Il y a 20 ans, deux morts dans une usine de feux d’artifice à Pujols

Il y a 20 ans, deux morts dans une usine de feux d’artifice à Pujols
Il y a 20 ans, deux morts dans une usine de feux d’artifice à Pujols

L’entreprise Bugat Pyrotechnie, implantée depuis plus d’un siècle à Villeneuve-sur-Lot, a connu le 1er juin 2004 en fin de matinée un dramatique accident qui a coûté la vie à deux salariés et dans lequel, également, six personnes ont été blessées. . été blessé. Les deux principales victimes étaient en train d’assembler des fusées et des étoiles à partir de 100 kilos de poudre lorsque s’est produite l’explosion, dont les causes exactes seront déterminées par l’enquête en cours. Il était 11h25. L’atelier 9, où travaillaient les deux hommes, a littéralement explosé ; des morceaux du bâtiment ont été retrouvés à plusieurs dizaines de mètres. La dalle de béton sur laquelle reposait l’atelier était même trouée. Les deux corps ont été retrouvés à 20 mètres du lieu du drame.

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Le bilan aurait pu être plus élevé, car dix personnes se trouvaient sur place au moment de l’explosion. De plus, les riverains sont nombreux dans ce lieu situé à flanc de colline, bordé par le périphérique, surplombant la zone industrielle de Villeneuve.

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PORTEFEUILLE – Le 21 septembre 2001, à 10h17, le site de Toulouse est détruit par l’explosion d’un stock de près de 300 tonnes de nitrate d’ammonium. Bilan : 31 morts et quelque 3 000 blessés, 27 000 maisons endommagées, 3 500 commerces touchés ainsi que de nombreux bâtiments publics, dont 120 écoles.

Des hommes expérimentés

Les deux victimes sont le fils du propriétaire de l’usine, Bruno Douezan, 31 ans, habitant Foulayronnes, et Patrick Ouradou, 39 ans, de Castelculier. Ils avaient respectivement douze et cinq ans d’expérience. Les six blessés ont été transportés au centre hospitalier de Villeneuve pour y subir des examens qui permettront de déterminer l’ampleur de l’explosion qu’ils ont subie.

Hier, il était impossible d’accéder au lieu de l’accident. Toute la journée, le sous-préfet, le procureur, les pompiers et les policiers s’y relayaient. L’Inspection du travail et la Direction régionale de l’industrie et de la recherche pour l’environnement mèneront chacune leur enquête, dirigée par le parquet d’Agen.


Le 1er juin 2019, une explosion dans un atelier de production d’un fabricant d’artifices, Bugat Pyrotechnie, a provoqué la mort de deux personnes, le fils du chef d’entreprise et un ouvrier. Six autres personnes ont été blessées. Après avoir sécurisé le site, la police scientifique a accumulé les éléments capables d’analyser l’explosion doublement mortelle.

Archives du Sud-Ouest/Jean-Louis Borderie

Deux précédents

Les établissements Bugat ont été créés à Villeneuve-sur-Lot à la fin du XIXème siècle. Au fil des années, ils ont acquis une certaine réputation dans la pyrotechnie française. Ils furent longtemps installés rue des Vignes, en bas de Pujols. Déjà dans les années 1930, une explosion s’y produisait, provoquant la mort d’un riverain.

Dans les années 1970, en même temps que se déroulait le salon aéronautique de Rogé, une autre explosion ébranla une nouvelle fois l’entreprise et blessa son patron, Pierre Bugat. C’est après cet accident que l’entreprise a été incitée à déménager sur son site actuel, au lieu-dit La Sylvestrie-Est. C’était en 1976.

À l’époque, le quartier était peu habité, même si le château de Sylvestrie, dont les fenêtres et les encadrements de portes ont beaucoup souffert de l’explosion d’hier, est là depuis le XIIIe siècle. Aujourd’hui, les logements sont nettement plus nombreux même s’ils sont tous, sauf celui de Solange Douezan, au-delà des 150 mètres réglementaires prévus pour cette entreprise de type Seveso 2.

En mars 1999, Bugat Pyrotechnie a demandé une extension du périmètre de son site et une modification de ses installations pour augmenter les possibilités de stockage. Une extension soumise à enquête publique depuis 2002.

Il s’agit de la deuxième explosion en quelques jours dans l’un des sept sites classés Seveso 2 du Lot-et-Garonne. Le 27 mai 2019, deux opérateurs ont été légèrement blessés dans l’usine Clariant LSM de Bon-Encontre, spécialisée dans la fabrication de principes actifs destinés à l’industrie pharmaceutique.

Réactions du quartier au lendemain de l’explosion

Après l’explosion qui a coûté la vie à deux salariés, dont le fils du chef d’entreprise, les riverains se mobilisent et s’inquiètent.
Vingt-quatre heures après le drame qui a coûté la vie à deux salariés de l’usine pyrotechnique Bugat Pyrotechnie et blessé six personnes, l’émotion était toujours forte et palpable parmi les habitants du site classé Seveso 2 situé sur les coteaux du lieu-dit « Sylvestrie Est » surplombant le périphérique de Villeneuve-sur-Lot.
Parmi les habitants les plus proches du site figure l’ancien maire de Pujols, Guy Rey. « Nous vivons ici depuis 33 ans. Lorsque, suite à l’explosion de juillet 1975, les établissements Bugat ont quitté Villeneuve pour s’installer ici, contrairement à d’autres, je ne m’y suis pas opposé. Ce type d’entreprise, qui représente des emplois, doit pouvoir survivre. Mais aujourd’hui, j’aimerais vraiment qu’elle déménage. J’ai trop peur ! Ce n’est pas la première fois que nous subissons une explosion majeure. C’était déjà le cas en octobre dernier. Ma femme et moi étions dans notre cuisine quand soudain nous avons senti une forte explosion suivie d’un grand boum qui nous a fait descendre de nos chaises. Par la suite, je me suis rendu compte que ma voiture avait été complètement endommagée par des impacts de pièces métalliques et j’ai dû faire refaire la carrosserie de mon véhicule », raconte Guy Rey.
Comme un accident d’avion. Il n’en demeure pas moins que, jusqu’à mardi midi, il n’avait jamais entendu une explosion d’une telle puissance. « J’étais devant mon poste de télévision quand tout d’un coup tout s’est mis à trembler. On ne peut pas le dire, c’était tellement puissant. Nous pensions que nous allions nous envoler. Sa femme, Mireille, ajoute. “Je pensais que c’était un avion qui venait de s’écraser à flanc de colline.”
Sous la violence de l’explosion, la porte d’entrée de leur maison a été tordue et les fenêtres ont été brisées, tout comme celles de la cuisine, tandis que le lustre situé dans leur chambre, au premier étage, s’est détaché du plafond. « Aujourd’hui, je suis choqué, abasourdi. on commence à saturer», reconnaît Mireille Rey.
La sécurité en question. Des propos corroborés par Bernard Bugat. Le fils de l’ancien propriétaire des lieux. Qui depuis sept ans, avec sa femme et ses deux jeunes enfants, réside dans une propriété attenante au site pyrotechnique. « Nous ne vivons pas tous les jours dans la peur, mais dans l’appréhension. D’autant qu’à mes yeux, toutes les mesures de sécurité exigées pour un tel site ne sont pas forcément respectées. Quand on sait que les automobilistes, les promeneurs et même les écoliers empruntent régulièrement et quotidiennement le sentier de randonnée qui longe le site, cela nous donne des frissons », raconte le jeune papa.
Pour illustrer ses propos, on a pu constater hier que des amas de gravats et ferrailles de toutes sortes jonchaient le sol sur une bonne centaine de mètres de longueur et une dizaine de mètres de largeur, témoignant de la violence de l’explosion qui a coûté la vie au fils de le propriétaire de l’entreprise, Bruno Douezan, 31 ans, et un autre salarié, Patrick Auradou, 39 ans, habitant Castelculier.

Sept sites Seveso dans le département

Il existe sept entreprises classées Seveso dans le Lot-et-Garonne. Bugat Pyrotechnie à Villeneuve et, dans la même catégorie d’activité, ATPM à Frespech. L’usine Clariant de Bon-Encontre et sa jumelle située à Tonneins. Puis les immenses dépôts De Sangosse, à Pont-du-Casse (stockage de produits agro-pharmaceutiques et de carburants), Sobegal à Nérac (stockage et conditionnement de gaz liquéfiés inflammables) et, depuis 2003, l’entreprise Gruel-Fayer à Estillac (gaz dangereux entrepôts de produits).
Autrefois, la verrerie de Vianne était également classée Seveso (car elle stockait certains dérivés de l’arsenic entrant dans sa fabrication) et Terres du Sud à Sérignac-sur-Garonne (pour ses stocks d’ammoniac). Mais ils ne le sont plus, les stocks en question ayant été éliminés ou considérablement réduits.
La classification Seveso repose en effet sur le stockage de produits soit toxiques, explosifs ou comburants… selon les quantités stockées. Selon la nature des substances dangereuses, il existe des « seuils bas » et des « seuils hauts » pour le stockage.
La classification Seveso induit une surveillance administrative sous la forme notamment d’« études de danger » qui analysent les risques et proposent les mesures à prendre pour les limiter. Les sites Seveso disposent également d’un « SGS », système de gestion de la sécurité, sorte de protocole interne de fonctionnement, qui, entre autres contrôles, est vérifié au moins une fois par an, explique Thomas à la DRIRE. Joindot, chef du service régional de l’environnement industriel.
Quant aux PPI (Plans Particuliers d’Intervention) et aux PSS (Plans d’Urgence Spécialisés), ils sont mis en place à l’initiative de la préfecture mais concernent uniquement les protocoles d’intervention à adopter… lorsqu’un accident survient.

 
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