L’ancien président s’est posé en victime au lendemain du verdict. Il fait appel.
“Je gagne l’élection présidentielle et je suis bâillonné.” Donald Trump s’est une nouvelle fois posé en victime vendredi, au lendemain du verdict rendu par les 12 membres du jury du tribunal de New York qui a fait de lui le premier ancien président des Etats-Unis condamné dans un procès pénal.
Le magnat de l’immobilier de 77 ans a été reconnu coupable des 34 chefs d’accusation dans l’affaire de falsification de documents, dissimulant le paiement de 130 000 $ à l’ancienne actrice porno Stormy Daniels, afin qu’elle garde le silence sur une liaison extraconjugale.
Il dénonce un « procès truqué » et a fait appel. Désormais, le juge Juan Merchan, qui prononcera sa sentence le 11 juillet, se trouve confronté à un choix crucial : condamner ou non le candidat républicain à la présidentielle à une peine de prison.
Ira-t-il en prison ?
C’est peu probable dans ce cas, mais pas impossible. Théoriquement, Donald Trump risque quatre ans de prison. Mais dans l’État de New York, les peines de prison pour falsification sont rares.
« Ce n’est pas le genre de cas dans lequel on pourrait s’attendre à ce qu’un primo-délinquant en col blanc soit condamné à une peine de prison. », explique l’avocat new-yorkais Andrew Weinstein. Selon six avocats interrogés par Reuters, des sanctions d’amendes, de probation avec sursis ou de travaux d’intérêt général sont applicables pour ce type d’infraction.
Le juge Juan Merchan pourrait toutefois prendre en compte l’absence de remords de Donald Trump et la gravité des accusations en raison de leurs liens avec l’élection de 2016. Mais “pour lui, l’enjeu est politique, pas judiciaire”souligne l’ancien ambassadeur américain Jeff Hawkins, maître de conférences à Sciences Po et chercheur à l’Iris.
Quel impact ?
Donald Trump peut être candidat à l’élection présidentielle du 5 novembre quelle que soit la sentence prononcée. Même une éventuelle incarcération ne pourrait l’empêcher de redevenir président le 20 janvier 2025 en cas de victoire contre Joe Biden.
« Rien ne l’empêche de se présenter et la grande majorité de ses partisans voteront pour lui malgré ce jugement », résume Jeff Hawkins. Ce verdict pourrait cependant avoir une influence sur les plus modérés de son camp et les indécis.
Selon un sondage Reuters/Ipsos publié vendredi, 10 % des républicains et 25 % des indépendants se disent désormais moins susceptibles de voter pour lui, mais, parmi ces derniers, 18 % sont plus enclins à le soutenir. Selon les analystes, ce verdict pourrait avoir un effet sur des votes serrés dans certains Etats clés (Swing States).
“Cette conviction aura certainement un impact, mais il faut rester (très) prudent, poursuit le chercheur. Le contrôle de Trump sur le Parti républicain reste total et les multiples accusations et scandales n’ont quasiment eu aucun impact sur l’enthousiasme du monde Maga pour leur candidat. De plus, Trump a préparé son électorat longtemps à l’avance à ce verdict, affirmant que le processus était corrompu. »
Donald Trump a fait de son procès une tribune puissante, multipliant les conférences de presse, et tente désormais de galvaniser ses partisans avec ce jugement.
Un défi pour la démocratie
Au-delà, “qu’il soit élu ou défait, les enjeux pour notre régime constitutionnel sont énormes, observe l’ancien ambassadeur Hawkins. Trump a démontré à maintes reprises qu’il n’a aucun respect pour nos normes démocratiques. Il n’a pas accepté les résultats des élections de 2020 et s’il ne gagne pas en novembre, ni lui ni ses partisans n’accepteront la décision de l’électorat américain.
Il représente un “menace” Pour “démocratie”, Joe Biden a insisté vendredi. Condamné pénalement, associé à une tentative de coup d’État, mis en examen dans trois autres affaires, le milliardaire reste néanmoins plébiscité par les sondages et largement soutenu par son parti.
Un scénario sans précédent avec une issue inimaginable dans cette démocratie fracturée.
