Cette piste s’est glissée pour la première fois dans un rapport du Sénat publié discrètement fin septembre. Objectif : supprimer un jour férié, avec une journée de travail non payée aux salariés – mais imposée au profit des EHPAD.
Puis Gérald Darmanin s’en est emparé. Puis, ces derniers jours, trois ministres ont jugé l’idée intéressante. Et enfin, hier, l’ancienne Première ministre Elisabeth Borne l’a soutenue devant le groupe parlementaire macroniste. Ça commence à compter. Mais désormais, on ne parle plus des EHPAD. Ce serait une manière d’éviter les économies que le gouvernement souhaite réaliser sur les aides aux entreprises qui emploient des travailleurs au salaire minimum.
Concrètement, personne n’ose dire s’il faut renoncer au 8 mai, au jeudi de l’Ascension ou au 11 novembre. Mais le débat explosif est lancé.
Michel Barnier se laisse faire : il n’est pas contre, mais estime que si les parlementaires veulent revoir sa copie budgétaire, ils doivent gérer et prendre leurs responsabilités.
Il y a un précédent, qui a été un fiasco
Il s’agit de la suppression, en 2003, du lundi férié de Pentecôte. C’était après une canicule qui avait fait 15 000 morts parmi les personnes âgées, et il fallait financer un plan. Une taxe a en effet été créée, payée par les entreprises. Mais la journée de travail supplémentaire n’a pas vraiment été mise en œuvre. En tout cas pas partout, et pas durablement pour une raison simple : Jacques Chirac avait décidé que les écoles et les crèches resteraient fermées. Comment travailler dans ces conditions ? Flottement, échec. Cela restait simplement une taxe.
Est-ce différent aujourd’hui ? Le contexte a changé. Nous pouvons clairement voir que notre État-providence fuit partout.
Nos prélèvements et nos déficits sont à des niveaux plus élevés qu’ailleurs – sans que les Français soient satisfaits des services rendus. Quelques failles dans le racket fiscal peuvent être comblées ici et là, afin que les efforts soient mieux partagés. Mais cela ne suffira pas à financer les 200 milliards d’euros de dépenses supplémentaires (inflation déduite) ces dernières années.
Travailler plus ?
Il n’y a donc que 2 solutions pour ceux qui veulent garder le même modèle social : tout le monde cotise davantage et paie plus d’impôts. Ou que la France travaille davantage collectivement.
Quand on prend le nombre total d’heures travaillées en France divisé par le nombre de Français, on arrive à 663 heures par an et par Français. Il s’agit du niveau le plus bas des 35 pays développés, et de loin. C’est intenable. Eh bien, il existe 10 façons de résoudre ce problème, et la suppression d’un jour férié n’est que l’une d’entre elles. Bien sûr, il ne serait pas question de travailler gratuitement, il faudrait que ce soit gagnant-gagnant : plus de revenus, plus de production et plus de financement pour nos systèmes sociaux.
Mais tout cela est tellement explosif que nous ne parions pas ici beaucoup sur ce scénario.
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