Si la ministre allemande a réitéré le soutien de son pays à l’Ukraine, confrontée à l’invasion russe depuis près de trois ans, elle n’a pas publiquement apporté de réponses concrètes aux doléances de Kiev. Ce huitième voyage de Mme Baerbock en Ukraine depuis le début de l’attaque russe à grande échelle intervient à un moment critique.
L’armée ukrainienne, manquant d’hommes et de munitions, notamment en raison des retards de l’aide occidentale, se replie depuis des mois sur le terrain. Selon Kyiv et ses alliés, elle doit désormais également affronter les soldats nord-coréens.
Lundi 4 novembre au soir, Volodymyr Zelensky a affirmé que 11 000 soldats envoyés par Pyongyang se trouvaient dans la région de Koursk, frontalière de l’Ukraine, où le Kremlin tente depuis août de repousser une offensive des forces de Kiev, dont des dizaines de localités y ont été saisies. “Nous constatons une augmentation du nombre de Nord-Coréens mais aucune augmentation de la réaction de nos partenaires occidentaux”, a déploré le président ukrainien dans son discours quotidien.
Salutations. Lors d’une conférence de presse avec son homologue ukrainien Andriï Sybiga, Annalena Baerbock n’a pour sa part évoqué que l’« aide » militaire reçue par Moscou de la Corée du Nord, sans autre déclaration. “Je sais à quel point certains débats en Allemagne semblent effrayants dans vos pays”, alors que “certains de mes compatriotes doutent du soutien allemand” à l’Ukraine, a reconnu Mme Baerbock.
“C’est pourquoi je le répète très clairement (…) nous serons fermement à vos côtés aussi longtemps que vous aurez besoin de nous”, a-t-elle souligné. Signe d’une alliance toujours plus visible, le président russe Vladimir Poutine a reçu lundi au Kremlin le chef de la diplomatie nord-coréenne, Choe Son Hui, qui lui a transmis les salutations « très sincères » du leader Kim Jong-A.
Moscou et Pyongyang n’ont cependant ni confirmé ni infirmé la présence de ces troupes en Russie. Volodymyr Zelensky avait déjà fustigé la semaine dernière l’Occident pour sa réponse « zéro » à la présence de soldats nord-coréens en Russie.
Observation. L’Ukraine voit “tous les sites où la Russie rassemble sur son territoire ces soldats nord-coréens” et pourrait les frapper si elle avait les armes et l’autorisation de les utiliser, a-t-il déclaré samedi 2 novembre. Mais au lieu d’agir, “l’Amérique regarde”. , La Grande-Bretagne regarde, l’Allemagne regarde. Tout le monde attend que l’armée nord-coréenne commence à frapper les Ukrainiens », a fulminé le chef de l’Etat.
L’Allemagne est le deuxième fournisseur d’aide financière à la défense de l’Ukraine après les États-Unis, mais Kiev est agacée par le refus répété du chancelier Olaf Scholz de soutenir son adhésion à l’OTAN et de livrer des missiles à longue portée Taurus, par crainte d’une escalade du conflit. Lundi 4 novembre, sa ministre des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, n’a pas répondu à cette demande de Kiev d’autoriser des frappes profondes en Russie avec des armes à longue portée.
De son côté, le chef de l’administration présidentielle ukrainienne Andriy Iermak, sur Telegram, a également affirmé que des Nord-Coréens étaient présents dans la région de Koursk et que, selon lui, « ils vont mourir ». Dans le même temps, l’armée russe a accéléré ses conquêtes territoriales dans l’est de l’Ukraine où elle a l’initiative depuis un an.
Présidentiel. La Russie a conquis au total 610 km2 de territoire ukrainien en octobre, soit le plus gros gain mensuel depuis mars 2022, selon une analyse de l’AFP lundi, basée sur les données de l’Institut américain d’étude de la guerre (ISW). Sur ce dernier mois, la Russie avance en moyenne de 22 km2 chaque jour, selon cette Source, son rythme le plus élevé depuis juillet 2022.
L’Ukraine attend également avec impatience l’élection présidentielle américaine de mardi, craignant que l’aide militaire ne se tarisse en cas de victoire du candidat républicain Donald Trump face à sa rivale démocrate Kamala Harris. Les Ukrainiens craignent que Donald Trump ne les oblige à négocier avec la Russie dans des conditions très favorables à Moscou.
« Il ne peut y avoir de négociations fondées sur la coercition. Des négociations qui se feraient au-dessus de votre tête et de celle de l’Europe», a assuré lundi Annalena Baerbock, sans évoquer directement M. Trump. « Surtout, aussi triste et amer soit-il, Poutine ne montre aucun signe de volonté de négocier », a-t-elle ajouté.
Barbara WOJAZER
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