Craignant le pire pour l’avenir de son pays en cas de retour de Donald Trump à la Maison Blanche, une démocrate s’apprête à fuir les États-Unis en immigré au Canada.
« S’il gagne, c’est simple : je quitte ce pays. Ce personnage sera dévastateur pour les États-Unis. J’irais au Canada si je le peux ou dans tout autre pays qui n’a pas de dictateur comme lui », déclare d’emblée Connie Jenkins en parlant de l’ancien président américain Donald Trump.
Comme elle, de nombreux Américains commencent à réfléchir à des options qui pourraient leur permettre de fuir le pays si le résultat de l’élection ne leur convient pas, du côté des républicains comme des démocrates, selon plusieurs articles de la presse américaine. Certains médias proposent même des listes des meilleurs endroits pour s’évader, citant notamment le Mexique, le Panama ou le Costa Rica.
C’est à Sarasota, sur la côte ouest de la Floride, que La Revue rencontré cette infirmière de 55 ans. Elle est l’une des rares partisans de la candidate démocrate Kamala Harris dans l’État à afficher un autocollant sur sa voiture.
A quelques jours de l’élection, cette Floridienne ne comprend pas à quel point ses concitoyens sont aveuglés par le personnage que représente Donald Trump.
« Son objectif est clairement de diriger une dictature dans ce pays. Il a dit que nous n’aurons pas à voter dans quatre ans. Il veut nous enlever le droit de vote», explique la femme aux cheveux grisonnants qui refuse de voir la démocratie disparaître aux Etats-Unis.
L’ex-milliardaire avait affirmé en décembre 2023 que s’il était élu, il serait “dictateur”, “juste le premier jour” de son mandat, notamment pour fermer les frontières. “Après cela, je ne serai plus un dictateur”, a-t-il assuré. Puis, en juillet dernier, il a déclaré lors d’un rassemblement électoral après avoir invité ses partisans à aller voter : « Dans quatre ans, vous n’aurez plus à voter, nous allons arranger ça si bien. [le pays] que vous n’aurez pas à voter.
De plus en plus de rouge
Au cours des dernières décennies, la Floride était considérée comme un État charnière dans l’élection présidentielle, c’est-à-dire un État susceptible de faire basculer les résultats de l’élection. En 2008 et 2012, ce sont même les démocrates qui ont remporté l’État, tandis qu’en 2016 et 2020, Donald Trump les a repris.
“J’ai vraiment du mal à être dans un état rouge [État républicain]. Ici on ne se bat pas pour ce qui est important, comme on se bat dans un état bleu [État démocrate]», dénonce-t-elle, citant notamment le droit à l’avortement comme une bataille perdue dans cet Etat conservateur.
Formulairemoi Jenkins, si le « Sunshine State », comme on l’appelle aux Etats-Unis, vire de plus en plus au rouge, c’est notamment à cause des touristes fortunés qui immigrent et votent.
« Cela change tout pour nous et ce n’est plus juste. Donald Trump et son parti ne pensent pas à nous, la classe moyenne», poursuit-elle.
« J’ai honte que nous puissions élire une fois de plus un criminel qui n’a rien d’un président », dit-elle à propos de l’homme qui a été reconnu coupable d’accusations criminelles en mai dernier.
Espoir
M.moi Jenkins, qui espère que sa mère acceptera de l’accompagner au Canada si Trump gagne, espère toujours que Kamala Harris deviendra la première femme de couleur à devenir leader du pays.
« C’est passionnant, j’ai encore du mal à croire qu’une femme puisse accéder à ce poste. C’est très inspirant pour les femmes et toutes les personnes de couleur qui, il n’y a pas si longtemps, étaient des citoyennes de seconde zone et des esclaves dans ce pays”, se souvient M.moi Jenkins.