« FEn fin de compte, on ne sait pas grand-chose à ce sujet. On entend beaucoup de “sur-dit”.»
Derrière son présentoir, Mary hausse les épaules. Depuis deux ans, elle est propriétaire de la boucherie Félix, située au hameau de La Baronne, à La Gaude. Elle sait qu’un gros projet est prévu dans le coin, mais elle n’en connaît que les contours.
Comme de nombreux commerçants du secteur, elle attend de voir à quoi ressemblera la ZAC, autant qu’elle redoute les travaux.
« Quelles entreprises vont-ils ouvrir ? »
Pour rappel, cette Zac prévue pour le hameau de Baronne annonce l’arrivée de 570 logements, 1 500 m2 des unités commerciales, de nouvelles infrastructures ainsi qu’un agrandissement de l’école [notre édition de samedi]des trottoirs, un nouvel axe routier et une zone piétonne avec une place centrale. Colossal.
Le maire de La Gaude, Bruno Bettati, aime souligner que pour ce projet, ce sont les propriétaires qui ont pu décider à qui ils voulaient vendre.
Pour les traders, c’est une opportunité : « Cela pourrait m’apporter plus de clients, donc c’est une bonne chose »Marie l’admet. Mais la question qu’elle se pose ?
« Quelles entreprises vont-ils créer ? Il faudrait bien un distributeur automatique, une pharmacie… Mais ce projet pourrait redonner de la vie au quartier. Ce serait un plus, car nous sommes un peu excentrés.
Juste à côté de la boucherie Félix se trouve le restaurant Le Cristiano. Tariq et Adrien ont racheté l’établissement en décembre 2023. Ils ne connaissaient pas le futur Zac.
Pour eux, c’est une aubaine : « Nous travaillons beaucoup avec la zone industrielle de Saint-Laurent-du-Var, à midi, développé Tariqmais on voulait commencer à ouvrir certains soirs et ça ne marche pas beaucoup… Une nouvelle construction pourrait nous amener des clients. C’est une bonne nouvelle.
Une appréhension ? “Nous allons maintenant voir si les travaux ne nous impactent pas trop, que ce soit pour l’accessibilité du restaurant ou le bruit, qui gênerait les personnes qui déjeunent en terrasse.”
« Devenir un quartier plus vivant »
Mathieu et Kevin ont repris une unité commerciale située à La Baronne, en juillet 2023, pour ouvrir la boutique Hand Bar. Le concept : un bar restaurant couplé à un magasin spécialisé dans le handball. « On connaissait le futur Zac, le maire nous l’a présenté à notre arrivée, partage Mathieu. Mais c’est vrai que cela reste assez vague.»
Il voit également l’opportunité : « Le soir, ici, ce n’est pas animé. Peut-être que ce quartier deviendra plus vivant. Mais l’inquiétude concernant le travail persiste pour lui aussi. “Nous étions déjà en difficulté l’été dernier, quand ils ont refait les routes pour l’eau.”
Frédéric est le propriétaire de l’Auberge de la Baronne. Il dirige le bar du PMU ainsi que l’hôtel depuis 1989. Il reconnaît : «Ça va redynamiser le quartier, c’est vrai. C’est un beau projet. »
Mais attention : « Nous sommes au cœur du quartier. Nous sommes l’entreprise la plus concernée et potentiellement la plus impactée. Et pourtant, personne n’est venu nous consulter directement. Quand nous en avons entendu parler, nous sommes allés voir le plan du projet sur Internet. Et puis nous avons vu que quelque chose était prévu sur notre parking.
Quand il y a “environ trois ans”, personnes envoyées par le porteur de projet (1) se présente sur le parking de l’Auberge de la Baronne, Frédéric voit rouge et contacte le porteur du projet.
« Sans parking, je suis en faillite ! »
Verdict: « Ils veulent acheter tout mon parking, pour en faire un espace piéton. » Le problème ? « J’utilise ce parking pour les deux commerces, car je loue les murs à côté d’un restaurant. Dans son bail, il a droit à 300m² de parking. Alors que dois-je faire, sans endroit où me garer ? Le stationnement, c’est le nœud du problème pour gérer une entreprise. Ce serait la mort de mon entreprise, je peux faire faillite sans ça !
Selon Frédéric, le maître d’ouvrage ne souhaite pas racheter ses 600m² de bâtiments. Et on lui aurait dit qu’il n’y aurait pas d’expropriation. « Même si c’est toujours un risque… », il craint.
« Dans ce cas, nous nous battrons par tous les moyens. Mais il semble vouloir trouver une solution. On m’a dit qu’au printemps, l’architecte viendrait me présenter une modification du projet.
1. L’établissement public d’aménagement Nice Ecovallée (EPA)
Le maire : “On va tout réaménager là-bas, c’est une chance”
Le maire de La Gaude, Bruno Bettati, estime que l’information est bien passée sur le projet de ZAC, prévu pour le hameau de La Baronne : « Avec toutes les réunions publiques, consultations, etc., les gens ne peuvent pas dire qu’ils n’étaient pas au courant. On ne va pas aller frapper à la porte de chacun pour lui présenter les projets et avoir son avis.»
Le projet avance. « Je regrette juste les délais que nous impose le code de l’urbanisme. Mais deux permis de construire ont déjà été accordés. Le premier pour un immeuble de 65 logements et l’autre, pour un immeuble de 102 logements. Deux autres permis devraient être prochainement accordés.»
La requalification du barreau Marcellin Allo est annoncée pour 2025. “Nous allons également créer une barrière routière pour ne pas encombrer le hameau.”
L’élu se montre, une fois de plus, convaincu par ce projet : «Ça va redynamiser le quartier, c’est bon pour les commerces. Il y aura des unités commerciales, des trottoirs élargis et adaptés. On va tout réaménager là-bas, c’est une opportunité. C’est un projet dans l’air du temps.
Et il rassure les commerçants : “Les travaux seront réalisés par étapes, il ne devrait donc y avoir aucun problème.”
Une nouvelle place à la place du parking
Si de nombreux commerçants attendent avec impatience la naissance du projet, il y en a au moins certains qui s’inquiètent.
La ZAC (ZAC), prévue pour le hameau de La Baronne, dans la Gaude, inquiète Frédéric, propriétaire de l’Auberge de la Baronne et du bar PMU (lire par ailleurs).
Le propriétaire de ce projet colossal ? L’établissement public d’aménagement Nice Ecovallée (EPA).
Pauline Montagnon, directrice de projet à l’EPA, confirme : « En effet, il est prévu d’aménager un espace où se situe le parking de cette entreprise de monsieur. Ce serait l’entrée du quartier, comme une grande place avec de futurs commerces, des espaces paisibles pour les piétons, etc.
Elle soutient : “C’est quelque chose qui a été beaucoup demandé lors des consultations publiques.”
Problème pour Frédéric : sans stationnement, c’est “la mort” de son entreprise. « Nous sommes en pourparlers avec lui depuis deux ans. Nous l’avons déjà rencontré à plusieurs reprises pour en discuter. Nous étudions, nous sommes encore au stade de la réflexion. Nous sommes en train d’évaluer avec lui de combien de places il aurait besoin maintenant et dans le futur. Nous allons travailler ensemble pour trouver des solutions. Aujourd’hui, l’endroit est un terrain vague. On va trouver un bon équilibre, on a déjà des discussions constructives. Ce sera un hameau vivant.
Le démarrage des travaux des premiers bâtiments est prévu pour 2025.