le vertige du contrecoup anti-MeToo

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le vertige du contrecoup anti-MeToo

Publié le 4 novembre 2024 à 8h00mis à jour sur 4 novembre 2024 à 10h07

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Alors que le jury doit annoncer son choix mardi, des femmes au cœur des cas cités par Caroline Fourest, parmi lesquelles Judith Godrèche, Hélène Devynck, Mona Chollet, Anouk Grinberg, dénoncent un livre truffé d’erreurs et témoignant d’une totale méconnaissance des travaux sur le violences sexuelles et basées sur le genre.

Cet article est une chronique, rédigée par un auteur extérieur au journal et dont le point de vue n’engage pas la rédaction.

Considérant que le jury du Prix Femina a sélectionné cette année parmi les finalistes l’essai de Caroline Fourest intitulé « Le Vertigo #MeToo »,

Considérant les nombreux manquements à l’exactitude et à la vérité dans les écrits de Caroline Fourest révélés au fil des années, mais aussi dans ce dernier ouvrage,

Considérant en outre qu’il est erroné que Caroline Fourest, p. 36, évoque “la violence des journaux de Mona Chollet contre [elle] dans « Le Diplomatique » », « pour avoir dénoncé le double discours de Tariq Ramadan »tandis que ce dernier, qui ne lui a jamais consacré une ligne dans ce journal, a critiqué la participation de Tariq Ramadan au Forum social européen en 2003,

Considérant que Caroline Fourest a tort d’écrire, p. 111, qu’Iris Brey, en parlant de « Culture française du viol »faire « comme si la n’abritait que des complices et l’Amérique que des féministes »alors qu’au contraire ce concept, forgé aux Etats-Unis, n’est réellement appliqué à la France que depuis l’essai de Valérie Rey-Robert en 2019,

Considérant qu’il est erroné que Caroline Fourest, p. 131, conteste la déclaration d’Anouk Grinberg “Tous ceux qui ont travaillé avec Depardieu au cinéma savent qu’il s’en prend aux femmes”estimant que “la réalité est toujours plus compliquée”alors qu’il n’est pas possible de réduire à “simple abus de langage” les mains sur les fesses, sur les seins ou sur les parties génitales, parfois en culotte, à la vue de tous,

Considérant qu’il est mal écrit, p. 214-217, que Muriel Salmona serait “psychanalyste”qu’elle aurait été là “thérapeute” de Nadège Beausson-Diagne, que sa pratique relèverait du « thérapie suggestive »et que Caroline Fourest, au prix de confondre psychanalyse du refoulement et psychiatrie du trauma, lui reproche de recourir à un concept autrement inexistant, le « mémoire traumatique refoulée »,

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Alors que, p. 228-234, c’est à tort que Caroline Fourest qualifie la plainte pour agression sexuelle contre le vice-président de la Ciivise de plainte pour viol, à tort qu’elle écrit que, lors de l’examen gynécologique, “selon le plaignant”Louison, le pédiatre expert aurait juste « imité le geste » de l’agresseur, alors qu’on lui a reproché de l’avoir reproduit en demandant à cette victime d’inceste de revivre la scène, à tort car il est écrit que l’accusée aurait été acquittée à l’issue de son procès alors qu’il n’y avait pas eu de procès mais une simple enquête, prétendant à tort que l’avocat du plaignant aurait alors « rejoint la nouvelle Ciivise »ce qui n’a jamais été le cas,

Considérant qu’il est mal écrit, p. 255-256, que Sandrine Rousseau, “tenté de convoiter le chef du parti”aurait utilisé “confidences recueillies sur Julien Bayou” pour l’exclure, alors qu’aucun des deux ne pouvait l’invoquer en raison des statuts de leur parti, et elle saurait « Maniez cette arme de destruction massive de la réputation » quelle est l’accusation de VSS alors que Julien Bayou lui-même l’avait évoquée dans « le Figaro » deux mois avant celui-ci,

Considérant qu’il est mal écrit à la p. 257 que, dans l’affaire PPDA, à l’exception d’une seule affaire, tous ces « les plaintes concernent des faits prescrits et ont donc été classées sans suite »puisque quatre témoignages font état de faits non prescrits et n’ont pas été écartés, que sept autres femmes ont contesté la prescription, dont celle d’Hélène Devynck, et que leurs plaintes sont désormais entre les mains des juges d’instruction,

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Considérant qu’il est erroné que Caroline Fourest, p. 254-256, remet sérieusement en cause la probité et l’intégrité du groupe Egaé et de sa fondatrice, Caroline De Haas, car il semble ignorer l’article 1153-5 du Code du travail obligeant toute entreprise à prévenir les actes de violences sexuelles, notamment à travers la mise en place de systèmes de reporting,

Considérant que Caroline Fourest a tort d’écrire, p. 265-266, que Samuel Theis, suite à une accusation, aurait été “mis à l’isolement par son équipe et le producteur”Caroline Bonmarchand, alors que le protocole a été défini avec toute l’équipe, dont Samuel Theis, et qu’il est faux de dire que le film « difficulté à trouver un distributeur pour la sortie en salles »puisque la société Ad-Vitam ne s’est jamais désolidarisée du film dont la sortie est prévue le 26 mars 2025,

Considérant que Caroline Fourest a tort d’écrire, p. 276-284, à propos de Judith Godrèche, qu’il serait «un monde très vieux que nous disent ses accusations», alors que c’est encore d’actualité, qu’elle insinue que ses parents auraient « habitués à ce troc sordide » avant sa rencontre avec Benoît Jacquot qui, selon elle, aurait « défloré », que c’est mal d’écrire ça « Même ses amis les plus proches ne soupçonnaient pas sa souffrance », tandis que, selon une enquête publiée dans la presse, Caroline Bonmarchand, “sa meilleure amie de l’époque”, se souvient des échanges avec elle autour de ces “sexe brutal”, et une confiance : “Benoît l’avait giflé” qui l’amènent aujourd’hui à témoigner auprès de ceux qui ont le droit d’avoir été, lorsqu’ils étaient enfants, la confidente de Judith Godrèche sur les violences dont elle a été victime,

Considérant que les dialogues du film « Icône du cinéma français » sont cités de manière inexacte, et qu’il est violent d’accuser le réalisateur de « Moi aussi » de ” exposer “ sa fille, selon “répétition automatique”et de prétendre qu’elle serait elle-même aujourd’hui une victime «autres droits de passage»manipulé par « marionnettistes »et de l’opposer à des actrices comme Catherine Deneuve et Fanny Ardant, critiques de #MeToo, qui, de leur côté, « ont fait carrière grâce à leurs talents et à leur tempérament »avant de discuter de « transaction sexuelle » de « des jeunes compétiteurs prêts à tout pour réussir »,

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Considérant que Caroline Fourest, n’ayant jamais contacté aucun des signataires de ce texte pour vérifier ses informations avant de les remettre en cause, n’a pas mené d’enquête journalistique,

Considérant que ces manquements à l’exactitude et à la vérité, qu’il n’a pas été possible d’identifier de manière exhaustive, trahissent un parti pris idéologique contraire à la neutralité affichée,

Considérant que, pour « entendre le point de vue de l’accusé »Caroline Fourest s’est contentée de relayer celle de « Les garçons ont peur de MeToo » et pour consoler “taureaux blessés”et que son essai relève donc de la plaidoirie de la défense,

Considérant que, dans le même temps, Caroline Fourest discrédite trop souvent le point de vue des victimes, comme en témoigne la manière dont, le jour même de la sortie de son livre, elle a traité une auditrice de France Inter, Laurence, elle – voire victime de violences sexuelles et de viol, pour qui semer le doute au nom de la nuance, “c’est totalement nocif”et selon qui il y a « peu de gens ne connaissent pas la différence entre un viol, une agression sexuelle ou un langage inapproprié »plus que “ça commence toujours par une proposition inappropriée”à quoi l’essayiste a répondu « que nous vivons dans une société polarisée où nous n’avons plus le droit de débattre dans la nuance »pour mieux opposer sa « déclaration intellectuelle » à ce « sentiment de victime »,

Considérant que Caroline Fourest, pour qui il existe également un «influence bénéfique»ainsi qu’un « coresponsabilité du bourreau et de la victime »ne sait rien du travail féministe contre les violences sexuelles et basées sur le genre, et qu’elle en parle constamment « des gestes inappropriés » ou même “manque de tact” pour des faits pouvant constituer une agression ou un viol, au mépris du principe qu’il souligne, « Toutes les violences sexuelles ne sont pas égales »,

Considérant que Caroline Fourest, qui condamne le tribunal des médias, loin de s’en remettre à la justice, s’autorise à trancher une affaire avant le jugement ou décide qu’une affaire aurait été « mal jugé »et, sans avoir accès au dossier, incrimine ou disculpe à volonté,

Considérant que la prétention à la nuance est démentie lorsque Caroline Fourest titre un chapitre « La guillotine » ou répète le mot “bûcher”, “médias” ou “célébrités”et va jusqu’à faire une comparaison avec « Le nazisme et l’Inquisition »,

Les signataires concluent que participer en 2024 à la promotion de l’essai de Caroline Fourest, après avoir récompensé « Triste Tigre », de Neige Sinno, en 2023, apparaîtrait inévitablement, dans la lutte contre les violences sexuelles et sexistes, comme un retour en arrière. , Ou contrecoup, et invite donc le jury du Prix Femina à ne pas confondre féminin et féministe.

Signataires :

Par Laurence Berekéducateur spécialisé
Caroline Bonmarchandproducteur
Iris Breyauteur et réalisateur
Mona Cholletauteur
Caroline De Haasmilitante féministe
Hélène Devynckjournaliste, écrivain,
Judith Godrècheactrice, scénariste et réalisatrice
Anouk Grinbergactrice
Louison Lume
Aïssa Maïgaactrice et réalisatrice
Florence Porcelauteur
Sandrine Rousseaudéputé écologiste
Muriel Salmonapsychiatre

 
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