les animaux ont aussi leur cimetière

les animaux ont aussi leur cimetière
les animaux ont aussi leur cimetière

« Mon père avait des chiens de chasse et ma mère était agitée. Nous bougeions tout le temps, laissant nos chiens enterrés dans les jardins des maisons que nous quittions. J’étais triste et je me suis dit que quand j’aurai des animaux, je les enterrai dans un cimetière animalier”, raconte Françoise Rigaud, vice-présidente de l’association du cimetière animalier Maurice Massonnier, à Beaumont-sur-Lèze, près de Toulouse. Parole tenue.

Ce samedi 1er juin, pour les journées portes ouvertes du cimetière, elle quitte un instant le petit vide-grenier qu’elle organise pour récolter des fonds pour l’association et nous emmène au fond du cimetière, où se trouvent ses cinq chiens et ses deux chats.

On croise des tombes dans le sol ou dans des caveaux, les noms des animaux sont gravés ou tracés au marqueur, Snoopy, Fifi, Clarinette, Brookling, Riquette, avec les dates de naissance et de décès. Parfois accompagnés de jouets ayant appartenu à l’animal, de laisses rouillées blanchies par le soleil, de griffoirs, de statues de chats ou de chiens, de plaques commémoratives avec photos, poèmes et chansons.

90 € par enterrement

L’inhumation coûte 90 €, le cercueil en bois réalisé par Pascal Montagnon, salarié de l’association, entre 40 et 100 € selon le poids de l’animal, puis 60 € par an. “C’est le prix minimum pour permettre à l’association de survivre”, ajoute Jean-Patrick Choyer vice-président. Avec 350 membres et quelques donateurs, elle a juste de quoi couvrir ses dépenses.

Lorsque le propriétaire disparaît et que les descendants ne paient plus la cotisation, les restes des animaux sont regroupés dans une fosse commune. Environ 70 % des personnes qui enterrent leur animal de compagnie dans ce cimetière vivent principalement à Toulouse et ses environs. Les autres viennent parfois de loin comme cette Toulonnaise, attirée par les petits prix de Beaumont-sur-Lèze.

Une des tombes du cimetière animalier de Beaumont-sur-Lèze. Voici Pascal Montagnon, salarié de l’association qui fabrique les cercueils. | MONIQUE CASTRO
Afficher en plein écran
Une des tombes du cimetière animalier de Beaumont-sur-Lèze. Voici Pascal Montagnon, salarié de l’association qui fabrique les cercueils. | MONIQUE CASTRO

Parmi les 800 animaux enterrés, on retrouve principalement des chiens et des chats mais aussi des rats domestiques, des furets, des lapins, des hamsters, des colombes et des oiseaux. « Pas de chevaux, de porcs ou de moutons, la législation française impose qu’ils soient envoyés à l’équarrissage », rappelle Pascal Montagnon. Seul Ourasi, le cheval vainqueur à quatre reprises du Grand Prix d’Amérique, a pu être enterré dans le Calvados.

Une vingtaine de cimetières

Contrairement à ce qui est communément admis, il est interdit d’enterrer un animal, même pesant moins de 40 kg, dans son jardin. Seules la crémation, l’équarrissage ou l’enterrement d’animaux sont autorisés.

“Le rendu!” » Ce mot résonne encore aux oreilles de Françoise Dyssle dont le petit chien est également enterré au cimetière. “Quand j’ai demandé au vétérinaire ce qu’il allait faire d’elle, il m’a répondu : “Madame, tout peut être recyclé””, elle se souviens. Son sang bouillonnait, elle emporta son chien mort et chercha une autre solution.

Il existe une vingtaine de cimetières animaliers en France, le plus ancien étant le cimetière canin d’Asnières, créé en 1899.

Celle de Beaumont-sur-Lèze date de 1968, c’est la deuxième plus ancienne. « Dans un premier temps, Maurice Massonnier enterrait son chien dans son grand jardin. Puis des amis ont demandé s’ils pouvaient aussi y enterrer les leurs. Le cimetière est né comme ça »se souvient Jean-Patrick Choyer.

A la mort de Maurice Massonnier, laborantin un peu marginal qui vivait dans une caravane au contact de la nature, la mairie rachète le terrain qu’elle loue à l’association pour 180 € par mois.

Sous le timide soleil de début juin, des curieux circulent entre les tombes. Lire les paroles d’une chanson de Gilbert Bécaud gravées sur une plaque « Et maintenant, qu’est-ce que je vais faire ? Maintenant que tu es parti ? ». Pascal Montagnon regarde autour de lui, désigne du menton ces tombeaux fleuris ou abandonnés et déclare en souriant : « Ici, il y a des boules de poils, des boules de joie et des boules de chagrin »

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Joe Biden estime que l’immunité de Donald Trump constitue un « précédent dangereux » – .
NEXT Prix ​​du gaz, démarque inconnue, nouveau plan d’économies… Ce qui change au 1er juillet