Vous venez de prendre la place de jardinier des Jardins de la Mémoire. Quel est votre parcours ?
J’ai toujours aimé la nature. Je n’aurais pas voulu travailler à l’intérieur. Ainsi, à 16 ans, j’ai passé un CAP, puis un BPA d’ouvrier paysagiste. Formation que j’ai suivi au lycée de Kerplouz, tout proche d’ici. Après, j’ai touché à tout. Groom, cuisinier… J’étais un peu un couteau suisse et mon dernier poste était à l’usine d’incinération de Plouharnel. Mais le domaine que j’aime, c’est l’horticulture. Alors quand j’ai vu l’annonce, j’ai immédiatement postulé.
Vous étiez une dizaine à postuler. Le choix s’est porté sur vous. Selon vous, qu’est-ce qui a fait la différence ?
C’est difficile à dire, mais pour être jardinier ici, il faut certes des compétences techniques, je pense les avoir, mais il faut aussi des qualités humaines. Nous n’entretenons pas les Jardins de la Mémoire comme un jardin ordinaire. Ce lieu a son histoire, ses histoires, c’est avant tout un lieu funéraire où l’on vient prier, il faut avoir un grand respect pour ceux qui sont enterrés ici et pour les proches qui viennent au pied des arbres.
On parle de qualités humaines… Quelles sont les plus importantes à vos yeux pour vos missions ?
Je dirais respect et discrétion. Lorsqu’il y a une cérémonie, vous ne pouvez pas entrer ici comme un chien dans une partie de quilles, en faisant du bruit ou en ignorant les gens. Il faut savoir rester à sa place, trouver aussi un équilibre entre compassion, écoute et conseil.
Certaines personnes viennent presque quotidiennement et me connaissent bien désormais. Il n’est pas rare qu’ils viennent me voir pour me parler, me parler de leur tristesse, ou de l’importance pour eux de venir ici. Ils me demandent également des conseils sur l’entretien, l’arrosage et le choix des plantes. Nous construisons des liens.
Quelles sont vos missions ?
J’ai été embauché à temps plein. Et ce n’est pas trop. J’y suis du mardi au samedi. Je dois entretenir la partie privative du jardin, c’est-à-dire le pied des arbres. Désherber, débroussailler, tondre, tailler la partie des arbres qui se trouve à hauteur des yeux et détecter les faiblesses et les maladies. Les chemins sont du domaine public, ce sont donc les services techniques qui interviennent. Et ça se passe très bien. Nous sommes très complémentaires. Ils sont très réactifs. Dès que je leur fais part d’un problème ou d’un besoin précis, ils arrivent rapidement. Nous avons également repéré des peuplements d’arbres qui ne respectaient pas les règles, notamment parce qu’ils contenaient trop d’éléments minéraux. Les gens nous demandent alors de faire le nécessaire pour être sur la bonne voie, pour être au plus près de la nature. On fait un peu d’éducation et de sensibilisation.
Qu’est-ce qui vous a attiré vers ce poste ?
Justement, ce lien social que l’on construit avec les gens. Certains viennent juste se promener, d’autres pour méditer. Surtout, le lieu lui-même. C’est unique au monde. Imaginez 120 espèces d’arbres, 1 055 arbres sur 4,5 hectares. Le travail est immense, mais aussi très varié. Ici c’est beau et reposant. Il y règne une ambiance qu’on ne retrouve pas ailleurs. C’est une chance.