C’est l’histoire d’un succès grandissant. Dès sa sortie en septembre 1984, « L’Amant » devient l’un des favoris du public et de la critique. En témoigne le passage de Duras aux Apostrophes, de Bernard Pivot. « Cent mille exemplaires en quatre semaines, c’est absolument fabuleux », constate le journaliste littéraire. « Votre sensibilité, qui est très aiguë, très pointue, a-t-elle eu un léger soupçon de cette réussite ? demande-t-il. « Non, non, bien au contraire », répond l’écrivain.
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Mais Duras, à 70 ans, est déjà un écrivain très reconnu. Elle n’espère plus obtenir le Goncourt. Et son éditeur, Jérôme Lindon, le patron des Editions de Minuit, n’y croit pas non plus. « Je suis prêt à prendre tous les paris. Je peux vous dire que Marguerite Duras n’aura pas le prix Goncourt. Si vous me demandez mon ressentiment personnel, je pense que le prix Goncourt à Marguerite Duras aurait plus honoré le prix Goncourt que Marguerite Duras qui n’en a pas besoin», estime-t-il.
“Aucune raison pour qu’ils me le donnent aujourd’hui”
Et pourtant, le lendemain, le Goncourt était attribué à « L’Amant ». Marguerite Duras n’est même pas venue à Paris pour la proclamation. François Gonnet, de France Inter, a réussi à la joindre par téléphone, dans sa maison en Normandie :
– Alors, vous êtes le Goncourt 1984, vous venez à Paris ?
– Non.
– Et le Goncourt, vous l’attendiez ?
– Non. Je n’ai même pas regardé la télé… Il n’y avait aucune raison pour qu’ils me le donnent aujourd’hui, tout comme il n’y avait aucune raison pour qu’ils ne me le donnent pas avant.
Pour souligner la singularité de cet ouvrage, l’éditeur ne l’a jamais sorti en format poche. Pour célébrer ce quarantième anniversaire, les Editions de Minuit publient un numéro spécial de « L’Amant », avec des reproductions de pages manuscrites de l’auteur.