affiliés au Syndicat des employés de magasin et de bureau. SAQ.
Le débrayage d’aujourd’hui est stratégique dans la mesure où c’est lundi que les succursales reçoivent les livraisons des entrepôts. Employés d’entrepôt SAQ ne sont pas membres du même syndicat; ils ne sont donc pas en grève.
Le syndicat dispose d’un mandat de grève de 15 jours à exercer au moment opportun. Deux journées de grève ont déjà eu lieu en avril et deux autres en octobre.
Malgré la grève, la direction du SAQ a indiqué que plusieurs succursales gérées par des cadres étaient ouvertes depuis midi.
Pendant ce temps, des centaines de syndiqués se sont rassemblés au World Trade Center à Montréal en fin de matinée pour manifester contre la lenteur des négociations en vue du renouvellement de leur contrat de travail.
Des centaines de grévistes de la SAQ ont envahi le World Trade Center au centre-ville de Montréal.
Photo : Radio-Canada / Jean-Philippe Hughes
Nous sommes ici pour que les négociations puissent s’ouvrir et avoir enfin lieu, également parce que nous négocions depuis presque deux ans. Nous devons parvenir à une conclusion.
Depuis des mois, les négociations piétinent sur la question des salaires, des assurances collectives et du nombre de postes à temps partiel dans l’entreprise.
Les négociations se poursuivent entre les parties ; une autre réunion est également prévue mardi, a indiqué Lisa Courtemanche, présidente du syndicat.
La balle est dans le camp de l’employeur. Il a actuellement tout en main pour résoudre ce problème. Nous sommes en négociations depuis 22 mois ; Cela lui met la pression, il doit l’avoir, en ce moment, pour ne pas « gâcher » le Noël des consommateurs.
» a ajouté Lisa Courtemanche lors du rassemblement au centre-ville de Montréal.
Nous avons fait plusieurs concessions pour l’organisation du travail et pour la flexibilité des SAQ. Il est temps [pour la partie patronale] de reconnaître les efforts que nous avons déployés dans cette négociation en limitant les suppressions d’emplois, en protégeant notre socle d’emploi et en payant ce qui nous est dû
a expliqué Mme Courtemanche avant le rassemblement.
Malgré les efforts des gestionnaires, de nombreuses succursales resteront fermées lundi au Québec. Lors du dernier jour de grève, le 18 octobre, seules une soixantaine d’agences restaient ouvertes.
Nous espérons régler avant Noël
» affirme la présidente de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), Caroline Senneville. Pour négocier, il faut de la bonne foi, il faut de l’ouverture, il faut de l’écoute. Nous ne pouvons pas passer d’un ultimatum à un autre.
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Près de 200 syndiqués de la SAQ du Saguenay-Lac-Saint-Jean étaient en grève lundi.
Photo: Radio-Canada / Rosalie Dumais-Beaulieu
Payer avant les vacances
De son côté, la direction dit aussi vouloir régler la situation avant les fêtes.
Cependant, elle s’est dite déçue que les membres du syndicat aient décidé de mettre fin à leurs fonctions alors que les négociations se poursuivent. Une réunion doit avoir lieu mardi.
Depuis les journées de grève des 17 et 18 octobre, nous avons tenu plusieurs réunions sur le volet monétaire et, même s’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour trouver un terrain d’entente, les discussions se sont poursuivies. A l’approche des fêtes, nous réitérons notre volonté de résoudre cet accord afin de revenir à la normale tant pour nos salariés que pour nos clients.
La direction a déclaré espérer que les clients qui fréquentent encore une succursale ne subiront pas les répercussions du conflit de travail. Nous espérons également que cette journée de grève se déroulera dans le respect et que l’expérience des clients qui choisissent de venir dans nos succursales aujourd’hui sera à la hauteur de nos valeurs et des normes qui nous guident.
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Les négociations butent sur la question des salaires, des assurances collectives et du nombre élevé de postes à temps partiel dans l’entreprise.
Photo: Radio-Canada / Antoine Desrosiers
Propositions
Le syndicat réclame surtout une amélioration des conditions de travail des salariés à temps partiel ainsi qu’une meilleure assurance et un meilleur accès à celle-ci. Environ les deux tiers des salariés de SAQ sont à temps partiel et mettent une douzaine d’années pour obtenir un poste permanent avec des horaires et une rémunération stables, selon le syndicat.
Les salariés réclament une protection du nombre de postes permanents, qui concernerait environ 30 % des effectifs.
C’est quand même extraordinaire de voir que si vous travaillez chez McDonald’s, vous aurez accès à une assurance plus rapidement que si vous travaillez chez McDonald’s. SAQmême si c’est quand même une société d’État qui rapporte plus d’un milliard de dollars au Québec
déplore Caroline Senneville, du CSN.
La plus récente augmentation proposée par le SAQ se situe autour de 16,5% sur six ans, ce que le syndicat juge trop faible. Il a soumis une contre-offre de 20 % sur cinq ans. A titre de comparaison, le Front commun du secteur public a réalisé une augmentation de 17,4% sur cinq ans grâce aux dispositions anti-inflationnistes.
La SEMB-SAQ–CSN et la société d’État négocient depuis près de deux ans une nouvelle convention collective. Les salariés sont sans contrat de travail depuis le 31 mars 2023.
Avec les informations de La Presse Canadienne