Puisqu’à New York, 12 jurés tentaient de se mettre d’accord, on n’a pas pu s’empêcher de repenser aux 12 hommes en colère de Sidney Lumet. Est-ce que l’un d’entre eux dans la salle allait faire douter les autres ?
Cette affaire Trump a mobilisé de grands avocats, a impliqué des milliers de dollars, a été scrutée de la Maison Blanche à la Cour Suprême et finalement tout dépendait d’eux. Sept hommes, cinq femmes, mariés ou non, banquiers, enseignant, agent de sécurité ou orthophoniste, bref des gens ordinaires. Il leur fallait « juste » dire si l’accusé était coupable ou non. Mais même enfermé, sans téléphone, à moins d’avoir été jusque-là ermite, comment se débarrasser du poids d’une affaire hors du commun ? Juger un ancien Président qui se présente à nouveau, si sulfureux que son retour pourrait déchirer à nouveau son pays et ébranler le reste du monde ! C’est ce qu’on appelle avoir une légère pression sur les épaules.
Ces dernières années, ils ont peut-être pensé que, que Trump ne les regardait pas ou non, ils ne pouvaient rien y faire. Ou le contraire, qui sait. Un peu comme chacun se positionne lors d’une élection : en se passionnant ou non pour un candidat, en étant sûr de son choix ou en s’abstenant parce que « mon vote ne comptera pas ». Là, autour d’une table, ils ont eu la preuve que leur voix, celle des anonymes, pouvait et aurait du poids. Il fallait qu’ils se décident et sans colère, leur avait rappelé le juge. Alors, quelle a été leur première demande ? Faites-vous réexpliquer la procédure judiciaire et réécoutez les témoignages. Un réflexe que nous devrions tous avoir, pas seulement aux USA et pas seulement devant les tribunaux. Parce que c’est comme ça qu’une décision devient légitime. Comme celui de déclarer, sans colère mais sans trembler, Donald Trump coupable.
